Conversation nationale

Continuer de reculer

Le Parti québécois nous convie à une ennième et indéfinie commission Bouchard-Taylor

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars

Vouloir l'indépendance, c'est souhaiter que le Québec grandisse en conversant davantage, et souverainement, avec le monde. S'affirmer, s'affranchir, pour mieux s'ouvrir.

Or, voici que le PQ, qui se prétend promoteur de cette idée, propose plutôt, à travers son concept de conversation nationale, d'intensifier ce que nous faisons déjà depuis trop longtemps : se regarder le nombril. Se dire à nous-mêmes notre différence, à défaut de pouvoir adéquatement l'affirmer aux autres.

Le Parti québécois nous convie à une ennième et indéfinie commission Bouchard-Taylor. Des années encore de débats usés à la corde sur la langue, l'identité, la peur de disparaître. Nous serons encore et toujours canado-franco-québécois-canadiens-français-d'amérique-dans-le-canada-mais-distincts-mais-pas-trop.

Bref, du sur-place. Et dans ce cas-ci, sur-place veut dire : continuer de reculer.

Dans un contexte où la "souveraineté avec offre de partenariat" recueille dans les sondages, depuis des années et sans promotion aucune, entre quarante et cinquante pourcent d'appuis, et qu'elle franchit aisément le seuil de la majorité au gré de la conjoncture médiatico-politique -- cinquante-quatre pourcent il y a trois ans à peine --, j'attends d'un parti qui se dit souverainiste qu'il s'engage pleinement à réaliser cet objectif. Est-ce trop demander ?

Nous sommes actuellement dans la situation absurde où nous avons un parti souverainiste qui travaille à convaincre ses militants que la souveraineté n'est pas réalisable, dans l'espoir les mobiliser derrière un objectif de gouvernance provinciale, "en attendant".

Les raisons de cette démarche sont d'une tonitruante limpidité : on veut mettre la charrue devant les boeufs, en ce sens qu'on veut absolument prendre le pouvoir avant d'avoir travaillé suffisamment à l'avancement de l'option qu'on prétend défendre. Et on essaie de se convaincre, et/ou de convaincre ses militants, qu'on pourra faire ce travail une fois aux commandes d'un gouvernement provincial, coincé comme ses prédécesseurs entre les besoins d'une nation et les moyens d'un état subordonné à celui d'une autre nation.

Comme je n'arrive pas à croire que les politiciens aguerris du PQ puissent s'imaginer une chose pareille, c'est non sans désarroi que j'envisage d'en conclure qu'ils sont, peut-être, de mauvaise foi.

Réalisons que le PQ actuel s'engage moins que celui de 1976. Trente-deux ans plus tard, il faut quand même le faire.

Gouverner après un référendum perdant est déjà une situation dont on a pu constater sinon l'incongruité, à tout le moins l'inconfort, pour un parti souverainiste qui entraîne alors inévitablement avec lui, à la baisse, l'adhésion à l'indépendance. Imaginons maintenant l'impact sur cette option d'un PQ qui s'avoue impuissant avant même d'avoir essayé; cela coupe à la racine la crédibilité du projet, et anéantit intrinsèquement les résultats de quelque effort subséquent que ce soit.

Je tiens à le dire : je ne suis pas un " caribou ", ou quelque sorte d'halluciné de la ceinture fléchée qui comprendrait mal la réalité de la politique et ses contraintes. J'admets qu'il est compréhensible qu'il ne fut pas toujours possible pour ce parti, qui a longtemps porté tellement d'espoir, d'aller aussi vite que de nombreux militants l'auraient souhaité.

Mais on ne peut pas, je crois, s'appuyer sur ce genre de considération pour justifier l'approche actuelle du PQ. Rien, en dehors des analyses à la petite semaine de Gesca -- et autres vendeurs de grisaille pro-canadienne --, ne permet de fonder la stratégie péquiste en question sur un argumentaire solide et incontestable.





