Peut-on imaginer un syndicat dont la mission ne bénéficierait qu’à une minorité de ses membres? Dont les droits à la protection syndicale ne seraient accordés qu’à seulement quelques employés syndiqués? Inimaginable! Un syndicat existe pour défendre les droits de tous ses membres.
De même dans une coopérative : peut-on imaginer que les avantages financiers d’une coopérative ne reviennent qu’à quelques membres privilégiés, choisis arbitrairement par la direction de la coop? Absolument inimaginable et inacceptable. Une coopérative est toujours créée par ses membres et pour tous ses membres. Et la grande distinction d’affaire d’une coopérative, c’est le partage équitable des « trop-perçus » annuels (les profits de la « business »), fruit d’une saine administration de la direction, après le dévoilement des rapports financiers annuels devant les membres en assemblée générale.
Le coopératisme, ce n’est pas de la philanthropie ni une oeuvre de charité au service des défavorisés de la société. Le coopératisme et ses avantages organisationnels doivent revenir aux membres qui ont choisi d’embarquer dans le défi d’affaires qu’ils se sont donné en adhérant à la coopérative.
De plus, l’adhésion à une coopérative est ouverte à toutes et à tous; c’est un choix libre et intéressé, fait par des personnes, des individus. C’est le contrat implicite de toutes les coopératives du monde avec leurs adhérents, pour leur intérêt personnel et mutuel. Une coopérative, c’est une entreprise économique au bénéfice des personnes qui en sont membres. Si ce n’est pas ça, ce n’est pas une coopérative.
Le coopératisme, c’est comme le syndicalisme : ce sont les membres qui récoltent les bienfaits de leur adhésion à leur association d’affaires; c’est l’antithèse du capitaliste où seul, le propriétaire du capital dirige tout, et récolte tout; le coopératisme comme le syndicalisme c’est démocratique.
Mais depuis Claude Béland au milieu des années 1990, le coopératisme s’est graduellement confondu et perverti à des valeurs capitalistes et communistes : la propriété de la coopérative s’est insidieusement transférée à quelques privilégiés de l’entreprise, avant même la présentation annuelle des résultats financiers en assemblée générale des membres.
Il y a d’abord eu l’instauration de la « rémunération incitative » que Claude Béland s’est empressé de bénir, car elle autorisait des bonis au rendement jusqu’à la haute direction des emplois de l’institution! Ce fut là le premier et le plus grave faux pas à l’encontre du « spirit » du coopératisme: le pouvoir du capital reprenait ainsi ses droits premiers à l’encontre de l’esprit de coopération envers les membres.
Le 4 décembre 1999, après quelques années de « réingénierie » orchestrées par Claude Béland, une nouvelle constitution fut votée dans la controverse; celle-ci soustrayait officiellement le pouvoir des membres sur leur coop financière. De fait, des accords internationaux de la finance remettaient tous les pouvoirs de gestion de la patente « coopérative » à ce palier du président du Mouvement où les agences de notation mondiale adressaient leurs ordres non négociables.
En 2005, sous la tutelle d’Alban D’Amours, Desjardins a obtenu du gouvernement du Québec l’autorisation de rémunérer les dirigeants élus des Caisses! Après plus de 105 ans d’entraide, les élus des membres à leur coopérative financière se voyaient recevoir une paye pour leur « travail de direction » de la coopérative : les dirigeants devenaient ainsi des employés du Mouvement Desjardins et ils perdaient de facto leur pouvoir de direction et leur autonomie dans leur coopérative. Ils devenaient des fantoches de la haute autorité du Mouvement Desjardins.
En 2010, devant la colère croissante des membres qui voyaient disparaître depuis plus de 20 ans leurs infrastructures villageoises difficilement construites depuis des décennies, Monique F. Leroux, alors présidente du Mouvement Desjardins et chef des opérations, ordonna l’implantation dans toutes les Caisses de 2 règlements de régie interne (RRI) qui commandaient une « saine conduite » (RRI 4.6) de la part des membres, sous la menace d’une exclusion radicale et arbitraire (RRI 4.7) de la Caisse par les dirigeants rémunérés à cette fin.
Et depuis 2015, toujours sous la tutelle de Mme Leroux, Desjardins annonça qu’il pouvait dorénavant faire des ristournes collectives! Les dons, commandites, subventions et fonds financiers de tout genre pullulent maintenant dans toutes les Caisses afin de distribuer le fruit financier de l’exploitation des membres vers toutes sortes de causes sociales, privées, privilégiées et gouvernementales. Desjardins devient un « bar ouvert » financier où tous quémandent leur part de l’exploitation financière des membres de la coopérative.
Desjardins devient la banque officieuse du gouvernement du Québec et un philanthrope provincial de premier plan sans plus aucune retenue : depuis l’erreur première de Claude Béland vers cette déchéance, la culture du bannissement des sociétaires des Caisses est maintenant achevée. Il s’agit d’ouvrir les yeux pour constater partout au Québec comment Desjardins distribue à gauche et à droite le capital financier (les trop-perçus) qui devrait revenir aux sociétaires; Desjardins achète les consciences et fait taire ses bénéficiaires, trop heureux et hystériques sont-ils de recevoir cette générosité inattendue et qui ne leur appartient pas.
C’est là une servitude involontaire des membres par leur coopérative : du coopératisme complètement défiguré et dénaturé.
Même l’AMF et la Commission des droits de la personne se taisent et ne trouvent rien à redire contre la malversation du Mouvement Desjardins; évidemment, puisque la légalité de la défalcation des fonds est admise par le gouvernement du Québec : légalement accepté, mais moralement inacceptable. Légalement détourné par des manoeuvres moralement indignes du coopératisme.
Depuis le règne de Claude Béland jusqu’à celui actuel de Guy Cormier, la culture du bannissement du Mouvement Desjardins écrase ses membres et les exploite honteusement. C’est coopérativement inacceptable. Ainsi agonise notre monde.
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