3 février 2016
Pour commencer, il faudrait que l’élite indépendantiste cesse de faire mijoter des plats de stratégies politiques qui encombrent la compréhension de la nature de l’indépendance politique du Québec. Le public est mûr pour voir se lever une véritable opération d’envergure en vue de chauffer l’idée d’indépendance sous tous ses aspects : politique d’abord, économique et culturel.
Ce travail ne peut se réaliser que par «une déconnection démocratique (2)» du Canada-Anglais en vue d’assumer son propre agir collectif national. Cette fin-en-vue mérite d’être exposée au public du Québec du Sud au Nord et d’Est en Ouest sur le territoire du Québec. Le Parti québécois, entre autres, doit prendre la pole de cette offensive nationale. Adressez-vous à tout le monde. Ayez une pensée commune de l’indépendance politique. Ne craignez pas, vos adversaires vont se charger de vous accuser de fixisme ou d’idée fixe. Ne lâcher pas la proie pour l’ombre. Un discours nouveau doit apparaître clairement dans l’espace public. Sur ce point, le général De Gaulle avait bien raison de déclarer à Montréal, le 26 juillet 1967, ce qui suit :
«C’est par vous, c’est pour vous,
que, chez vous,
doit être fait ce qu’il faut…»
(Cf. http://vigile.net/archives/ds-deshaies/docs/02-4-18.html)
Dans un premier temps, le PQ devrait assumer, en priorité, ses responsabilités en tant qu’Opposition officielle à l’Assemblée nationale. Il devait aussi communiquer avec toute la population québécoise ses positions sur l’enjeu majeur qui préoccupe l’État du Québec (3). Le gouvernement Couillard doit sentir clairement que le vent de changement lui souffle dans le cou. Que cet objectif, il ne pourra pas l’occulter.
L’Institut de recherche sur l’indépendance a le droit de faire des recherches sur la nature de l’idée d’indépendance dans le monde. La preuve tangible en est dans l’augmentation, depuis 1945, du nombre de nouveaux États souverains reconnus par l’ONU. Le Québec comme État de droit est légitimé de prendre position selon son désir collectif. Cette étude vaut autant que toute la propagande organisée par les pays indépendants qui ne voient le salut du monde que dans le fédéralisme. Le Canada est l’un de ceux qui, dans le monde, s’en occupe activement d’une manière exceptionnelle.
L’État québécois sous-estimé ou surestimé pose, dans les deux cas, un problème majeur. D’une part, la sous-estimation provincialise encore plus le rôle du gouvernement du Québec et, d’autre part, la surestimation de l’État du Québec entraîne inévitablement au sein de la fédération pancanadienne une confrontation intra-étatique qui se solde, généralement, par des gains en faveur d’une plus grande centralisation fédérale. Comme l’avait déclaré Louis Stephen Saint-Laurent, en 1955, «La Province de Québec est une province comme les autres». Deux générations plus tard, c’est toujours la même logique qui s’applique dans la politique canadian/canadienne (bilinguisme oblige).
Le fait est historiquement connu, car il a été conçu de longue date par le Canada britannique. On peut même remonter à la Royal Proclamation de 1763 en vue d’établir une population britannique. Cette idée devait s’incarner dans une Assemblée dominée par une majorité britannique. Si bien que l'historien Maurice Séguin n’hésite pas à écrire : «Notons au passage que la constitution prématurée de 1763 réapparaîtra, en 1840, avec l’Union Act. (p. 40)» L’histoire se continue : «L’union fédérale de 1867 n’est que l’union législative de 1841 améliorée : elle contribue à consolider la prépondérance britannique dans l’exercice des grands pouvoirs. […] [Le] Canada-Français, en 1867, remonte légèrement vers une annexion mieux délimitée dans une union fédérale de type très centralisé. [p. 388 et 389 (4)]» Enfin : «Cette autonomie politique [de 1867] est absolument impuissante à conduire les Canadiens-Français à une maîtrise suffisante de la vie économique de l’État provincial qu’est le Québec. (p. 402)»
En 2016, cette situation est identique à celle de 1867. Aucun changement sinon la consolidation de l’unification politique, économique et culturelle de l’unité canadienne. (Ce que les fédéralistes appellent avec condescendance le «fédéralisme évolutif».) En fait, notre sort collectif n’a que les apparences de gains ou d’améliorations. Le statu quo ante amélioré prévaut sur le status de l’État provincial du Québec.
