Plus de 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi des mutilations génitales féminines (MGF).
Les MGF sont exactement ce que le terme décrit: une mutilation du sexe des fillettes pratiquée dès la petite enfance et jusqu’à l’âge de 15 ans. Elles sont perpétrées sous plusieurs formes : la clitoridectomie, l’excision (ablation du clitoris et des lèvres vaginales), l’infibulation (rétrécissement de l’entrée du vagin) et l’intégrale, qui englobe la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la cautérisation, parfois à l’aide d’acide.
L’organisation Sahiyo, qui lutte contre les mutilations génitales féminines, souligne qu’elles ne constituent pas une pratique religieuse musulmane. C’est une tradition culturelle couramment pratiquée dans une zone qui va de l’Afrique, au Moyen-Orient, à l’Inde, au Pakistan et jusqu’en Indonésie.
Ceux qui croient que les MGF n’ont pas cours ici au Canada et au Québec se trompent. Selon le Conseil du statut de la femme, des témoignages indiquent que des fillettes sont excisées ici ou lors de visites dans leur pays d’origine. Des médecins affirment avoir reçu des demandes pour effectuer des réinfibulations ou être obligés de soigner des victimes.
Une consultation du gouvernement fédéral auprès des immigrantes originaires des pays «excisants » vivant au Québec révèle que des aînées restées au pays exercent sur elles des pressions pour que les fillettes soient excisées. En juillet 2017, un rapport de l’Agence des services frontaliers du Canada indiquait qu’il était «à peu près certain que des personnes entraient au Canada pour y pratiquer des MGF».
Le Recensement de 2016 de Statistique Canada établit que près de 40 000 filles et femmes originaires de pays où se pratiquent des MGF sont présentes au Québec, mais il est impossible d’inférer des chiffres sur cette horrible pratique ici. Classés selon sa prévalence sur leur territoire, les 10 premiers pays en importance sont la Somalie (98 %), la Guinée (96 %), la Sierra Leone (94 %), le Djibouti (93 %) l’Égypte (91 %), l’Érythrée (89 %), le Mali (85 %), le Burkina Faso (72 %), la Gambie (78 %) et l’Éthiopie (74 %).
Les mutilations génitales féminines ont été ajoutées au Code criminel canadien en 1997. Toute personne qui commet ou participe à des MGF peut être accusée de voies de fait graves et est passible d’une peine d’emprisonnement de 14 ans... Il est également illégal d’envoyer une enfant à l’extérieur du pays pour lui faire subir une MGF.
Aucune poursuite pour avoir perpétré des mutilations génitales féminines n’a jamais été engagée au Canada. Les filles et femmes qui en ont été les victimes ou qui sont potentiellement à risque craignent de demander de l’aide ou de dénoncer le crime aux autorités. Comme c’est souvent le cas pour l’inceste, elles ne veulent pas faire du mal à leurs parents en étant obligées de témoigner en cour contre eux. Pratique patriarcale, les mutilations génitales féminines sont pourtant essentiellement l’œuvre de femmes de la famille: les mères, les grand-mères, des tantes.
Dans un rapport de mars 2019, la Table de concertation pour les organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, qui travaille à la sensibilisation sur les MGF et soutient les survivantes, fait des recommandations pour aider les victimes et contribuer à bannir la pratique.
Des professionnels de la santé et des services sociaux doivent être formés pour intervenir lorsque des cas sont rapportés, les enseignantes doivent être entraînées à repérer les fillettes potentiellement à risque et celles qui ont subi une mutilation. Au Québec la RAMQ couvre les frais de reconstruction clitoridienne. Des victimes se plaignent toutefois que les soins psychologiques ne le sont pas.
En Australie, un premier procès a entraîné une condamnation pour mutilation génitale féminine: deux fillettes de la communauté musulmane Dawoodi Bohra Shia avaient été excisées. L’exciseuse, la mère des fillettes (une infirmière retraitée), et un chef religieux ont été condamnés à une peine de 15 mois de prison.