« Ethique et culture religieuse » : fin à la mascarade !

La mascarade a assez duré : l’État doit abolir le programme Éthique et culture religieuse. La laïcité hypocrite, n’a plus sa place au Québec

Laïcité — débat québécois


Pierre K Malouf - Laïcité ouverte est synonyme de laïcité passoire. La laïcité passoire, c’est la laïcité telle que proposée en janvier dernier dans le manifeste Pour un Québec pluraliste, signé, entre autres, par messieurs Daniel Weinstock, et Georges Leroux dont on se souviendra que le premier favorisait en 2004 la création de tribunaux islamiques de la famille en Ontario, que le second est l’un des maîtres d’oeuvre, et sans doute le plus ardent apôtre du programme Éthique et culture religieuse qui sévit dans les écoles du Québec depuis septembre 2008. La laïcité passoire ce n’est pas la laïcité.
La laïcité qui avance à visage découvert, la laïcité à laquelle la plupart des Québécois aspirent est bien explicitée dans le projet de Charte du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité, projet certes perfectible, mais qui constitue une excellente base de discussion. J’invite tout le monde à en lire attentivement le préambule de même que les dix-neuf articles. Je m’attarderai ce soir sur le dernier mais sans doute à mon sens le plus important, qui se lit comme suit : L’État doit abolir le programme d’éthique et de culture religieuse (ÉCR).
Le programme ÉCR constitue en effet la pire menace, je devrais plutôt dire le pire obstacle à la laïcité que le Québec ait actuellement à surmonter. Une menace et un obstacle aussi graves que les intégrismes religieux, auquel il ouvre d’ailleurs les portes toutes grandes en interdisant, sous prétexte de respect de la diversité, qu’on puisse les critiquer à l’école. Le programme ÉCR constitue pour les tenants de la laïcité passoire une grande victoire, car il s’attaque aux bases mêmes de la véritable laïcité en venant polluer l’esprit de nos enfants avec des sornettes.
Mes trente-trois années d’enseignement au primaire m’ont permis de faire quelques constats qui demeurent hélas toujours actuels et dont le principal est le suivant : l’école québécoise est le lieu par excellence d’une mascarade qui dure depuis au moins cinquante ans. Dernier épisode de ce festival de faux-semblants, le programme ÉCR nous est imposé par une clique de pédagogo-socio-constructivistes à tendances post-modernistes. Le programme ÉCR est un cran d’arrêt visant à empêcher l’aboutissement normal d’une lente évolution qui aurait dû mener à l’abolition pure et simple des cours de religion à l’école, abolition qui aurait enfin permis d’accorder la théorie et la pratique, la loi et les moeurs, les principes et les faits. Il n’est pas étonnant que les apôtres de la laïcité passoire soient tous en faveur du programme ÉCR. Ces gens-là savent fort bien que les religions sont les pires ennemis de la laïcité. En reprenant, emballée soigneusement dans une défroque non-confessionnelle et soi-disant pluraliste une place qu’elle était à la veille de libérer quand elle ne portait que le col romain, la religion fait un retour en force dans les lieux mêmes où la laïcité devrait être le mieux assurée et le mieux promue : l’école. Cette nouvelle péripétie dans la longue histoire de notre mascarade patrimoniale me choque profondément mais ne m’étonne pas du tout.
En 1960, Jean-Paul Desbiens, mieux connu sous le nom de frère Untel écrivait ceci «… ce que nous sommes en train de voir s’établir, c’est une désaffection du peuple canadien-français vis-à-vis de la religion. [...] Les choses se sont déjà gâtées au-delà de toute apparence. Les jeunes gens à qui nous faisons la classe sont aussi loin qu’on peut l’être, sans bruit, du christianisme. Leurs idées, leurs sentiments, leurs sentiments surtout, sur l’argent, les femmes, le succès, l’amour, sont aussi étrangers au christianisme qu’il est possible. Échec de notre enseignement religieux. Et pourtant, quel est le Canadien français qui n’a pas vécu au moins quelques années sous l’influence (ou en tout cas, sous le gouvernement d’une soutane, homme ou femme ? » Mil neuf cent soixante !