Les indépendantistes doivent considérer leur passage de la situation d’une nation annexée à celle d’une nation indépendante. Franchir ce cap, c’est admettre que les relations entre le Québec et le Canada ne seront plus celles d’une nation en état de subordination à un État central mais dans une nouvelle posture politique de relation d’égalité selon des rapports d’infériorité et de supériorité de voisinage. Fini les relations de subordination sur place et de superposition par un autre État souverain qui nous place en état de nation annexée. Cependant, être une nation satellite serait préférable à la situation actuelle. Voici comment Maurice Séguin explique cette situation :
«Être une nation satellite est plus avantageux que d’être une province car théoriquement il s’agit d’un État souverain et distinct. Il y a un État national, des frontières, une armée, une monnaie nationales…»
Cette situation doit faire partie des études sur la souveraineté du Québec dans le monde.
Entre-temps, il va bien falloir s’interroger et s’entendre sur les raisons fondamentales de la création de l’Institut de recherche sur l’indépendance, car ce sont les bases mêmes d’un État souverain et d’une nation indépendante. La constitution canadienne et toutes ses institutions fédérales en tant que telles ou même réformées (si cela est possible), ne changeront pas d’un iota les principes de la dynamique de toutes les sortes d’unions fédérales (que le régime soit TRÈS centralisé ou PEU centralisé). L’INSTITUT n’a pas le choix, ses membres auront à saisir le problème dans l’optique indépendantiste. C’est dans cet esprit que je posais la question sur Vigile dans deux de mes chroniques.
En 2000, la question du conflit politique entre deux nationalismes
Chronique de Bruno Deshaies, 22-06-2000.
En 2002, je posais la question sur la création d’un Institut.
«À quand la création d’un Institut international québécois consacré à l’étude de l’indépendance des peuples et des nations dans le monde ?» (Chronique de Bruno Deshaies, 32-01-2002. )
Voulons-nous faire d’abord l’indépendance politique du Québec ?
La suggestion a soulevé un degré de scepticisme très élevé. Les souverainistes n’en n’avaient garde. Il fallait l’occulter, la repousser et s’ingénier à inventer toutes sortes de prétextes pour la rejeter. Voilà qu’un Chef du Parti québécois croit que la création d’un Institut serait nécessaire. Malheureusement, en ce moment, on met beaucoup de temps à concrétiser le projet. Il y a beaucoup d’obstacles de toute nature. Mais encore faut-il savoir ce que l’on veut faire ? Voulons-nous faire d’abord l’indépendance politique du Québec ? Le problème me semble certainement de ce côté-là.
En 2007, UN DÉBAT TRÈS RÉVÉLATEUR sur notre pensée politique
Raymond Poulin, «Un coup de sang.»Dans Vigile.quebec samedi 20 octobre 2007. 1332
visites + 31 messages (2016-02-01 23:58)
«Lorsque je réalise à quel point mes étudiants, après douze ou treize années d’école, ont été décervelés, "décitoyennisés", "déshistoricisés", "déculturisés", tenus dans l’insignifiance intellectuelle, formés à la rectitude politique, aux idées reçues et aux sentiments simplistes, je suis presque saisi d’effroi. Ce sont après tout les générations d’un peuple qui n’a jamais réglé la question de son existence, ce qui les rend d’autant plus vulnérables parce que malléables.»
«Voilà tout de même quelques années que l’idée de ce centre d’opinion est promue, notamment par Bruno Deshaies. Or, à ma connaissance, ce centre, nommé parfois Chaire ou Institut de l’indépendance du Québec, n’est toujours pas en activité et ne semble même pas encore exister. Pourquoi ?» (Commentaire de Raymond Poulin, 24 octobre 2007 14H01. Lire un extrait en ANNEXE.)
En effet, POURQUOI ?
Il faut consulter ce débat pour constater à quel point notre pensée politique est mêlée. Elle l’est tellement qu’elle occulte même ses habiletés de censeur. N’essayer pas d’écrire un texte sur les bases de l’action politique qui mettraient en cause un processus ou un chemin critique qui mettrait à part la fameuse «croisée des chemins».
