Devant un français anémique et menacé, initions-nous à l’anglais : dernièrement je me suis retrouvé en pleine réflexion sur la préséance de l’anglais au Québec. Il semble en effet que bien des gens, des Québécois pure laine entre autres, sont attirés par une initiation à l’anglais de l’intérieur même d’un système d’éducation dont nous nous sommes pourtant dotés afin de tendre vers le français langue commune de façon bien organisée.
En fait, l’argument de poids est que pour travailler ou pour continuer de s’ouvrir sur le monde, il faut que la population possède un rudiment d’anglais. Pour Couillard et sa troupe, il faudrait même qu’un ouvrier soit capable d’accueillir un patron en anglais sur la ligne de montage.
L’objectif illustre on ne peut mieux ce qu’on entend par «anglais». C’est-à-dire une langue tout à fait étrangère à l’ouvrier québécois, mais dont il devrait balbutier des mots pour montrer qu’il en maîtrise bien quelques bribes comme subalterne.
Alors je dis : lançons-nous à la défense de l’anglais. Pas de cet anglais de façade qui ferait jouir d’aise un patron anglophone voyant chez ses subordonnés une soumission bien apprise de par son élocution d’une langue universelle comme l’anglais des affaires. Non, non, non, … Je veux parler de cette grande langue de Shakespeare que l’on ne finit par lire dans le texte et bien maîtriser qu’après des années d’études, une langue dont de grands poètes ont usé avec raffinement, la langue des Keats et des Byron.
À vrai dire, ouvrons aux ignorants ouvriers les portes de l’université d’où ils tireraient, rémunérés par leur patron, tous les bénéfices de l’apprentissage d’une grande langue, celle de Thomas More à Bertrand Russel, celle des contes de Canterbury jusqu’au théâtre de Beckett.
Initions la population à la culture anglo-saxonne de manière à ce qu’elle ne confonde plus «anglicismes» et «joual». Que de précieuses leçons sur l’art de réfléchir à toutes les nuances de ces mots anglais, banales pour les anglophones, mais qui nous tordent la langue et révèlent notre accent français.
En fait, au lieu de la langue de la Bourse et de la mondialisation, qui nous mettent toutes deux autant devant la nécessité de parler mandarin que l’obscure néerlandais, mettons à la disposition des Québécois toutes les cultures du monde avec leurs langues respectives au milieu d’une école accessible aux adultes et gratuite. Quel beau programme, n’est-ce pas Monsieur Couillard ?
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
10 septembre 2014Je rageais de voir un militant communiste promouvoir l'anglais.
C'est vraiment de l'internationalisme.
Tout comme je rage quand j'entends l'expression "Un Québec pour tout le Monde".
Car offrir le Québec aux Autres, s'ouvrir aux autres cultures, c'est se déposséder, perdre notre âme de nation via une prostitution de notre culture et de nos traditions.
Mais bon, je ne peux qu'encourager l'apprentissage de l'anglais et de quelques autres langues pour que les individus (et non la collectivité) puissent percevoir le monde de différentes perspective. Je ne maîtrise pas le mandarin, mais je le préfère au Cantonais et aux différentes langues de l'Asie du Sud-Est. Merci au sous-titrage anglais qui me permet de voir de nombreux films chinois et asiatiques, incluant le cinéma national de la République Populaire de Chine.
Ce n'est pas tant le boss qui veut qu'on lui parle en anglais, dans sa langue. Les patrons et cadres sont généralement francophones. Et ils peuvent eux-mêmes peiner avec l'anglais. Souvent le matériel n'a pas autant d'instructions en français qu'en anglais. Mais c'est surtout pour que l'ouvrier francophone puisse côtoyer des collègues provenant de pays non-francophones.
L'entreprise alimentaire FDA (Frank & Dino Agostino) demande à ses journaliers d'être bilingue anglais/français comme atout. La description des tâches est de monter des commandes sur un palette et de conduire un transpalette. FDA est la propriété de mafiosi.
Plutôt que de faire suivre des cours d'anglais rémunéré par l'entreprise, je propose plutôt que la Loi oblige les entreprises à offrir une prime de bilinguisme en sus du salaire lorsque l'employeur exprime cette demande. Une prime à l'anglais va motiver l'ouvrier à apprendre cette langue. Et l'employeur va réfléchir plus longuement sur la nécessité du bilinguisme avant d'offrir cette prime.