Au fil du temps, nous avons tous plus ou moins développé un sixième sens pour les phrases et expressions creuses que nous disent des élus, des gens d’affaires, des publicitaires... et même des écolos. Par convention ou par mensonge délibéré, ces phrases semblent beaucoup plus servir à remplir les vides dans les conversations ou à détourner les esprits qu’à réellement communiquer quelque vérité que ce soit. Souvent, ces phrases et expressions creuses sont le fruit de la "réflexion" d'experts en relations publiques dont le métier consiste à manipuler les mots... et les gens.
Parfois, elle servent à stopper une réelle réflexion en profondeur..
Voici quelques exemples qui me sont venus en tête :
- Nous nous servons des meilleurs standards internationaux : J’ai souvent entendu cette phrase sortant de la bouche de grandes entreprises pétrolières. Un parfait exemple de cela fut après l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon exploitée par BP dans le Golfe du Mexique. Pour se distancer de BP, les autres grandes pétrolières ont tous dit cette phrase. Pourtant, après un examen approfondi des documents sur les procédures de sécurité de toutes ces entreprises, on a découvert qu’ils avaient grosso modo copié-collé les mêmes documents... remplis de lacunes et de faussetés!
- Le Canada est un « leader » en environnement : J’ai entendu cette phrase de la bouche d’élus du gouvernement conservateur à de nombreuses reprises. Cette phrase a même été dite par le premier ministre Stephen Harper qui l’a répétée il y a quelques mois à peine et le fera probablement dans les prochains mois d’ici le Sommet sur le climat de Paris. Phrase creuse s’il en est une, y a-t-il encore une seule personne assez bête pour le croire?
- Le Québec a atteint les objectifs du protocole de Kyoto : Cette phrase a été répétée depuis plus de 3 ans par des élus libéraux du Québec. Or, elle est fausse. Le Québec n’a pas atteint l’objectif qu’il s’est lui-même fixé de -6% de ses émissions de GES par rapport à celles de 1990 pour la moyenne des années 2008 à 2012. Or, le Québec s’est légalement engagé à l’atteindre et ils auront beau répéter cette phrase, elle n’en sera pas plus vraie pour autant.
- Il faut dire non au pétrole : Ceci relève aussi de la phrase creuse. Les Québécois consomment plus de 300,000 barils de pétrole CHAQUE JOUR. Les ventes de VUS atteignent des sommets inégalés. Les transports collectifs représentent moins de 2% de cette consommation et même si on quadruplait les investissements en transports collectifs, les bateaux, camions lourds et avions consommeraient encore près de la moitié de ce pétrole. Nous sommes donc encore très loin de pouvoir dire non au pétrole. L’économie mondiale, dont celle du Québec, est basée sur le pétrole et si on veut s’en sortir, cela prendra des décennies et demandera beaucoup d’efforts de la part de tous.
- Le diesel « propre » : Cette phrase est répétée à satiété par des constructeurs automobiles allemands pour vendre des voitures et VUS qui fonctionnent au carburant diesel, alléguant que grâce à leurs nouvelles technologies ces voitures sont maintenant si propres que ce qui sort de l’échappement est presque de l’air pur! Or, c’est faux. Les nouvelles voitures fonctionnant au diesel, bien que moins polluantes, ne sont pas « propres », loin de là. D’ailleurs, depuis juin 2012, le diesel est classé « cancérogène certain » par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
- Les voitures « vertes » : Cette expression relève aussi de la phrase creuse. De fait, aucune voiture, fut-elle 100% électrique, n’est vraiment verte. S’il est clair qu’une voiture électrique pollue moins qu’une voiture à essence ou diesel, surtout dans un endroit comme le Québec, il n’en demeure pas moins qu’une voiture, quelle qu’elle soit, pollue. Il s’agit donc ici de degré de pollution. On peut donc dire d’une voiture qu’elle pollue moins ou que son empreinte écologique est moindre, mais pas qu’elle est « verte ».
- Le "développement durable"... revu et corrigé: Beaucoup nous parlent de développement durable en séparant les 2 mots. Pour eux, "Développement" équivaut à "croissance" et "durable" équivaut à "sans fin". Donc, pour ces adeptes du détournement de langage, le développement durable, c'est de la croissance sans fin. Connerie monumentale. C'est ainsi qu'au fil du temps et des détournements, l'expression "développement durable" elle-même relève de plus en plus de la phrase creuse.
Voilà quelques exemples de phrases creuses. Peut-être en avez-vous aussi en tête?
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