Aucun éditeur n’a pu me donner une réponse positive pour mon manuscrit sur Treize leçons sur l’indépendance et l’interdépendance. Indépendance POLITIQUE du Québec. En ce qui concerne l’immense travail de réflexion et de recherche de Maurice Séguin sur son approche «de deux nationalismes au Canada» et du conflit politique, économique et culturel, il fut impossible de faire bouger le Doyen de la Faculté des Arts et des Sciences (FAS) de l’Université de Montréal et ENCORE MOINS le Département d’histoire de l’université malgré toute la réputation du travail historique accomplit par le professeur Séguin. Donc, le projet d’édition de son manuscrit Les Normes. Une approche universelle de la Grande histoire, a été refusé (pour ne pas dire rejeté) par des universitaires de la FAS (dont on ne peut connaître les noms) et pire encore par un corps professoral du Département d’histoire sclérosé dans un rejet de l’École historique de Montréal des années 1950-1980 qui a su permettre un développement de la science historique au Québec et pour toute la société québécoise ainsi qu’à ceux et celles qui gagnent aujourd’hui leur vie comme professeur(e)s au Département d’histoire de l’Université de Montréal. Devant une telle levée de boucliers, Les Presses de l’Université de Montréal (PUM) ne pouvaient donc rien faire en soulevant toutes sortes de problèmes techniques mais rien quant à la substance. Pour terminer sur cette saga, même la maison Guérin Éditeur n’a pas perdu de temps pour pilonner tous les ouvrages de la «Bibliothèque d’Histoire» sous la direction d’André Lefebvre.
Pourquoi pensez-vous que ce projet d’édition a été rejeté ? Il paraîtrait que ce serait pour des raisons méthodologiques. J’aimerais signaler ici que mon ouvrage de Méthodologie de la recherche en sciences humaines édité chez Beauchemin, en 1992, est toujours disponible aux Éditions de La Chenelière et que je reçois encore, en 2015, des droits d’auteur pour des photocopies de ce livre. Il a même été traduit en portugais, en 1997, suivi d’une réimpression, en 1998, puis réédité en 2008.
La question n’est pas méthodologique, elle est historiographique. La très grande majorité des historiens au Québec ont choisi d’autres objets d’études historiques. Ils ont abandonné l’histoire récente aux autres disciplines (p. ex. : science politique et sociologie, pour ne nommer que celles-là). Le passé (lointain) aux historiens et l’histoire récente aux sciences sociales. Le Passé dans le Passé ! Si le Présent est un élément du Passé, pourquoi le Futur ne serait-il pas compris dans le Passé et le Présent ? Toutefois, un historien conscient de la complexité du réel historique ne peut tomber facilement dans le déterminisme absolu. Cependant, malgré l’action de l’homme, les redressements de situation ne dépendent pas uniquement de l’intelligence et de la volonté. Des forces latentes existaient pour justifier ces redressements. Toutefois, la lente maturation est la règle générale.
C’est triste à dire mais cette situation est manifestement un cas de figure d’intolérance et de parti-pris. Cette intelligentzia prive la communauté nationale québécoise d’une connaissance historique qui pourrait faire mieux comprendre la situation politique que vivent péniblement et les individus et la société québécoise. Le site Internet Vigile en est l’illustration tangible de notre grand malaise national. C’est le miroir de notre situation collective de nation annexée.
PENDANT CE TEMPS, QUE FAIT L’ÉTAT CANADIEN.
Si l’État canadien par ses gouvernements successifs s’assurent de défendre la formule politique du fédéralisme à notre corps défendant, pourquoi les indépendantistes perdent-ils leur temps à contrecarrer la possibilité d’un centre de recherche sur l’indépendance dans le monde ?
En juin 2014, je me suis permis d’envoyer ce message à Paul Arcand :
Message à Paul Arcand, 98,5 FM Envoi : 2014-06-16 10:26
Entrevue avec Mario Beaulieu ce matin. La question qui me turlupine concerne cette notion d’idéologie à sens unique accolée au concept d’indépendance pour une collectivité nationale. Que dire maintenant de tous les efforts que font les gouvernements souverains pour défendre
(1) leur indépendance nationale et
(2) pour asseoir leur impérialisme qui est l’assise de la nation au sens étatique, juridique. C’est le cas, entre autres, du Canada.
