Malgré de nombreux sondages qui pointent vers une défaite de Trump le 3 novembre prochain, nous aurions tort de considérer l’élection présidentielle comme une affaire réglée.
S’il est vrai que peu de candidats dans l’histoire ont surmonté un déficit aussi important au plan national et dans les États pivots, nous ne sommes qu’en juillet. L’entourage de Donald Trump exerce de fortes pressions sur le président pour qu’il modifie son approche face à la propagation de la COVID-19. D’un naturel instinctif et indiscipliné, Trump semble cette fois plus enclin à respecter l’avis de ses stratèges.
Vous avez comme moi constaté qu’il a finalement accepté d’être vu en public avec un masque et qu’il considère maintenant cette mesure comme un geste patriotique. Est-ce assez pour faire oublier ses nombreuses contradictions et ses déclarations passées? On peut en douter, mais le président a également d’autres cartes dans sa manche.
Un premier facteur à considérer avant de prédire une défaite de Donald Trump réside dans sa victoire surprise de 2016. Si Joe Biden n’est pas Hillary Clinton et qu’il polarise moins, il représente malgré tout l’élite politique de Washington. Même s’il doit maintenant défendre un bilan peu reluisant, Donald Trump est toujours considéré par plusieurs comme un «outsider», seul capable de secouer l’État profond américain.
Si je souligne régulièrement les écarts du président, son absence de vision globale et le caractère polémique de ses propos, les mêmes sondages qui favorisent son adversaire confirment également que même en difficulté, il parvient encore à obtenir le soutien de plus de 40% de la population. En trois mois, il peut assurément améliorer ce pointage.
Il y a fort à parier que Donald Trump exploitera également au moins trois autres thèmes, à commencer par sa confrontation avec la Chine. Déjà le secrétaire d’État Mike Pompeo a sonné la charge cette semaine et légèrement modifié le discours de l’administration. À défaut d’une stratégie à long terme, attaquer la Chine constitue une cible facile et on invite le monde occidental à réagir. L’épouvantail chinois sera régulièrement agité d’ici au 3 novembre.
Si la Chine représente un angle évident, la crainte d’une administration progressiste associée à la «gauche radicale extrême» pourrait permettre au président sortant de marquer des points. On oublie que si Joe Biden entretient une image de modéré, il présente le programme le plus à gauche depuis fort longtemps. Bernie Sanders n’est peut-être pas devenu le candidat du parti, mais son influence et celle de la faction plus progressiste sont perceptibles.
Dernier facteur à considérer: la gestion des manifestations qui n’ont pas cessé depuis la mort de George Floyd. Les manifestations, bien légitimes au départ, ont parfois été détournées par des factions radicales et des casseurs. Qu’on apprécie ou pas l’envoi d’agents associés au gouvernement fédéral ne change que peu de choses à la réalité: les manifestations semblent hors de contrôle aux yeux de bien des Américains. Le président de «la loi et l’ordre» ne manquera pas de le souligner.
Donald Trump traverse une période très difficile et si je devais parier, je placerais mes jetons sur le candidat démocrate. Il faut cependant reconnaître que Joe Biden n’a pas colmaté toutes ses failles, qu’il devra éventuellement quitter son sous-sol et que le président détient encore plusieurs cartes dans son jeu. Une seconde victoire de Trump est donc peu probable, mais pas impossible.
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