Hier soir (mardi), aux Grands Reportages de RDI, il était question du programme de hockey de Joey Juneau dans le Nunavit. Cela se passe dans le nord du Québec.
Autant l’action de Joey Juneau et de ses acolytes est admirable sur le plan social, autant il est navrant de voir ces francophones québécois transmettre leur science et leur passion en anglais aux Inuits.
Dans le vestiaire, dans les rencontres de préparation, sur la glace, tout se passait en anglais. Dans certaines scènes de classe cependant, cours de langue seconde (ou tierce) oblige, les professeurs s’adressaient en français aux jeunes Inuits.
L’impression générale très nette, c’est qu’au Nunavit, quand c’est sérieux (and hockey is serious, of course), on ne parle pas d’autre langue que l’anglais.
Le reportage date de 2009. C’est-à-dire 49 ans après le début de la Révolution tranquille. Je crois me souvenir qu’à l’intérieur de cette RT René Lévesque avait fixé comme objectif de franciser le Nord québécois. Pas en sauvage, mais lentement et sûrement.
À voir Juneau et ses compères, et tout le contexte autour de ce programme de hockey, l’objectif de Lévesque est loin d’être atteint, et on se demande même s’il est encore là. Si oui, quel est l’échéancier? 2050? 3000?
Bien sûr, il y a le contexte historique des missionnaires protestants et anglophones oeuvrant au 19e siècle et au début du 20e sur cet ex-territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Bien sûr, il y a la fonction publique fédérale unilingue anglaise et la Royal Mounted Police non moins unilingue qui ont « assuré l’ordre » durant tout ce temps. Bien sûr, il y a l’élite inuit anglicisée par les soins de tout ce beau monde.
Mais il est censé y avoir eu la prise en charge de ce territoire par le Québec de la Révolution tranquille et de l’après-RT. Cela depuis 50 ans. Et que voit-on? Des Québécois, enseignants, fonctionnaires, missionnaires laïques à la Juneau, qui ont pris la relève des anglophones… et qui continuent dans la même langue qu’eux!
Bonnasserie québécoise ou colonialisme profondément incrusté? Ou absence de colonne vertébrale? Ou absence de mot d’ordre venant de Québec? Ou tout ça et autre chose aussi?
En tout cas, quand on regarde ce spectacle d’un œil froid (sans jeu de mots), la situation frise le ridicule : des colonisés qui font de la colonisation (ou de l’éducation, si on préfère) au profit de leur colonisateur, sans y être vraiment tenu.
Il faudra bien un jour cesser de tourner en rond au Québec!
Les Québécois dans le Grand Nord
Entre les relents du colonialisme et la bonnasserie
Joey Juneau et autres english-speaking missionnaires
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
25 février 2010C'est simplement dégoûtant d'entendre de tels commentaires. Les Inuts n'ont rien a cirer de nos problèmes de blancs colonisés. Ils n'ont pas a être pris en otage par le Québec ni même une autre autorité quelconque, soit Ottawa.
Ces jeunes, pour la plupart, souffrent énormément ainsi que leur culture et leur langue maternelle. Ils vivaient sur ces territoires du nord bien avant l'arrivée des colons et n'ont que faire de nos régimes et guerres de blancs.
Moi-même souverainiste et radical parfois n'accepterais jamais que le Québec saisisse a leur égard. La plupart on pour langue l'inuktitut et si ils veulent apprendre une seconde langue comme l'anglais, bien ont n'a rien a dire a ce sujet. C'est une attitude de colonisateur que vous avez et c'est déplorable !
Dites-nous en quoi apprendre le français aiderait ces jeunes a reprendre confiance en leur propre moyens, arrêter de se suicider en masse parce qu'on leur a pisser au visage durant des années, vivre en harmonie avec la nature et ne plus vivre dans des boîtes de cartons qui font office de maison ?
Cette attitude envers les autochtones me répugne. Et vous, grand intellectuel, que faites-vous pour aider la cause de la francisation du nord ou encore mieux, que faites-vous pour aider ces jeunes et stopper cette émoragie suicidaire ? Poser la question c'est d'y répondre...
Il y a de ces temps ou le silence est garant de sagesse et ou le patriotisme fait preuve de narcissisme égocentrique. Ne faisons pas la même erreurs que nos propres détracteurs, soyons ouvert et généreux envers ces nations qui ont déja assez souffert.
Joey Juneau fait quelque chose d'extraordinaire pour aider ces jeunes. Criss on peut pas arrêter un peu de taper sur ceux qui aident et politiser chaque partielle de nos vies...
Peu importe, certaines personnes ne serrons jamais satisfaites !
Sans rancunes Guillaume.
ps: dsl pour les fautes car le clavier utilisé cache les accents...