Ce constat résonnait comme une douce musique aux oreilles du jeune mécréant de dix-sept ans que j’étais alors. L’école catholique avait échoué dans sa mission, mais contrairement au Frère Untel, je m’en félicitais… Je m’en félicitais À TORT, car à l’époque un incroyant, voire un simple non-pratiquant avait intérêt à raser les murs et à «faire semblant», surtout s’il se destinait au métier d’enseignant. En 1963, j’entrai donc à l’École normale sur la pointe des pieds afin qu’on ne se rendît pas compte que j’étais athée. Vaine précaution. Que formait-on à l’École normale ? Des enseignants catholiques pour une école catholique. Qu’y avait-il de moins catholique ou de pas catholique du tout à l’École normale? Nous, les étudiants qui la fréquentions. Bien sûr, les autorités s’en rendaient compte et s’en arrachaient les cheveux. En 1965, l’aumônier de l’établissement, l’abbé Roy, qui était également prof de religion, nous accusa pendant son cours d’être des «hypocrites et des traîtres», nous les impies (si bien décrits cinq ans auparavant par le frère Untel) qui nous destinions quand même à l’enseignement catholique. Nous n’avions pas le choix: l’école neutre n’existait pas.
Entrant à l’emploi de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CÉCM) en 1967, j’y retrouvai la même situation qu’à l’école normale. À quelques détails près (on n’était plus tenu de réciter la prière avant les cours), l’école était tout aussi catholique qu’en 1940 ou 1950, mais la plupart de ceux qui y enseignaient ne l’étaient plus ou l’étaient fort peu. Nous, les jeunes profs impies, interprétions donc fort librement le régime pédagogique et réduisions au minimum les heures consacrées à l’enseignement religieux… Mais quand l’animatrice de pastorale ou M. le curé venaient nous visiter, catastrophe ! Il fallait ranger les manuels de français ou de mathématiques et ressortir les manuels de religion, qui, c’est étrange, demeuraient en bon état plus longtemps que les autres.
Notre longue marche vers la laïcité passoire, connut en 1988 une étape importante. Le ministre Claude Ryan fit adopter la Loi 107, qui instaurait le régime d’option pour un enseignement religieux confessionnel ou un enseignement moral non confessionnel. Nous accueillîmes cette mesure avec soulagement car elle permettait de soulever un coin du masque… j’allais dire du voile. Alors, petit à petit, de plus en plus de parents et d’élèves optèrent pour l’enseignement moral plutôt que pour l’enseignement confessionnel ; petit à petit de plus en plus de profs firent de même, si bien qu’après quelques années il y eut pénurie de profs de religion dans plusieurs écoles, ce qui incita certaines directions à mettre des bâtons dans les roues aux profs qui voulaient passer de l’enseignement religieux à l’enseignement moral. Quelques-uns durent réajuster le masque qu’ils tentaient d’arracher.
Autre étape dans notre évolution hyper-tranquille : en 1997, sous Pauline Marois, les structures scolaires perdirent leur statut confessionnel et devinrent linguistiques, ce qui ne changeait rien au fait que la religion était toujours enseignée dans les classes. Nous étions mûrs pour une grande déception. À la question : quelle place la religion doit-elle occuper à l’école?, plutôt que de fournir la réponse qui allait de soi : aucune !… Mme Marois répondit en formant un groupe de travail présidé par M. Jean-Pierre Proulx, ce qui équivalait à confier à des créationnistes une commission d’enquête sur les mérites du darwinisme.
En 1999, le dit comité déposa son rapport devant le ministre François Legault, qui commit la fatale erreur de ne pas le déposer sur une tablette. Que proposait le rapport? Dans une perspective d’« ouverture à la diversité culturelle et du vivre-ensemble », de remplacer l’enseignement religieux confessionnel, par « un enseignement culturel des religions obligatoire pour tous ». Les créationnistes étaient donc toujours… créationnistes, mais ils parlaient désormais de « dessein intelligent », qui fait moins obscurantiste.
Plutôt que d’étudier une seule religion (opération qui, le frère Untel l’a dit il y a déjà un demi-siècle, est un échec) les enfants et adolescents du Québec vont dorénavant se les farcir toutes ! On leur présente un buffet de rites et de croyances, les voilà menacés d’obésité transcendantale ! UNE religion remplacée par LA religion, quel progrès! Et tout ça pour quoi ? Pour rien, car ça ne marchera pas ! Les profs de 2010 n’ont aucune culture religieuse, je le sais, c’est moi qui leur faisait la classe il y a dix, vingt ou trente ans ! Ils ne sauraient nommer les quatre Évangélistes, ils ne font pas la différence entre Thomas d’Aquin et Teilhard de Chardin, ils n’ont aucune idée de ce que peut être le Syllabus, l’ultramontanisme ou la messe à gogo, comment voulez-vous qu’ils animent un cours où il sera peut-être question de Shiva, de Zoroastre ou du Grand Manitou ?
Les profs de 2010, la religion, LES religions, ça leur passe cent pieds par-dessus la tête ! Mais que de temps, que d’énergie, que d’intelligence… et d’argent gaspillés ! Et plus possible maintenant d’opter pour un enseignement moral distinct de l’enseignement religieux. Il n’y a plus de morale, il n’y a plus d’éthique… en dehors de la religion ! Qui en a décidé ainsi ? Nos élus ? Ne nous y trompons pas, nos ministres de l’Éducation sont aux ordres d’un aréopage constructivo-jovialiste qui ne vise qu’un seul but : protéger sa chasse gardée ! Et nous faire avaler de force une laïcité passoire.
