Il y a peu, j’écrivais que la quasi-totalité des sondages pointent vers une avance de plus en plus confortable de Joe Biden, autant à l’échelle nationale que dans les États pivots. J’ajoute habituellement qu’il reste cependant beaucoup de temps avant que les Américains n’enregistrent leur vote.
Si les démocrates peuvent se réjouir de la stabilité des appuis, les stratèges demeurent prudents et ils savent bien qu’en raison du contexte actuel, la situation pourrait évoluer rapidement. La gestion de l’épidémie par le président a été maintes fois critiquée, mais, aussi étrange que cela puisse paraître actuellement, Donald Trump pourrait bien compter sur un rebond spectaculaire de l’économie pour coiffer Joe Biden au fil d’arrivée.
C’est du moins ce qu’avance un économiste qui a travaillé au sein de l’administration Obama. Pour Jason Furman, nous avons tort de comparer la situation actuelle à une dépression comme celle qui a frappé les États-Unis durant les années 1930. Pour bien analyser la situation, il faut plutôt considérer que le pays est frappé par une catastrophe naturelle.
La distinction est importante puisque la crise des années 1930 révélait bien des problèmes sous-jacents de la situation économique alors que les choses allaient plutôt bien pour les Américains avant l’éclosion de la COVID-19. L’argumentaire de Furman est présenté aujourd’hui sur le site POLITICO et d’autres démocrates l’appuient. D’où l’inquiétude des stratèges.
Si l’éclosion a provoqué un déclin brutal de l’économie, la reprise pourrait être tout aussi spectaculaire. Un peu comme c’est le cas après le passage d’un ouragan, la consommation reprendrait rapidement. Déjà, l’annonce d’un déconfinement progressif provoque des résultats intéressants. Nous assistons d’ailleurs au même phénomène au Québec à l’extérieur de Montréal.
Vous l’aviez déjà constaté, Donald Trump fonce à toute vapeur vers le déconfinement et multiplie les critiques à l’égard des gouverneurs qui ne procèdent pas assez rapidement à son goût, surtout s’ils sont démocrates. Il sait qu’il doit miser sur une reprise énergique s’il doit être réélu et il a manifestement peu d’égard pour les mises en garde des autorités de la santé publique et il ne pèche assurément pas par excès d’empathie. S’il souligne rapidement le sacrifice de ceux qui sont décédés de la COVID-19, il ne s’épanche pas longtemps sur leur cas, préférant monter au créneau d’un retour à la vie normale.
Le président devrait cependant se méfier d’un certain nombre d’indicateurs économiques. Si Furman souligne des perspectives intéressantes, il précise également que l’épidémie a provoqué un nombre significatif de faillites et que plusieurs entreprises se sont habituées à un régime minceur. La reprise ne signifierait pas nécessairement que tout le monde retrouvera son ancien emploi.
Si la reprise ne sera pas totale et que des problèmes persisteront, les stratèges démocrates sont conscients que Donald Trump n’a pas besoin d’un scénario parfait. Une reprise vigoureuse, bien qu’incomplète, pourrait suffire.