C’est fait! Quinze jours après l’annonce des élections fédérales, notre premier ministre québécois a osé exprimer, aux chefs des partis, les revendications du gouvernement du Québec. Son courage s’arrête là et il laisse le soin aux Québécois d’apprécier la réponse des partis fédéralistes pour marquer leur préférence le jour du vote.
La campagne électorale fédérale est passablement ennuyante, au point où je passe de longs moments à ne pas suivre la course, et ce n’est pas monsieur Couillard qui la rend plus intéressante. Il s’est comporté comme un élève qui a vite bâclé son devoir afin de passer le plus rapidement possible à autre chose. Il ne voulait pas être en reste avec sa voisine ontarienne, qui y est pourtant allée de façon plus musclée. C’est pourquoi il est loin d’avoir l’air convaincant sur la ferveur de ses demandes.
La liste d’épicerie du premier ministre n’est pas complètement dénuée de sens. Cependant l’attitude manifestée, dans les derniers mois à l’égard du gouvernement fédéral, sur quelques sujets énoncés dans sa liste, nous font croire qu’elle sera vite rangée aux oubliettes. Je ne prends que l’exemple du péage sur le pont Champlain où le gouvernement de monsieur Couillard a été d’une mollesse outrageante malgré un solide dossier pour le Québec. Pire encore, son gouvernement a même réussi à valser sur un possible changement de nom.
Quand on y regarde de plus près, cette liste d’épicerie révèle une réaction timorée aux camouflets que le Québec s’est fait servir par les conservateurs. Il est ainsi encore plus décevant que notre premier ministre ne soit pas capable d’avoir l’air courroucé, à défaut de l’être vraiment. On comprendra, à la lumière de ses agissements, que j’ai beaucoup de difficulté à croire en son virage nationaliste du week-end. Là aussi, les bottines risquent de ne pas suivre les babines et nous ne devrions pas tarder à découvrir un discours opportuniste.
La fièvre indépendantiste, qui monte peu à peu, apeure monsieur Couillard et son entourage au point de sortir maintenant le bonhomme sept heures et les épouvantails, tout en cherchant à occuper un espace plus grand sur l’échiquier de la CAQ.
Il est fort probable que les proches conseillers du premier ministre lui auront révélé que son insensibilité au désir d’affirmation des Québécois ne pouvait être payant électoralement. Ils ont dû lui en remettre sur la société distincte pour le voir s’élever contre une vision unitaire du pays en lui opposant les préceptes d’une fédération. Pourtant, c’est du pareil au même et il confond avec l’idée d’une véritable confédération où ce serait les composantes qui délimiteraient les mandats du pouvoir central.
À défaut de pouvoir nous faire une démonstration claire des bénéfices que nous retirons du Canada, il brandit, comme ses prédécesseurs, les affres de l’indépendance. En attendant la campagne de peurs face à un éventuel référendum ou un processus d’accession à l’indépendance, les libéraux passent à l’attaque avec une pré-campagne de peurs et de dénigrements.
Malgré que le Québec soit à lui seul parmi les trente premières économies du monde, monsieur Couillard nous prédit des années de souffrance sans plus de démonstrations que ses affirmations partisanes. De son côté, le président de sa commission jeunesse, tout aussi à court d’arguments que son chef, déclare que la souveraineté ne rejoint plus les jeunes et qu’elle est le projet d’une autre génération, à savoir celle de Pierre Karl Péladeau.
Nicolas Perrino, le président de l’aile jeunesse des libéraux, devrait jeter un coup d’œil du côté des autres partis politiques pour voir la détermination d’autres jeunes à prendre en main leur destin. Nous n’avons qu’à prendre acte de l’âge de certains candidats du Bloc pour constater que monsieur Perrino parlait pour ne rien dire.
Son autre argument, sur la supposée plus grande ouverture des jeunes sur le monde pour justifier une baisse de l’option indépendantiste, est tout aussi sans fondement. L’indépendance est loin de signifier fermeture sur le monde, au contraire, elle est une ouverture directe plutôt que par celle d’un intermédiaire fédéral qui ne représente pas toujours très bien qui nous sommes. Je pense au parti nationaliste écossais, qui, tout en étant indépendantiste, rallie de plus en plus de jeunes et manifeste un plus grand attachement à l’Europe que les conservateurs anglais.
La hargne libérale et la peur des fédéralistes sont nettement un bon signe pour les souverainistes qui devraient y voir une résurgence de l’idée de l’indépendance.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé