(Ottawa) Voilà, c'est officiel, imprimé noir sur blanc et disponible sur le site du Conseil du Trésor fédéral?: la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) a compris que «compte tenu du niveau de sensibilité de la population en regard de la Conquête, le type d'activités de commémoration doit être choisi avec grande précaution».
Traduit en langage de tous les jours, l'aveu est clair, les responsables des plaines d'Abraham se sont gourés en voulant rejouer la bataille de 1759 en août dernier. Il a fallu attendre la publication la semaine dernière du très officiel Rapport sur le rendement pour la période se terminant le 31 mars 2009 pour le savoir, mais voilà, mieux vaut tard que jamais.
La Commission avait pris conscience, avec les activités du 400e anniversaire de Québec, en 2008, du caractère «incontournable» du parc qu'elle gère au nom du fédéral.
Alors pourquoi ne pas en profiter, d'autant plus que la ville de Québec, soutient le rapport, «vise à favoriser le tourisme par l'organisation de grands spectacles»?
L'enthousiasme aidant, l'an dernier, la Commission s'est mise à planifier les commémorations du 250e anniversaire des batailles de 1759 et 1760, connues comme les batailles des Plaines et de Sainte-Foy.
Pour mémoire, les Britanniques ont gagné la première, les Français la seconde. Le sort de Québec fut scellé par l'arrivée de la flotte anglaise plutôt que de la française, coulée au fond de la baie des Chaleurs. La discussion sur les conséquences des événements, elle, dure depuis 250 ans.
La Commission reconnaît donc avoir «planifié un projet d'envergure, soit une reconstitution historique de ces batailles qui devait être la plus imposante démonstration du genre au pays». Au programme, la présence de 2000 à 3000 reconstituteurs (sic), «des passionnés d'histoire qui parcourent le monde pour participer bénévolement à ces évocations d'époque».
Elle y attendait 100 000 visiteurs. Mais elle voyait trop grand et, surtout, a confondu les spectacles de Paul McCartney et Céline Dion avec un événement historique toujours controversé.
On se rappellera le ramdam occasionné par sa décision. On constatera également que les pieux démentis de l'époque à l'effet que la Commission ne prévoyait rien de vraiment extraordinaire n'étaient que cela, de pieux démentis. Je m'étais laissé raconter à la fin de l'été 2008 qu'elle avait réservé pour l'été suivant l'ensemble du matériel de scène utilisé pour les grands spectacles. Comme quoi certains ne manquaient pas d'ambition!
«Après une période de consultation et d'écoute, la CCBN a été en mesure de mieux cerner la sensibilité des gens face à certains éléments de sa programmation», admet-elle dans le document.
Résultat?: annulation de la reconstitution et modification de certaines activités «pour offrir une programmation sobre et respectueuse qui rappelle l'importance des événements et les conséquences du siège de Québec sur la population civile».
Bon, mais il fallait y penser plus tôt! J'apprécie au passage le ton du rapport administratif, qui ne blâme aucun agitateur pour ces soubresauts.
Le texte invoque aussi les craintes des responsables au sujet de la sécurité des participants et du public à la suite de
l'annonce de contre-manifestations de certains groupuscules d'activistes. Mais ce qui était la raison principale pour
annuler la reconstitution ne vient plus qu'en aparté. Les responsables du projet assument leur erreur d'appréciation.
Quant au «ministre des Plaines», James Moore, il s'en lave les mains. Sa présentation de trois paragraphes ne glisse mot de la controverse et de son dénouement.
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