Une connaissance m’a dit ceci le 6 mars dernier (2023) :
«D’ailleurs, je ne comprends pas ton acharnement contre Desjardins…»
Il m’est important de transmettre «pourquoi j’aime Desjardins et la coopération» : c’est l’essence même de ma démarche ci-dessous, la même que celle des fondateurs des Caisses populaires, Dorimène et Alphonse Desjardins.
La position actuelle de la Caisse d’économie solidaire Desjardins de Québec (CÉSD) (et du Mouvement Desjardins [MD] dans son ensemble) est des plus équivoques en termes de coopération. Je l’ai dit et le répète : Desjardins n’est pas une oeuvre philanthropique ou de charité : c’est une coopérative d’épargne et de crédit au service de ses membres, au service de tous ses membres, et non pas seulement pour quelques privilégiés choisis par la direction de l’entreprise.
Si Desjardins n’est plus cela, Guy Cormier doit le dire franchement et le gouvernement du Québec aussi, car Desjardins est sous la tutelle de la loi sur les coopératives de services financiers (L.R.Q., c. C -67.3).
Un philosophe nous invitait la semaine dernière à participer à son café-philo et terminait son invitation par la maxime suivante :
«Les riches, pour en finir avec l’entraide, ont inventé la philanthropie»
Ainsi, au nom de vouloir aider des entreprises «socialement responsables» (expression de M. Gérald Larose, ex-président de la CÉSD et de la CSN), la CÉSD a inventé la politique administrative qui soustrait les ristournes à tous les membres, afin de les remettre qu’à quelques membres «entreprise» seulement; l’intention d’aider quelques entreprises dites «socialement responsables» est noble, mais la manière ne l’est pas. Elle va à l’encontre de la dignité humaine, de la coopération et du coopératisme. C’est par un abus d’autorité qu’au nom de la coopération, du coopératisme et son altruisme, des fonds importants sont détournés de leur vocation coopérative à toutes et à tous.
Favoriser une minorité au détriment de la majorité (et son exploitation financière) n’était certes pas l’intention des fondateurs Dorimène et Alphonse Desjardins.
Voilà pourquoi j’aime Desjardins et la coopération, selon l’essence même du coopératisme et non celui d’une oeuvre de charité.
La coopération n’a pas, et n’a jamais eu l’intention de créer des privilégiés : et les fondateurs des Caisses non plus : tout le contraire. En coopération, on ne doit pas exploiter la majorité des personnes au bénéfice d’une minorité, aussi demandante soit-elle. Ça, c’est le rôle d’un gouvernement et les conseils d’administration des Caisses Desjardins ne sont pas des gouvernements locaux ni régionaux ni provinciaux : ils sont des entités administratives et fiduciaires des argents qui appartiennent aux membres de la coopérative; le fruit de cette fiducie doit revenir aux membres et à tous les membres.
Les dirigeants élus sont redevables aux sociétaires : si ce n’est plus vrai, il faut le dire.
La manière d’agir actuelle de la CÉSD et du MD n’est plus du coopératisme, mais bel et bien du favoritisme. C’est là tout le contraire de l’esprit du coopératisme et de la coopération, où la justice de l’exploitation de chacun se fait par un retour financier équitable de l’utilisation de sa coopérative.
Je suis membre d’une coopérative (librairie de l’UQTR) et je bénéficie de prix avantageux à l’usage de ma librairie : plus je l’utilise, plus j’économise à l’achat de biens qui me sont nécessaires. C’est là l’essence même du coopératisme : ni plus ni moins.
Je soupçonne qu’il y a une autorité occulte sous cette dérive grave de Desjardins et de l’exploitation des membres : qui est-elle? Déjà Desjardins subventionne les coopératives de Santé du Québec, la Santé à la 3e vitesse. C’en est trop.
Tous les membres d’une coopérative (comme d’un syndicat) ont droit à la même considération d’un retour financier juste de leur COOP, sinon ce n’est plus une coopérative (ni un syndicat) : c’est autre chose et alors, cette entreprise ne doit plus se dire une COOPÉRATIVE (ni un syndicat). Elle doit s’interroger sur sa raison d’être.
Qui commande cet abus d’autorité de l’exploitation financière des sociétaires des Caisses Desjardins?
La façon de faire de la CÉSD n’est pas éthique : elle bafoue les fondements mêmes d’une coopérative où chaque personne doit y retrouver son Retour sur Investissement (RSI) : il ne doit pas y avoir de privilégiés aussi riches ou pauvres soient-ils.
