Pauline Marois a annoncé à Diane Lemieux que, à la rentrée d’octobre, le vétéran François Gendron la remplacerait à titre de leader parlementaire. (Photo PC)
Dès ses premières décisions, la nouvelle chef péquiste, Pauline Marois, a déclenché une crise importante dans son parti. Diane Lemieux a décidé en fin de semaine de démissionner de son siège de députée de Bourget après que la nouvelle patronne lui eut retiré, sans la prévenir, son poste de leader parlementaire à l’Assemblée nationale.
Mmes Marois et Lemieux se sont vues vendredi midi dans un restaurant de Montréal, «et elles n’ont pas demandé un deuxième café», a confié à La Presse une source informée de la collision des deux péquistes.
Vers la fin du repas, Mme Marois a annoncé à Mme Lemieux que, à la rentrée d’octobre, le vétéran François Gendron la remplacerait à titre de leader parlementaire. Cela a mis hors d’elle la bouillante députée de Bourget.
M. Gendron ayant déjà été informé de sa promotion, Mme Lemieux a repoussé d’un revers de main le poste de présidente du caucus que lui laissait entrevoir la chef péquiste.
Pour expliquer sa décision, Mme Marois a invoqué le fait que Mme Lemieux était trop identifiée à son prédécesseur, André Boisclair. Hors d’elle, Mme Lemieux a fait valoir qu’elle a été loyale au chef péquiste tout comme elle l’avait été envers Bernard Landry avant lui ainsi qu’à Lucien Bouchard, qui l’avait nommée ministre du Travail dès son élection, en 1998.
Mais on se souviendra que Mme Lemieux avait donné son appui à Bernard Landry en janvier 2001, au départ de Lucien Bouchard. En 2005, dans la course à la succession de M. Landry, elle a très tôt rejoint le camp d’André Boisclair.
Vendredi, certaines sources soutenaient que Mme Lemieux avait menacé de démissionner. Des membres de l’entourage de la députée péquiste soutenaient plutôt hier que, sans faire de menaces, elle a décidé de tirer sa révérence dans les heures qui ont suivi. Elle annoncera sa décision à Mme Marois aujourd’hui et doit la rendre publique plus tard cette semaine.
Jointe chez elle hier soir, Mme Lemieux a coupé court à la conversation quand La Presse lui a parlé de son dîner de vendredi. « Notre conversation s’arrête maintenant », a-t-elle conclu avant de raccrocher.
Mme Lemieux, âgée de 45 ans, a toujours eu une carrière ascendante. Sa proximité avec André Boisclair tient pour beaucoup à sa longue amitié avec Éric Bédard, un des proches conseillers de M. Boisclair dans la course à la direction du PQ.
Mme Marois compte annoncer la nomination de François Gendron au caucus du 29 août, à Québec. Elle devrait du même souffle confirmer Stéphane Bédard, député de Chicoutimi, au poste de whip du «deuxième groupe d’opposition» à l’Assemblée nationale, l’appellation du PQ depuis qu’il a glissé derrière l’ADQ pour le nombre de sièges.
Dès l’arrivée de Mme Marois, Mme Lemieux avait fait des déclarations qui trahissaient son manque d’enthousiasme. Quand la nouvelle chef a mis de côté le calendrier référendaire, Mme Lemieux s’était contentée de dire que Mme Marois ne faisait que «confirmer ce qu’elle avait dit qu’elle ferait».
Dans son entourage, on s’interroge. «À 45 ans, Diane Lemieux va-t-elle s’asseoir au fond du poulailler?» (la partie de l’Assemblée nationale où, sous les projecteurs, sont inconfortablement assis désormais les députés péquistes).
Celle qu’on surnomme «la lionne de Bourget» en raison de son fort tempérament travaillait comme avocate spécialisée dans les droits des femmes victimes d’agression sexuelle. Elle dirigeait un organisme dans ce domaine à Sherbrooke quand des conseillers de Lucien Bouchard l’avaient remarquée et nommée à la présidence du Conseil du statut de la femme en attendant les élections toutes proches. Elle a été élue en 1998 et nommée au Travail, puis à la Solidarité sociale, une responsabilité qu’elle a partagée avec André Boisclair.
Son arrivée par la suite à la Culture fut remarquée: le jour même de sa prestation de serment, elle avait accusé les Ontariens de ne pas avoir de culture!
À la place de Mme Lemieux, Mme Marois compte nommer François Gendron, député d’Abitibi-Ouest élu sans interruption depuis 1976. M. Gendron a brillé durant son bref passage à la barre de l’aile parlementaire péquiste, lorsqu’il a remplacé M. Boisclair comme chef, le printemps dernier. Mais sa détermination à décrocher des postes agace bien des collègues: quand Boisclair était chef et négociait de meilleures conditions pour l’ensemble des députés et recherchistes péquistes, M. Gendron insistait pour qu’on pousse sa candidature comme troisième vice-président de la Chambre, ce qui aurait assuré une meilleure masse salariale pour son bureau. Un autre candidat, Bernard Drainville, nouvel élu dans Marie-Victorin, lorgnait le poste de leader parlementaire.
Mme Marois a déjà mis de côté Pierre-Luc Paquette, directeur du parti, très proche du Bloc québécois et de son chef, Gilles Duceppe. Mais faute de candidats, elle l’a remplacé par Simon Bissonnette, un des lieutenants de Bernard Landry. Ce choix est d’autant plus surprenant que M. Bissonnette avait annoncé à André Boisclair qu’il comptait quitter la vie politique après les élections du printemps.
Diane Lemieux rétrogradée
Elle annoncera sa décision à Mme Marois aujourd’hui et doit la rendre publique plus tard cette semaine
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