N. Payne

Montréal


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mars 2008

    Évidemment, je ne peux réprimer une envie de sourire en lisant M. Charron. S'il y a eu un constat probant au sujet de l'avancement du projet souverainiste, c'est bien celui-ci: la gouvernance provinciale n'est pas le bon outil pour y parvenir. La population associe le projet d'indépendance à l'appréciation qu'elle fait de la qualité de la gouvernance provinciale. Or, on ne peut pas lier les deux. D'ailleurs, le PQ a été congédié, en 2003, sur la qualité de sa gouvernance provinciale, et rien ne permet de dire qu'il en serait autrement demain. Un nouveau gouvernement péquiste se ferait constamment reprocher ceci ou cela, avec plus ou moins de succès selon les enjeux. Un rejet de sa gouvernance constituerait un rejet du projet, ce qui serait injustifié, à mon avis.
    De plus, et je sais bien que la mémoire est une faculté qui oublie, mais je me fais un plaisir de le rappeler ici: les gouvernements péquistes de Bouchard et Landry n'ont eu de cesse d'invoquer la lourdeur de la tâche gouvernementale afin de justifier leur inaction en matière de promotion de la souveraineté. Pourquoi en serait-il autrement maintenant? Les enjeux de gouvernance provinciale (santé, éducation, protection sociale, vieillissement de la population, etc...) ne tarderont pas à occuper beaucoup de place, et ceci sans compter les événements de diversion et de bloquage créés (artificiellement ou non) par les adversaires de l'indépendance.
    Une bonne dose de réalisme serait de mise, et il faudrait surtout tirer des leçons du passé pour évoquer l'avenir.

  • Christian Charron Répondre

    7 mars 2008

    M. Bousquet,
    Je pense qu'au point où on en est rendus, la meilleure solution est de procéder progressivement par des gestes de souveraineté. Puis un jour, dans un avenir pas si lointain, le gouvernement pourra dire : regardez, on est presque un pays. Pourquoi ne pas rendre cela officiel ?
    Le plus important aussi, c'est de gouverner intelligemment et de dire la vérité. Cela va donner confiance à la population et aussi cela va donner un prestige à notre culture, ce qui va susciter une admiration chez les immigrés.
    Vous allez me dire qu'on est déjà bien gouvernés et que les politiciens nous informent déjà correctement ? NON. Landry a mal gouverné comme ça s'était rarement vu. Gaspillage, décision de prolonger le métro plutôt que d'investir dans les trains de banlieue, détérioration des routes, fusion forcée des municipalités. De son côté, c'est Pauline Marois elle-même qui a lancé la réforme scolaire, avec les résultats que l'on connaît. Tout cela a contribué à construire une nation dont je suis loin d'être fier. Donc, il faudrait peut-être qu'on nous montre c'est quoi un bon gouvernement. Cela donnerait confiance aux gens qui ne sont pas convaincus de la souveraineté. Le PQ a chialé pendant des années contre le déséquilibre fiscal. Les Conservateurs ont diminué la TPS de 2 % et ont ainsi laissé le champs libre à une augmentation de la TVQ. Comment a réagi le PQ ? Il s'est déclaré contre une telle augmentation !
    Je vais vous dire une chose : des politiciens qui n'ont pas de colonne comme ça, ça m'inspire pas tellement. Donc chers politiciens du PQ, marchez droit, ayez du courage, soyez cohérents, arrêtez de jouer à la cachette, c'est comme ça qu'on va construire une nation !
    Pour ce qui est de la conversation nationale, c'est une excellente idée. Vous pouvez être certain que je vais m'y présenter pour dire ce que je pense de nos politiciens.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    M. Pierre B., vous écrivez : «Monsieur Bousquet parle de trois partis souverainistes. Je n’arrive pas à en compter trois. J’en compte présentement un : c’est le PI.»
    C'est votre impression mais, qui se déclarent souiverainistes ou indépendantistes "mots synonymes", on a le PQ qui espère avoir un nombre suffisant de souverainistes pour tenir un référendum sur ce sujet "ils ne sont certainement pas fédéralistes vu que ses membres sont appelés séparatisss par les fédéralissss", disons, indépendantiste à retardement si vous voulez, Québec Solidaire qui, après quelques hésitations, s'est clairement déclaré souverainiste même si ce parti semble premièrement de gauche avant tout, en dehors du ROC et le PI qui est 110 % indépendantiste "aucune hésitation" full pur et dur mais peu connu du Québécois moyen et qui ne figure même pas encore dans les sondages. Ça fait trois, le compte y est. Il y en aurait un quatrième qui s'en viendrait lentement, l'UDIQ

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    Monsieur Bousquet parle de trois partis souverainistes. Je n'arrive pas à en compter trois. J'en compte présentement un: c'est le PI.
    Le PQ n'est pas indépendantiste. Le QS, ce n'est pas clair. Quant à l'ADQ, il est autonomiste.
    Voilà l'importance de bien définir les mots qu'on utilise. M. Bousquet se dit souverainiste, mais dans une confédération renouvelée. Alors demandez au Canada anglais s'il est pour une telle formule. La réponse est: NON. Il ne reste donc qu'à faire l'indépendance du Québec ou s'assimiler. La deuxième option est déjà en marche et elle galope vite.
    Pierre B.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    Bonjour monsieur Bousquet.
    Entre vos deux propositions, je choisis indubitablement la première.
    Du reste, je suis d'accord avec votre interprétation du discours de Mme Marois.
    Merci de me lire !