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
11 février 2010Et le célèbre monsieur Claude Richard que je ne connais pas n'a pas besoin de réfléchir un peu devant les remarques qui le contrarient puisqu'il a la vérité absolue. L'extrême urgence devant la désespérance de ces jeunes, il choisit de l'ignorer? La question fondamentale du français, on ne semble pas l'avoir écartée dans ce projet puisqu'il y a enseignement de la langue. Et pour ce qui est de leur langue maternelle, qu'en reste-t-il? Un peu comme la majorité des Québécois qui mettent la leur sur la glace à toutes sortes d'occasion... Si vous avez la solution à notre Question nationale, je vous accorde le droit de m'apostropher à nouveau avec paternalisme. Ouhgo, sur la liste des Auteurs de Vigile.
Claude Richard Répondre
11 février 2010à O l'anonyme:
"Nos bébittes canadian" perdurent à cause de commentaires comme les vôtres.
Je sais que Joey Juneau est un bien bon gars; j'ai d'ailleurs écrit que son oeuvre est admirable socialement parlant. Culturellement parlant, pour le Québec dans son ensemble, c'est contribuer à perpétuer une situation anormale et aberrante.
Joey Juneau a sa part dans cette situation bloquée. Il fait comme ceux qui venus avant lui. Ce n'est pas de cette façon que les choses vont changer. C'est bien sûr que s'il avait décidé de parler français, certains jeunes auraient eu de la difficulté à le comprendre au début, comme sans doute ils ont eu un peu de difficulté à le comprendre en anglais vu que cette langue n'est pas leur langue maternelle. Mais rapidement, j'en suis persuadé, l'amour du hockey et le prestige de Juneau aidant, cela n'aurait pas posé de problème et le français aurait fait un grand pas dans le Nord.
C'est tellment facile de s'inscrire dans un statu quo et c'est tellement facile de s'en prendre à ceux qui remettent en question le statu quo. O a peut-être parfois des commentaires pertinents mais parfois il devrait choisir de se taire et de réfléchir un peu plus!
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
10 février 2010Ben voilà: Joe Juneau est allé la-haut en réel missionnaire. En appel d'urgence, pour contrer le décrochage et le suicide à la chaîne! Et on nous dit que l'éducation a toujours été menée là par le Canada multiculturel... Ces jeunes parlent l'anglais, non pas le français. Ils aiment jouer au hockey et Joe peut leur enseigner le hockey, en lien avec les résultats scolaires. École où, nous dit-on, quelqu'un se dévoue à enseigner le français aussi. Alors? Va-t-il leur parler français, langue qu'on ne s'est jamais donné la peine de leur enseigner? Les écoeurer avec nos bébittes canadian?
Qu'on s'occupe donc de faire parler le CH en français, d'abord! Langue de "petit blancs" dominés par les "gros blancs".
Archives de Vigile Répondre
10 février 2010Le problème, en pays inuk, c'est que le système d'éducation est contrôlé par Ottawa et non pas par le ministère de l'Education du Québec.
Au nord, presque tout se passe en anglais et en inuktitut. la langue seconde des Inuit est l'anglais. Les Québécois qui y travaillent doivent parler anglais ou inuktitut. Le français est marginal. Ce qui fait des Québécois des «petits blancs», comme disent les Inuit. Et des Canadian des «gros blancs», comme ils l'indiquent aussi.
Et c'est tant pis pour les Inuit. J'ai rencontré des Inuit du Groenland: belle culture européenne! Les Inuit du nord du Québec? Je n'ose pas les qualifier collectivement. Je serais accusé de racisme. Je dirais qu'il y a un écart de 500 ans entre ces gens de même origine mais d'éducation différente. Ca doit encore être un bel effet du multicuralisme canadian.
Archives de Vigile Répondre
10 février 2010Moi aussi, j’ai été éberluée, voire choquée par ce reportage. Monsieur Richard a mille fois raison. Aurait-on perdu le nord de la langue française et vice versa? Tandis qu’ici, dans le Sud, on marche et on manifeste pour la cause du français qu'on dit en péril à Montréal, là-bas, au Nunavut, on se dévoue corps et âme, c’est le cas de le dire, à continuer d’angliciser les Inuits.
Mais doit-on tenir Joe Juneau et ses compagnons et compagnes responsables de cette situation aberrante? Bien sûr que non, voyons! Lorsqu’on voit la ministre de l’Éducation, Michèle Courchesne, adresser la parole aux jeunes kockeyeurs inuit en anglais, c’est à ça qu’il faut s’en prendre. À mon avis, elle aurait dû s’exprimer en français avec traduction simultanée en inuit, (même pas en anglais).