Deux sujets ont fait couler beaucoup d'encre cette semaine dans la presse canadienne-anglaise: la visite du président américain, Barack Obama, et l'annulation de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. La première a donné lieu, sans surprise, à bien des éloges, mais la seconde a provoqué un concert d'attaques virulentes contre les souverainistes.
La visite d'Obama d'abord. Il y a ceux, comme Michael Den Tandt, du Toronto Sun, et Greg Weston, de SunMedia, qui disent que Stephen Harper en sort le grand gagnant. Den Tandt affirme que les attentes étaient si basses à l'endroit de Harper, surtout en comparaison d'Obama, qu'il pouvait seulement marquer des points. Il y est parvenu en démontrant sa maîtrise des dossiers et en s'appropriant en quelque sorte le programme d'Obama pour faire valoir son propre point de vue. Weston, de son côté, note que Harper a eu droit à des signaux encourageants de la part d'Obama en ce qui a trait à la congestion à la frontière et à la menace protectionniste. Il a obtenu un répit sur le front environnemental et n'a subi aucune pression concernant l'Afghanistan.
Ailleurs, on se montre plus nuancé, car on attend la suite. Don Martin, de la chaîne CanWest, note qu'il est aisé de se présenter comme les meilleurs amis du monde, mais la tâche sera plus difficile quand il faudra vraiment régler les dossiers litigieux. James Travers, du Toronto Star, écrit que «s'entendre sur une marche à suivre, même vague, est un premier pas, mais ce qui est plus important est ce qui vient ensuite». Il trouverait plus rassurant que, pour accomplir le vrai et dur travail, le Canada ait rapidement «une stratégie bien définie, débattue publiquement et appuyée par une solide structure». Le Globe and Mail dit que la visite est le point de départ d'une coopération sur des enjeux d'intérêt mutuel, mais qu'il faudra des mois, sinon des années, pour en mesurer les véritables effets. Le Toronto Star applaudit à l'abandon de l'unilatéralisme de l'ère Bush mais ajoute que les défis qui attendent les deux pays sont immenses car des différences de vue importantes persistent en matière de commerce et d'environnement.
Souverainistes au pilori
Les souverainistes, eux, ont passé un mauvais quart d'heure à la suite de l'annulation de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. On leur en a fait porter tout le blâme et sans ménagement, allant jusqu'à comparer les pressions des plus militants aux demandes de terroristes.
Paula Arab, du Calgary Herald, déplore cette «capitulation devant les demandes de quelques groupes séparatistes radicaux» et leurs menaces de violence. «La décision de la Commission s'apparente à céder aux demandes irrationnelles de terroristes», va-t-elle jusqu'à dire. Le Winnipeg Free Press va dans le même sens. «Le Canada ne cède pas devant des terroristes, pas facilement en tout cas, à moins que ces voyous soient le genre de personnes à mener encore une guerre vieille de 250 ans entre Français et Anglais pour le contrôle de l'Amérique du Nord.» Le Free Press qualifie la décision de la Commission des champs de bataille nationaux d'«absurde et offensante» puisque souligner notre histoire ne devrait avoir rien de honteux. Il convient que cette bataille occupe une place particulière dans l'histoire des francophones mais ajoute que leur culture a perduré et demeure vibrante. «Un petit groupe de séparatistes ont réussi à politiser cet événement. Pour eux, l'histoire est une affaire personnelle, comme une vieille querelle qui n'en finit plus, même si plus personne ne se souvient pourquoi ils sont fâchés.»
Selon le National Post, la reconstitution de la bataille des Plaines devait être instructive. Elle l'aura été, mais d'une autre manière. Son annulation aura appris aux gens qui devaient y participer combien «les séparatistes québécois peuvent être mesquins et révisionnistes», que les Canadiens plient devant eux et «quelques fanatiques bruyants». Comme à peu près tous les journaux, le Post présente cette bataille comme une parmi d'autres, bien qu'importante, de la guerre de Sept Ans. Le Calgary Herald aussi parle de victoire des «révisionnistes québécois», qui ont réussi à imposer leur vision de l'histoire.
Toujours dans le [National Post->18036], Kelly McParland estime que Harper a laissé tomber les Canadiens en cédant devant «les fanatiques séparatistes». Il aurait souhaité qu'il imite Pierre Elliott Trudeau et leur tienne tête plutôt que de se cacher, de se taire et ainsi d'«embarrasser» le pays. [L'annulation de l'événement a découragé l'Ottawa Citizen.->18063] Selon lui, la façon de souligner un événement historique «ne devrait pas être déterminée par une minorité bruyante qui a un programme politique, comme les souverainistes québécois». Si les politiciens ne tiennent pas tête à des gens qui veulent diviser le pays, ce dernier s'en trouvera affaibli, affirme le quotidien.
Le Saskatoon Star-Phoenix, qui blâme la Commission et le gouvernement Harper, affirme que la «victoire des séparatistes» montre leur ignorance de cet événement crucial. Le quotidien affirme que, de toute façon, l'histoire n'a jamais joué un grand rôle au sein du mouvement souverainiste. Parlant des protestations contre la reconstitution, le Star-Phoenix les assimile au «nationalisme pur et à l'intimidation agressive».
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mcornellier@ledevoir.com
Revue de presse
Éloges et attaques
Les souverainistes, eux, ont passé un mauvais quart d'heure à la suite de l'annulation de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. On leur en a fait porter tout le blâme et sans ménagement, allant jusqu'à comparer les pressions des plus militants aux demandes de terroristes.
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