Or toutes ces nations, au sens étatique, juridique, ne se privent pas pour dépenser des sommes considérables à la défense de leur idéologie nationaliste profédéraliste. La chronique qui suit en fait la démonstration. Ne serait-ce que de mentionner le «Forum des fédérations. Le réseau mondial sur le fédéralisme» où le gouvernement du Canada est très actif financièrement et en ressources humaines. En voici un bref aperçu :
Indépendance nationale du Québec 415
Ce peuple de la Nouvelle-France peut-il cesser de vivre en permanence comme une nation annexée ? Seule la conscience nationale des Québécois peut répondre à cette question.
Chronique de Bruno Deshaies
Vigile.net, vendredi 16 mai 2014 Source :
Visites : 1991 + 2 messages 2014-06-16 2259 2016-01-22 15:47 2269 2016-02-03 14:46
MISE À JOUR DES NOTES (16 mai 2014)
(N. B. Une reprise de la Chronique 026 (28-09-2000) http://www.vigile.net/archives/ds-deshaies/docs/00-6-22.html)
+++
En 2016, QUE FONT LES INDÉPENDANTISTES ?
Ils discutent de stratégie. Ils se crêpent le chignon sans arrêt (cf. infra ANNEXE). Ils règlent des comptes entre eux ou avec leurs adversaires. Ils tergiversent sur le besoin essentiel d’un Institut de recherche sur l’indépendance du Québec. Faut-il reprendre le débat de 2007 avec Raymond Poulin (cf. supra)?
Deux hyperliens à visiter :
• Indépendance : pour ou contre?
LE SOUVERAINISTE QuébécoisSes contradictions, ses hésitations et ses aspirations
Chronique de Bruno Deshaies
Vigile.net 31-01-2002
Consulter le 25/01/2016 15:29
• Indépendance : pour ou contre?
POSITION 2 : L’INDÉPENDANCE, EST-CE UNE VOIE POSSIBLE ?
0.1 L’indépendance contre le fédéralisme
Chronique de Bruno Deshaies
Vigile.net 28-9-2000
Consulter le 25/01/2016 15:32
Lecture suggérée en guise de conclusion
Pierre MARCHAND , «L’objectif doit être absolument clair.» Vigile.quebec Actualité Tribune libre 23 mai 2003 .
«Or, si l’idée de souveraineté régresse et n’arrive plus à avancer depuis 1995, c’est qu’elle est toujours encombrée de toutes sortes de variantes qui nous empêchent de la voir dans toute sa clarté.»
ANNEXE
"Coup de sang" (Raymond Poulin)
EXTRAIT
«Le souci du réel»
Qu’il y ait discussion sur les moyens de parvenir au but va de soi. Mais, le plus souvent, il ne s’agit pas d’une discussion, il s’agit d’un combat entre idées arrêtées, sans souci du réel. Or le réel inclut, par exemple, la géopolitique, la diplomatie internationale, l’état actuel des pratiques possibles, le rapport de force Canada / Québec selon le contexte de réalisation, les moyens dont dispose ou plutôt devrait disposer le Québec pour se défendre advenant qu’on veuille le contenir par la force, la mobilisation préventive et coordonnée des sources financières disponibles propres à empêcher toute tentative de déstabilisation, et bien d’autres sujets encore. Parmi les leaders indépendantistes, jusqu’à maintenant, un seul avait au moins envisagé beaucoup de ces questions avant de plonger et s’était raisonnablement préparé : Jacques Parizeau.
COMMENTAIRE par Bruno Deshaies
La plus grande difficulté des péquistes consiste à distinguer entre les moyens d'y arriver et la fin-visée. Il fallait soumettre les moyens à la fin. Or, Parizeau à troquer la fin pour le moyen incarné par Lucien Bouchard. Ce qui a donné le partenariat : il a échoué sur le récif de la grande manifestation d'amour, le «love-in» à Montréal. Pouvait-on ignorer parmi les stratèges péquistes que le gouvernent fédéral et la nation canadian se battraient bec et ongles contre Parizeau ?
Le plus grand perdant fut Bouchard. Parizeau n'avait pas à démissionner. Il a admis son erreur. Il n’avait pas été battu comme député dans une élection ; il avait perdu son referendum par une mince marge de voteurs. Sa crédibilité demeurait intacte malgré sa déclaration sur son allusion à «des votes ethniques». Face aux réactions, il quitte. Lucien Bouchard lui succède. Ce dernier mise sur les conditions gagnantes au moment opportun. Le gouvernement canadien entreprend de faire adopter la Loi sur la Clarté préparée par Stéphane Dion. Les indépendantistes pouvaient-ils s’attendre à autres choses de la part du fédéral ? Devenu chef péquiste du gouvernement du Québec, Lucien Bouchard est obligé de présenter la loi 99 mais il en obtient l’adoption qu’à la pluralité des voix à l’Assemblée nationale (les libéraux ayant voté contre). Une brèche à notre autonomie provinciale.