Placés devant le fait accompli, nous nous posons tous la même question : pourquoi diable infliger aux élèves du primaire, qui ont autant besoin de ça qu’un bossu d’une deuxième bosse, un enseignement culturel des religions ? Ne vaudrait-il pas mieux initier nos enfants à la pensée rationnelle, au savoir scientifique, à la philosophie des Lumières, aux fondement de la démocratie libérale… ou républicaine? Et tant qu’à propager des mythes, pourquoi ne pas inscrire au curriculum l’astrologie, la numérologie, la chiromancie ?
On nous répond que ce programme scolaire a pour principal objectif de mieux assurer le vivre-ensemble… Vraiment? Assisterions-nous donc actuellement dans nos salles de classe, dans nos cours d’école, dans nos cafétérias de polyvalentes, à des rixes inter-religieuses, les petits catholiques lançant des cailloux aux petits musulmans, qui menacent de sévices corporels les petits Témoins de Jéhovah, qui s’en prennent pour leur part aux petits Juifs, tous ces apprentis fanatiques s’entendant par ailleurs oecuméniquement pour harceler le REJECT par excellence, un petit sikh qui en est réduit à se défendre avec un kirpan pendant que le petit athée demeure à l’écart de la mêlée ?… drames quotidiens qui justifieraient qu’on prenne dès la pouponnière des mesures prophylactiques ayant pour but d’inculquer à la jeunesse que c’est donc beau, que c’est donc bon la religion et qu’il ne faut pas me chicaner avec le voisin sous prétexte qu’il n’a pas le droit de goûter à la terrine de porc que par ailleurs j’adore, ce qui constitue un affront à mes convictions ? Ces tristes événement ne se produisent… jamais ? Où est le problème alors ?
Lors d’un forum tenu le 19 mars 2007, Mme Solange Lefebvre, qui a contribué à l’élaboration du programme, avouait pourtant que la religion occupe peu de place dans la plupart des familles québécoises. C’est quoi le problème ?… Prenons acte de cette réalité et consacrons plus de temps à l’enseignement des mathématiques ! Mais non, mais non ! Qu’adviendrait-il de nos profs de sciences religieuses ? Et nos malheureux théologiens qui devraient se recycler dans le commerce de cilices et de chapelets. Non, non, non ! Imposons au peuple une laïcité passoire qui protège nos intérêts !
Le plus ardent avocat du programme, M. Georges Leroux, admet pour sa part que la sécularisation de notre société est un phénomène irréductible. Les conceptions séculières, « mixtures » de science, de philosophie et « ainsi de suite» ne sont pas encore organisées en systèmes, dit-il, mais seraient promises à un bel avenir. Inquiets, M. Leroux et ses acolytes travaillent donc d’arrache-pied, avec le concours de politiciens aveugles et irresponsables, libéraux et péquistes confondus, à un retour en force du religieux. Les conceptions séculières portent en effet, dit encore M. Leroux, sur les mêmes objets que les religions historiques. Les questions que se posent les jeunes : « D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? », peuvent trouver réponses dans les traditions religieuses des diverses cultures.
Ne cherchez pas plus loin, chers petits, tous ces problèmes ont déjà été résolus !… Par Moïse, par saint Paul, par Mahomet, par Torquemada, par Luther, Pie IX, Khomeiny, Pat Robertson, le cardinal Marc Ouellet, j’en passe et des meilleurs ! « Toutes les conceptions immanentes dans lesquelles vous baignez, dit encore M. Leroux, sont prises en charge par ce monde-là. Tout ce patrimoine répond aux mêmes questions. » C’est clair ! L’objectif visé, c’est la conversion de nos enfants et de nos petits-enfants. À quelle religion ? Peu importe, elles sont toutes formidables. À la rigueur, inventez-en une !
« C’est un tournant majeur dans la société québécoise », déclarait en 2005 M. Roger Boisvert, coordonnateur du Secrétariat aux Affaires Religieuses. Nous assistons « à un tournant majeur dans l’évolution socio-religieuse du Québec», renchérissait en 2006 M. Denis Watters, responsable de la coordination des équipes d’écriture du programme. Mais s’il s’agit vraiment d’un tournant majeur, il faudrait peut-être demander aux Québécois ce qu’ils en pensent ! Pas question ! Il s’agit d’un tournant trop important pour que le peuple soit consulté. Le 29 novembre 2006, M. Georges Leroux jubilait : « C’est quand même extraordinaire, hein ? C’est un projet inouï, ce qu’on s’apprête à faire ! » De quoi être fier, en effet : « Nous n’avons de modèle nulle part en Occident. Nous avons voulu faire quelque chose d’absolument impossible. » Tel est le discours tenu par les créateurs du programme ÉCR, qui sont des saboteurs de la laïcité, des usurpateurs, des ennemis de la démocratie !
Les enfants Québécois apprendront donc à respecter, voire à admirer, et surtout à ne pas critiquer, NE PAS CRITIQUER ! car toutes les croyances religieuses sont respectables, n’est-ce pas ?… les pratiques et les coutumes aussi, sans doute… des pratiques ou des coutumes aussi nobles que les sacrifices humains chez les Aztèques, les bûchers de sorcières dans l’Europe de la Renaissance, la décapitation des homosexuels en Arabie saoudite, l’existence simultanée de vaches sacrées et d’êtres humains intouchables dans de lointaines contrées asiatiques… Mais ne vous inquiétez pas : on ne sera pas tenu de respecter ces abominations, car ayant comme objectif d’établir dans la classe un consensus rose bonbon, on se gardera bien d’en parler. Et le prof, lui ? Que peut-il dire, que peut-il faire ? Le prof, il doit rester neutre ; le prof il doit dire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ; le prof il doit éteindre aussitôt qu’elle s’avise de briller, la moindre lueur de lucidité qui pourrait surgir dans l’esprit de ses élèves. Entre la superstition et la connaissance rationnelle, l’école québécoise a fait son choix. À bas la pensée logique, vive la pensée magique ! C’est ça la laïcité passoire !
Que ce désastre soit une porte ouverte au multiculturalisme, comme disent certains, peut-être! Mais condamner le programme ÉCR parce qu’il empêcherait l’expression à l’école d’opinions nationalistes, c’est accuser de recel un coupable de viol. À mon sens, la critique laïciste du cours ÉCR demeure la plus pertinente : lier dans un même cours éthique et religion est une infamie ; associer culture et religion, une entourloupette ; cimenter le tout sous le signe du dialogue et de la bonne entente, un tour de prestidigitation. Si vous voulez que règne la bonne entente, ne parlez pas de religion IF YOU PLEASE ! Les religions ne cessent de nuire au vivre-ensemble que lorsqu’elles sont fermement remises à leur place par la laïcité ! Pas la laïcité passoire, la vraie laïcité, la laïcité franche et honnête ! Les religions sont exclusives l’une de l’autre… sauf qu’elles ont, comme les promoteurs de la laïcité passoire, un ennemi commun : la laïcité vraie, contre laquelle elles peuvent se retourner et se retournent effectivement à la première occasion.
Tant qu’à parler de religion à l’école, c’est ça qu’il faudrait dire à nos enfants… et seulement à compter du secondaire, voire du Cegep, dans le cadre d’un cours d’histoire des civilisations. Si les religions ont joué dans l’histoire un rôle civilisateur, et il leur est arrivé à l’occasion de jouer un tel rôle, on ne le cacherait pas, mais on ne tairait pas non plus leurs innombrables méfaits. Ainsi analyserait-on avec une saine distance critique le massacre de la Saint-Barthélémy, les hécatombes inter-religieuses qui accompagnèrent l’accession de l’Inde à l’indépendance, le sort des mères canadiennes-françaises qui n’obtenaient du curé la permission d’empêcher la famille qu’après avoir mené à terme une douzaine de grossesses et mis au monde trois futures nonnes, deux futurs frères, un futur bonze du futur ministère de l’Éducation.
La mascarade a assez duré : l’État doit abolir le programme Éthique et culture religieuse. La laïcité hypocrite, n’a plus sa place au Québec.
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Mettons fin à la mascarade

Squared

Pierre K Malouf1 article

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Pierre Kattini Malouf naît à Montréal en 1943. Il commence en 1967 une carrière dans l'enseignement. Il se fait connaître en 1978 avec sa première pièce, Gertrude Laframboise, agitatrice, et devient membre actif au CEAD dont il sera le président en 1980. En 1982, il fait partie de la tournée suisse et française de lectures-spectacles organisées par le CEAD. En 1985, il cesse d’écrire pour la scène. Il ne reviendra au théâtre que quinze ans plus tard. Depuis 1999, Pierre K. Malouf a publié deux romans, Les enfants de Schubert et Les soupirs du cloporte; un essai, Lettre ouverte aux chiens édentés qui agitent la queue et à leurs chiots qui mordillent; une étude historique, Le quatuor d’Asbestos, autour de la grève de l’amiante (coauteure, Esther Delisle); quatre nouvelles dans des revues littéraires. En 2000, il revise et publie sa première pièce de théâtre, Gertrude Laframboise, agitatrice. — 2006 / 09.





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