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    L. Charlebois écrit : «Raison de plus, en adoptant la voie de la double majorité, le PQ fait deux pierres d’un coup, il rassemble le vote souverainiste fractionné»
    Avec le vote souverainiste fractionné, il pourrait arriver, que les 3 partis souverainistes obtiennent 17 % des votes, chacun ce qui ferait 51 % au total mais pourraient ne pas avoir réussi à élire un seul député à leur 3.
    Pour que le fractionnement réussisse, faudrait qu'il n'y ait qu'un des 3 partis qui obtiennent beaucoup de votes afin qu'il puisse prendre le pouvoir parce que : pas pouvoir, pas de souveraineté, pas de souveraineté, pas de pouvoir.
    C'est encore plus sécuritaire de fusionner ces 3 partis qui se disent indépendantistes ou souverainistes. Est-ce que vous inclueriez l'ADQ aussi ?

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    La stratégie la plus efficace pour parvenir à la souveraineté nationale est passe par une élection gagnante à double majorité suivie d'un vote libre à l'Assemblée Nationale sur une déclaration de souveraineté. Il est temps d'adopter cette stratégie, maintenant que le parti n'est pas au pouvoir et qu'il est en reconstruction. (Pour signaler le changement clairement et détourner ses critiques, le parti pourrait même bénificier d'une modification à son nom.) C'est au PQ que doit être adopté cette stratégie, le parti a gagné la confiance populaire et la crédibilité nécessaire en gouvernant à deux reprises le Québec dans le passé, contrairement au PI, inconnu, qui tient déjà cette stratégie mais où tout reste à faire. Raison de plus, en adoptant la voie de la double majorité, le PQ fait deux pierres d'un coup, il rassemble le vote souverainiste fractionné et se campe dans un programme unique parmi les choix offerts aux électeurs, hautement porteur d'espoir. Autre avantage de cette stratégie, finit la paralysie référendaire, la question se débatterait à chaque élection sans risque de déprime post-référendaire. Pauline Marois a la crédibilité nécessaire pour faire adopter ce changement de programme au parti. Des contre-attaques solides devraient être soigneusement préparées à l'avance pour contrer toute les critiques possibles à la stratégie. Plusieurs souverainistes notoires ce sont déjà positionnés contre cette stratégie, ils doivent être sortis du débat, leur méthode a des failles majeures, elle a été tenté à deux reprises et bien qu'elle puisse porter fruit un jour, elle comporte le risque paralysant d'un 3ième échec impossible à dicerner par sondage, ils sont dans une mauvaise position pour discréditer cette nouvelle voie, parfaitement démocratique et justifiable plus que jamais.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    Vous écrivez que la façon de faire du PQ n'est pas la bonne. Fort bien mais, qu'est-ce que vous suggérez exactement au PQ de faire, M. Payne ? Être clair, comme le suggère M. Louis Bernard, et déclarer pendant la prochaine campagne électorale provinciale : NOUS SOMMES UN PARTI INDÉPENDANTISTE, SI VOUS N'ÊTES PAS POUR L'INDÉPENDANCE DU QUÉBEC, VOTEZ CONTRE NOUS PARCE QUE SI NOUS GAGNONS L'ÉLECTION, ON VA TENIR UN RÉFÉRENDUM IMMÉDIATMENT SUR LA SOUVERAINETÉ ET SI ON LE PERD, ON VA DÉMISSONNER TOUT DE SUITE PARCE QUE L'ON REFUSE DE GOUVERNER UNE PROVINCE DANS LE CANADA. Ça pourrait être le meilleur choix qui n'est pas celui de Mme Marois parce qu'elle craint, avec raison, qu'il n'y a pas un nombre suffisant de Québécois qui sont indépendantistes pour que ce genre de discours donne le pouvoir au PQ.
    Mme Marois croit, à la place de ce qui précède, que le PQ devrait tenter de gagner la prochaine élection, de convaincre plus de Québécois des vertus de la souveraineté "qui est synonyme à indépendance" par la conversation nationale et de procéder à des gestes de souveraineté comme d'adopter une constitution et une citoyenneté québécoise, récupérer certains pouvoirs etc...
    C'est quoi la meilleure solution M. Payne ?