Hier soir se déroulait le cinquième débat démocrate. Tous les observateurs surveillaient bien sûr le trio habituel de meneurs, mais Pete Buttigieg était l'objet d'une surveillance accrue.
J’ai souligné la progression de Mayor Pete dans un billet la semaine dernière. Ce qu’il a réalisé jusqu’à maintenant constitue un exploit en soi. Comme deux sondages le placent désormais au premier rang en Iowa, ses partisans commencent à croire en ses chances de s’imposer à la fin du parcours des primaires et des caucus.
Buttigieg candidat démocrate à la présidentielle 2020, c’est encore un pari très audacieux, mais ce n’est pas un scénario impossible. On scrute de plus en plus son passé, son programme, son bilan comme maire de South Bend et sa vie personnelle.
Buttigieg n’a jamais tenté de dissimuler son orientation sexuelle ni le fait qu’il est marié. Son époux est régulièrement à ses côtés et il est parfois plus populaire sur les réseaux sociaux que le candidat. Vendredi dernier, Michael Kruse se risquait à publier un texte dans le POLITICO Magazine et il s’interroge très ouvertement sur l’influence de l’homosexualité dans le choix éventuel des électeurs américains.
On s’est déjà interrogé à savoir si être une femme pouvait être un facteur ou encore si nos voisins étaient prêts pour un président noir. Il me semble bien légitime de réfléchir publiquement aux retombées de l’orientation sexuelle ou du mariage entre conjoints de même sexe.
Kruse rapporte que les Américains étaient plus prêts à voter pour un homme de couleur en 2008 qu’ils ne le sont à voter pour un gai. Pour ma part, j’ai déjà affirmé en 2007 que je ne croyais pas voir un président noir de mon vivant. Des sondages de l’époque indiquaient que les Américains eux-mêmes ne croyaient pas que ce serait possible avant une cinquantaine d’années. Obama a fait une campagne extraordinaire et nous connaissons la suite. Reconnaissons ici à nos voisins leur capacité à nous surprendre.
Parfois, le contexte est opportun et le candidat idéal en bénéficie, mais la reconnaissance des droits de la communauté LGBT est récente. Si Buttigieg grimpe en Iowa, un sondage indique que seulement 30% des démocrates qui voteront pendant les primaires et caucus pensent que Buttigieg est en mesure de vaincre Trump. Leur manque d’enthousiasme sur ses chances de victoire s’explique par le fait qu’il est gai.
On compare occasionnellement le parcours et la stratégie de Buttigieg à la campagne 2008 d’Obama. Kruze souligne cependant une différence majeure. Oui, Obama était charismatique et bien organisé, mais il n’était pas le premier candidat noir de l’histoire de sa formation politique. Buttigieg est le premier à reconnaître ouvertement son homosexualité.
Une fois de plus les États-Unis surprendront peut-être le monde. Mais je rappelle avant de vous laisser que bien des états peinent à reconnaître les mariages entre conjoints de même sexe, que l’administration de George W. Bush a tenté de modifier la constitution pour y inclure une définition restrictive du mariage, que l’actuel vice-président (ancien gouverneur de l’Indiana) a une position très conservatrice sur la question et que le premier état à reconnaître les mariages entre conjoints de même sexe, le Massachusetts, ne l’a fait qu’en 2004.
J’ai déjà confié que j’aime beaucoup la candidature de Buttigieg et qu’il me semble être actuellement le démocrate le plus sensé. Mais je suis forcé de reconnaître que je crois peu en ses chances de s’imposer. Un constat qui m’attriste, mais qui me semble hélas réaliste.
Le lien pour l'article de Kruse est ici.