De plus, en coopération, c’est «un membre, un vote» : chaque personne doit pouvoir être bien informée et pouvoir voter sur des propositions, surtout lorsque ces propositions affectent l’essence même de l’entreprise dite «coopérative». Ce que Claude Béland a volontairement bafoué de la hauteur de son titre de président du MD le 4 décembre 1999 : une grave usurpation que feu René Croteau, ancien directeur général de la Fédération des Caisses populaires Desjardins de Lévis, a très bien relevée et décrite dans son livre «Un patrimoine coopératif défiguré et dénaturé; le Mouvement Desjardins 1997-2003» (disponible en bibliothèque seulement).
Dans les compagnies à capital-actions, tous les actionnaires sont informés et peuvent voter sur des propositions de l’administration, selon leur participation financière (actionnaire); alors, la CÉSD devrait informer et demander à tous ses membres de voter sur sa proposition de soustraire les ristournes aux membres afin de les concentrer arbitrairement qu’à certaines entreprises dites «socialement responsables». Et celles et ceux qui voteraient «contre» recevraient leur juste ristourne qu’ils pourraient utiliser selon leur volonté, à leur gré.
Il est bien connu aujourd’hui qu’une «démocratie» peut verser dans la dictature et sa tyrannie; nous l’avons vu avec Hitler, avec Trump et ses décrets à la tonne et sa tentative de coup de force au Capitol. On l’a même vécu sous la gouvernance de René Lévesque en juin 1982 lorsque son gouvernement imposa une coupure de 20% des salaires des employé(E)s de l’État pour les trois premiers mois de 1983 (loi 70). Une démocratie n’est pas à l’abri de son effondrement et ce n’est que par le peuple et son audace d’oser dire «NON» à l’abus d’autorité qu’elle se maintient en place. Toutes les gouvernances sont fragiles. La vie d’une démocratie est tributaire de ses citoyens qui à l’intérieur de ses institutions dites «démocratiques» usent de leur parole pour émettre leurs craintes et leurs aspirations à un monde meilleur.
La façon de procéder de la CÉSD (et même du MD) n’est pas démocratique, car tous les membres ne sont pas informés ni consultés : qu’une toute petite partie des 21 000 membres de la CÉSD par ce que la direction de la Caisse a appelé les «Rendez-vous solidaires» , qui se font à la suite de l’assemblée générale annuelle. Il n’y a pas 21 000 membres qui assistent à ce rendez-vous annuel!
Rappelons aussi que depuis 2010 (sous la tutelle de Monique F. Leroux), les membres sont menacés d’exclusion par les règlements de régie interne 4.6 et 4.7 s’ils osent protester : ils peuvent alors être accusés (par le conseil d’administration tout puissant) d’avoir tenu des propos offensants envers les dirigeants et punis d’exclusion de la Caisse.
La liberté de penser par soi-même et d’utiliser la parole (élément central de toute démocratie) est ainsi bafouée. Nulle ostracisation ne peut menacer le peuple si celui-ci vit en démocratie, sinon, nous ne sommes plus en démocratie. Une faute grave contre la loi doit être démontrée pour retirer les droits fondamentaux et démocratiques à une personne.
La politique administrative actuelle de la CÉSD (et même du MD) fait une ouverture toute grande au danger de malversation, de trafic d’influence, de soudoiement, de maquignonnage. Cette politique des dons, des commandites, des subventions et même la création de fonds dédiés à des causes discutables annoncent un péril grave du coopératisme et de l’esprit de coopération, si nous n’y prenons garde : l’exploitation des membres au profit de quelques minorités choisies par la direction fonctionne de plus en plus à plein régime, et c’est totalement abusif.
Si je fais erreur, alors qu’on se lève, qu’on argumente et qu’on me prouve que j’ai tort.
Voilà donc ma réponse à cette personne qui ne comprenait pas mon acharnement «contre» Desjardins : je ne suis pas «contre» le coopératisme et l’esprit de coopération ni «contre» Desjardins; je suis «pour». Mais je suis «contre» l’actuel abus d’autorité que les directions des Caisses et du MD exploitent à l’encontre de tous les membres au nom du coopératisme.
Si Desjardins n’est plus une coopérative, que le gouvernement le dise, que L’AMF le dise, que Desjardins le dise, ou que cessent ces détournements des fonds qui appartiennent aux membres, sociétaires de LEUR coopérative de services financiers.
En terminant, je rappelle les 100 millions de dollars (100,000,000. $) que s’est octroyé Guy Cormier lors de sa nomination à la présidence du Mouvement Desjardins en 2016 pour faire des cadeaux, comme ça, à des entreprises qu’il croyait nécessaire de favoriser! 100 millions de dollars, c’est une somme d’argent importante sur laquelle il faut se demander : d’où venait donc tout cet argent?
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