Sur cette question et bien d’autres, dont l’Affaire Michaud, divisent le Parti québécois. Comment peut-on parler de géopolitique quand les discussions ne portent que sur les moyens et non sur la finalité du combat ? Ce fut l’erreur de Lévesque et celle de Parizeau. Le Parti québécois à l’immense défi de convaincre le public du Québec que l’indépendance politique est un bien en soi. Plus clairement encore, il doit faire comprendre au public que la nation au sens sociologique qui maîtrise comme majorité un État souverain, donc une nation au sens intégral (politique, économique et culturel) doit faire face par elle-même aux problème de la vie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, selon le but, la raison d’être de cette collectivité nationale organisée. Sans tourner autour du pot, il doit expliquer qu’il a besoin de tous les pouvoirs qu’un État souverain possède, tel celui du Canada, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande et bien sûr de la France, de l’Allemagne, du Danemark, de l’Irlande et de l’Angleterre.
Toute société organisée a ses forces et ses faiblesses. Personne ne peut nier que le Québec est dynamique, créatif, mais il est privé constitutionnellement des pouvoirs les plus importants qui pourraient le faire GRANDIR encore plus. Il lui manque le statut d’une NATION INDÉPENDANTE, car la «vraie nation souveraine» est celle qui maîtrise majoritairement
1) l’État central et
2) les États régionaux (locaux) s’il y a lieu.
Cette nation peut agir collectivement, majoritairement à tous les paliers : sur le plan central et sur le plan régional. La nation qui empêche le Québec d’exercer sa volonté dans cet esprit, c’est l’État canadien et la nation canadienne. En démocratie, il revient au peuple d’exprimer sa préférence sur ce qu’il souhaite être le meilleur statut politique pour lui-même. À cet égard, le PQ doit être très clair.
L’Institut doit prendre position pour faire comprendre la nécessité pour les Québécois de devenir une nation indépendante. Faisons d’abord l’indépendance politique du Québec tout en s’assurant de considérer l’ensemble des «forces» [dans la dynamique intégrale – interne – de la société québécoise hic et nunc] et, en particulier, de la force politique, car c’est la tête. Ce travail est prioritaire, préalable, et il est à faire obligatoirement et inconditionnellement.
NOTES
1. Tel fut le thème des trois chroniques précédentes (nos 440, 441 et 442 cf. http://vigile.quebec/Lequel-des-deux-Quebec-decidera ). Faire comprendre au public québécois tous les avantages d’être une nation au sens intégral, c’est-à-dire de détenir un État souverain avec le self government complet reconnu internationalement. Fini l’annexion collective pour l’indépendance dans l’interdépendance entre nations indépendantes dans le vaste domaine de la vie et de l’organisation internationale. Soit, le Québec reconnu officiellement par l’ONU.
2. Une expression utilisée en Espagne par les indépendantistes catalans.
3. Le premier enjeu majeur concerne l’indépendance politique du Québec non-réalisée depuis des générations. Le 31 janvier 2002, nous faisions la proposition de la création d’un Institut international Maurice-Séguin à Montréal sur le principe d’indépendance des nations (cf. B. Deshaies, « LE SOUVERAINISTE Québécois. Ses contradictions, ses hésitations et ses aspirations.» Chronique suivie de deux commentaires : celui de Gilles Verrier et de Bruno Deshaies). http://vigile.net/archives/ds-deshaies/docs/02-1-31.html
4. Un résumé des principales caractéristiques du partage des compétences dans l’union fédérale canadienne de 1867 (cf. http://www.rond-point.qc.ca/rond-point/histoire/les-bourses-du-millenaire-1998-et-la-constitution-canadienne/ ). Les relations intra-étatiques Québec-Canada sont sous la dépendance la Loi constitutionnelle de 1867, puis de son rapatriement au Canada, en 1982, avec le gouvernement libéral de P. E. Trudeau. Donc, pour le bloc québécois-français majoritaire dans la province de Québec, on peut retenir cette conclusion : «Bref, un peu de tout, (excepté le pouvoir d'entretenir une armée, d'émettre de la monnaie). On ne saurait donc parler de souveraineté.» (Maurice Séguin) Par conséquent, la lutte nationale n’est pas un combat de coqs seulement entre des politiques mais un rapport de force entre deux nations et deux nationalismes distincts qui se combattent SUR le régime.
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2 commentaires
Bruno Deshaies Répondre
9 février 2016Bruno Deshaies 2016-02-09 10:10
Rôle de Lucien Bouchard au referendum de 1995
@ Jean Brilland
J’ai beaucoup hésité avant d’écrire ce que vous avez remarqué avec courtoisie comme étant inexact, à savoir que Bouchard fut «le grand perdant». Il l’a été à cause de son engagement envers la «cause» (aux contours indéfinis) et son association avec Parizeau et Mario Dumont.
Pour sa part, Parizeau devait savoir que l’ombre du Rapport Allaire qui a fondé le petit côté nationaliste autonomiste de l’ADQ était sur la table qu’on le veuille ou non. Monsieur Parizeau a fait stratégiquement le pari qu’il le gagnerait. Vainqueur, il demeurait le Chef de la coalition «indépendantiste» tout en gardant son poste de premier ministre du Québec. Par contre, aucune prévision de stratégie en cas d’échec n’avait été envisagée. Cette erreur fondamentale a coûté chère aux Québécois.
L’échec a eu lieu. L’imprévisible était inévitable. On sait ce qui est arrivé. On sait que Lucien Bouchard est devenu premier ministre du Québec. Cette deuxième partie de l’après referendum est connue. Or, nous savions depuis belle-lurette que Lucien était le conseiller de René Lévesque dans les grandes négociations de l’État à son époque. On savait aussi qu’il était un ami de Mulroney. On sait qu’il a été ministre dans le gouvernement conserveur de Mulroney. Il a quitté ce parti avec fracas au fédéral et il a fondé le Bloc québécois. On connaît le reste de l’histoire.
Les ambitions politiques de Lucien Bouchard ont été finalement honnies par le public. Son gouvernement fut acculé au pied du mur par le gouvernement de Jean Chrétien. Il sait qu’il porte l’opprobre de son geste envers Yves Michaud. Dans la même veine que doit-on penser de l’après carrière politique de Pierre-Marc Johnson ?
Sur cette question du rôle des individus dans les régimes fédéralistes et des nationalités, il est difficile de définir la position d’un individu. C’est ce que vivent les Québécois-Français depuis 1791, mais surtout depuis l’Union et la Confédération.
En guise de conclusion, voici comment Maurice Séguin décrit ce phénomène dans Les Normes au Chapitre troisième.
DIFFICULTÉ DE DÉFINIR LA POSITION D’UN INDIVIDU
3.10.4.1 Qu’il se range dans l’école indépendantiste, dans l’école impérialiste ou dans l’école fédéraliste, il n’accepte pas tout (ordinairement) de la doctrine globale.
3.10.4.2 Et ces nuances varient selon les saisons...
3.10.4.3 Et parfois l’individu change de camp.
3.10.4.4 Ou encore un même homme peut regarder différentes nations, dont la sienne, dans des optiques différentes...
C’est-à-dire,
• être « impérialiste » à l’égard de telles nationalités,
• être « indépendantiste » ou
• être « fédéraliste » à l’égard d’autres nationalités.
Archives de Vigile Répondre
8 février 2016Merci monsieur Deshaies pour cette générosité, elle transpire dans votre article.
Vous écrivez: "Le plus grand perdant fut Bouchard."
Pour votre gouverne, si je peux me permettre, Bouchard fut l'un des gagnants de ce combat. Il est arrivé à ses fins.
Une amie alors fervente souverainiste en 1995 et militante de première heure, a dû quitter Québec et rompre avec le PQ lorsqu'elle a vu Bouchard à l'oeuvre sur le terrain. Au delà de l'image qu'il projetait à l'écran, Bouchard était à la solde de son ami Desmarais. Il avait comme mission d'étouffer le PQ.
Il y est parvenu. Depuis, le PQ n'est pas l'ombre de lui-même.
L'affaire Michaud est l'un des signes les plus évidents de cette trahison de Bouchard.