Le soudainement est bien connu dans les régimes communistes, socialistes et capitalistes; il ne faut pas se penser à l’abri de ces écarts de conduite des plus nantis dans nos sociétés d’abondance.
Notre réseau de la santé publique est en danger d’effondrement : ses employés s’efforcent de maintenir le fort en bonne condition de rendre ses services à la population, mais leur énergie à la tâche et leurs capacités mentales sont mises à rude épreuve. Leur propre santé est sur la corde raide : l’équilibre est fragile. Notre vulnérabilité à tous est croissante. Nous flirtons avec un point de bascule, si celui-ci n’est pas déjà atteint…
Ce sont les fondements philosophiques mêmes de l’organisation de la santé et des services sociaux qui s’empoisonnent, c’est-à-dire ce droit pour tous de jouir gratuitement des soins pour une santé physique et mentale saine, indépendamment de nos moyens financiers.
L’augmentation des délais d’attente qui atteint désormais des temps qui n’ont plus de bon sens, l’augmentation très réelle des soins de santé par des organisations privées et dispendieuses, l’ensemble des complications qui n’arrêtent pas de se multiplier au sujet de la gestion de la douleur physiologique et mentale des personnes, tout ça fait croître un danger vieux comme le monde : le soudoiement du personnel soignant pour recevoir les soins attendus et nécessaires à la bonne santé.
Évidemment, nos politiciens de bonne volonté n’oseront reconnaître ce danger; celui-ci devient pourtant de plus en plus latent et réel. C’est absolument humain : l’humain n’a pas toujours cette grandeur d’âme et ce jugement qu’on voudrait lui accorder. Les maux du corps et des excuses très discutables de compassion de certaines autorités leur font faire des actions dont la moralité est élastique. L’humain n’est pas divin et ses souffrances lui rappellent sa condition terre-à-terre. Et alors, c’est encore le pouvoir de l’argent (d’où qu’il vient, car l’argent n’a pas d’odeur), qui devient le seul qui parle… et qui soigne!
En ces moments incertains, les femmes et les hommes de bonne volonté conjuguent leurs maux au meilleur de leurs conditions; et si vous avez des économies, la tentation d’acheter des services de santé « privilégiés » va certainement vous séduire. Entre deux maux, nous choisissons tous le moindre, et le soudoiement du personnel médical, dans un régime de soins de santé universels et gratuits pour tous, reprend malheureusement une place de plus en plus insidieuse! Le soudoiement, c’est immoral.
C’est là un danger grave et croissant dont nos politiciens honnêtes doivent tenir compte dans l’organisation des services de santé pour tous. Le pourront-ils? En auront-ils le courage d’oser l’aborder? Succomberont-ils au pouvoir de l’argent comme certains l’ont fait lors de leur passage au pouvoir politique? « Déontologie et Éthique » sont-ils des mots sans consistance?
Il y a des limites à ne pas franchir dans la liberté d’action politique sans risquer l’immoralité.
Sommes-nous plus que jamais au seuil de la corruption des services publics du Québec? Oserons-nous regarder ce miroir en face? Difficile, mais plus que jamais nécessaire.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé