Michel Cloutier et son fils Jonathan Bélanger-Cloutier, de la ferme BSC de la municipalité de l'Avenir, dans le Centre-du-Québec, ont été reconnus coupables vendredi dernier au palais de justice de Drummondville de cruauté envers les animaux. Depuis plusieurs années, les deux agriculteurs prêtent leur ferme à des musulmans pour qu'ils puissent pratiquer leur rituel dans le cadre de la fête de l'Aïd-el-Adha.
Selon le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), les Cloutier ont enfreint la Loi sur la santé et le bien-être des animaux et la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Ce dossier pourrait leur coûter 100 000 dollars en amende et en frais juridiques.
Chaque année, les Cloutier vendent des moutons et prêtent leur ferme à des groupes de musulmans pour le rituel de l'Aïd-el-Adha qui consiste, en gros, à égorger des moutons. Or, selon le MAPAQ, qui était intervenu en 2016 sur la ferme des Cloutier, des moutons avaient été mal égorgés.
Mohamed Sami Jelidi, un musulman qui a déjà célébré l'Aïd-el-Adha chez la ferme BSC, était en colère l'an dernier lorsqu'il avait appris que les Cloutier avaient été accusés par le MAPAQ de cruauté envers les animaux. « C’est ridicule. [...] Ça frappe l’imaginaire, le sang, les couteaux, et on passe pour des criminels qui n’aiment pas les animaux », avait-il raconté aux médias.
On peut se demander pourquoi seuls les fermiers ont été accusés dans cette affaire. Or, la nièce de Michel Cloutier, Sonia Cloutier, avait laissé entendre à ce sujet qu'il était moins compliqué de cibler uniquement les fermiers : « Le MAPAQ est sur notre dos, au lieu d'accuser les musulmans qui le font », avait-elle déploré lors d'une entrevue. « On loue, ce n'est pas nous qui abattons. Nous servons de bouc émissaire. [Au MAPAQ, ils] ont dit que c'était trop compliqué de donner des amendes à chaque musulman. »