Couillard ferme la porte au gaz de schiste

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Capitulation totale ou recul tactique temporaire ?

Après cinq années d’intense controverse, le premier ministre Philippe Couillard semble avoir tranché : il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste au Québec, a-t-il affirmé dans une entrevue à Radio-Canada.

« Je crois de toute façon qu’il n’y a pas grand intérêt à développer cette ressource, uniquement sur le plan économique et financier. De toute façon, l’acceptabilité sociale n’est pas là », a-t-il expliqué au cours d’un entretien qui doit être diffusé ce soir au Téléjournal. « Actuellement, je ne vois pas l’intérêt de développer ça », a ajouté le chef libéral.

M. Couillard s’est pourtant déjà montré très intéressé au potentiel gazier de la vallée du Saint-Laurent. Et son gouvernement a vanté déjà à quelques reprises le potentiel en énergies fossiles du Québec, y voyant un moteur de développement économique.

Ce sont d’ailleurs les libéraux qui ont accordé la quasi-totalité des permis d’exploration dans la vallée du Saint-Laurent, et ce, entre 2006 et 2010. L’industrie s’est alors lancée dans des projets d’exploration, et ce, avant même la tenue d’une évaluation environnementale. Devant le tollé, le gouvernement Charest a finalement mandaté le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) en 2010, puis commandé une évaluation environnementale stratégique (EES) en 2011. Les péquistes ont ensuite mandaté de nouveau le BAPE.

Impacts multiples

Le ministre des Ressources naturelles et de l’Énergie, Pierre Arcand, a lui aussi dit la semaine dernière que l’acceptabilité sociale n’était pas au rendez-vous au Québec. Un constat également inscrit clairement dans le rapport du BAPE publié lundi.

Le document de 500 pages insiste aussi sur « l’ampleur des impacts potentiels associés aux activités de l’industrie du gaz de schiste dans un milieu aussi peuplé et aussi sensible que les basses terres du Saint-Laurent ».

La liste des impacts redoutés pour les communautés qui devraient vivre dans les secteurs exploités est d’ailleurs longue : « Détérioration de la qualité de l’air, augmentation du bruit, de la circulation routière et de la pollution lumineuse, diminution de la valeur des propriétés situées à proximité des plateformes de forage, impacts sur les paysages, risques d’accidents technologiques, impacts sociaux et impacts sur la santé. »

Les activités de l’industrie pourraient également entraîner des conséquences sur la qualité de l’environnement, « en particulier sur la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines, sur les aires protégées et les milieux humides, et entraîner la fragmentation des milieux forestiers ».

Non rentable

À plus court terme, « la présence des activités d’exploration pourrait entraîner des effets négatifs sur certains secteurs économiques des régions d’accueil, tels que les secteurs agricole, touristique et agrotouristique ».

Pire, l’industrie s’avérerait tout simplement non rentable pour le Québec. « Avec les prix du gaz naturel actuels et projetés, les redevances et les autres avantages financiers perçus par le Québec seraient insuffisants pour compenser les coûts et les externalités pour la société et l’environnement ou pour assurer la rentabilité de l’industrie », analyse le BAPE.

Même si le prix du gaz atteignait un niveau permettant d’assurer la rentabilité de l’industrie, « il n’est pas démontré que l’exploitation du gaz de schiste serait avantageuse pour le Québec en raison de l’ampleur des coûts et des externalités potentiels par rapport aux redevances qui seraient perçues par le gouvernement ». Quant au gaz produit, il serait destiné en bonne partie à l’exportation.

Un total de 12 entreprises contrôlent des permis couvrant de larges pans de cette vaste région. Les principaux détenteurs sont la québécoise Junex, mais aussi les albertaines Talisman Energy et Molopo Canada.

La rive sud du Saint-Laurent est ainsi largement couverte par des permis, essentiellement en Montérégie, dans le Centre-du-Québec et en Estrie. Même chose tout le long de la rive nord, entre Montréal et l’île d’Orléans. La superficie totale couverte dans les basses terres avoisine les 25 000 km2.


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