Les résultats du sondage Léger Marketing parus samedi dans Le Devoir sont éloquents :
« Même dans l’ombre, Pierre Karl Péladeau s’impose comme le favori du Parti québécois (PQ). Sans mener ouvertement campagne, le député et actionnaire de contrôle de l’empire Québecor éclipse tous les autres aspirants pressentis à la chefferie du parti, avec 53 % d’appuis chez les sympathisants péquistes. »
La campagne à la chefferie du PQ est donc terminée avant même d’avoir commencé, tant l’avance qu’il détient sur tous les autres candidats, déclarés ou connus, est insurmontable. Face à lui, aucun d’entre eux n’est capable de se démarquer.
« Tous les autres aspirants-chefs suivent loin derrière, avec des grenailles par rapport à l’actionnaire de Québecor : Jean-Martin Aussant, Bernard Drainville, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et même Jean-François Lisée ont l’appui d’à peine de 2 % à 7 % des sympathisants péquistes. « Il y a des ego qui vont être meurtris au PQ », dit Jean-Marc Léger. »
Sans avoir cette information en mains, mais la pressentant quand même, évoquant l’urgence pour le PQ de se redresser pour démontrer aux Québécois qu’il demeurait toujours une alternative crédible, en particulier dans la perspective d’une détérioration rapide de la situation politique dans le contexte d’une crise économique mondiale susceptible d’éclater à tout moment, je suggérais déjà ce qui suit le 3 septembre dernier :
« Dans la situation actuelle, le sens de l’urgence et de l’intérêt supérieur du Québec exigeraient que les députés du PQ se rallient au candidat le plus fort et soumettent ensuite cette candidature au plébiscite des membres de façon à donner au nouveau chef la légitimité démocratique requise. »
Maintenant que tout le monde sait à quoi s’en tenir, autant chez les sympathisants péquistes que parmi les aspirants à la chefferie, il faut espérer que les instances du PQ et ses députés auront la sagesse de faire l’économie de débats désormais futiles et de divisions inutiles qui ne feraient qu’affaiblir le parti, tout en risquant de démolir la crédibilité et la carrière politique de ceux qui persisteraient à vouloir affronter Pierre Karl Péladeau dans de telles conditions.
Toute autre issue serait carrément suicidaire, tant pour le parti que pour les personnes concernées. Toutefois, le PQ étant ce qu’il est, on ne peut prendre ce scénario pour acquis. Ce qui apparaîtrait une évidence dans toute autre parti de pouvoir n’en constitue pas une chez lui, tant les petits ambitieux, les rêveurs et les utopistes y tiennent une place importante.
Pour le meilleur ou pour le pire, une forte majorité d’indépendantistes ont jeté leur dévolu sur Pierre Karl Péladeau, qu’ils estiment le plus capable de conduire le vaisseau de l’indépendance à bon port, en empruntant des chemins nouveaux, ceux utilisés jusqu’ici ayant failli. C’est en effet le sens qu’il faut donner au commentaire du sondeur Jean-Marc Léger lorsqu’il fait le constat suivant, toujours à propos du même sondage :
« ... à peine 45 % des souverainistes appuient désormais le parti de René Lévesque... Plus de la moitié des indépendantistes appuient désormais la CAQ de François Legault, Québec solidaire ou même le PLQ. Le Parti québécois a bel et bien perdu sa capacité d’attraction, même chez les souverainistes. »
« Le projet de souveraineté n’est pas dépassé, mais le projet de souveraineté du PQ, lui, est dépassé », dit Jean-Marc Léger. Ceux qui appellent à « refonder le PQ » semblent avoir raison. »
Aucun des aspirants à la chefferie du PQ n’a, plus que Pierre Karl Péladeau, la capacité de transformer le projet de souveraineté du PQ. Sa seule présence est transformationnelle, sans même qu’il n’ait à prononcer un seul mot ! Il est tout ce que le PQ n’a jamais été, à commencer par la réussite.
Et c’est cette réussite qui rassure les Québécois. D’instinct, ils ont compris que l’indépendance ne pouvait pas être confiée à des amateurs, des fantaisistes, des illusionnistes. des carriéristes ou des chauffards. À la tête d’une grande entreprise, Pierre Karl Péladeau a eu à prendre des risques, mais il les a bien choisis, et il a livré les résultats. Qui peut en dire autant ?
Bien entendu, les milieux de gauche lui font grise mine et tentent de saboter ses chances de prendre la direction du PQ, comme en témoignent certains articles parus ces derniers jours dans La Presse ou Le Devoir, et dans lesquels on reconnaît facilement leur main. Ils jouent un jeu extrêmement dangereux, non pas tant pour eux-mêmes que pour l’option dont ils se prétendent les plus ardents défenseurs.
Ils font le jeu des fédéralistes, ravis de pouvoir compter sur leur aide sans avoir à en payer le prix. Diviser et régner, disaient déjà les Romains. Et nous leur livrons nos divisions sur un plateau d’argent ! Viendra bien un jour où il faudra se demander s’ils y tiennent vraiment tant que ça, à l’indépendance !
Ce qui nous amène tout naturellement au point suivant. Si les jeux sont faits à la chefferie du PQ, doit-on en conclure que tout va bien, ou alors plutôt que rien ne va plus ?
À l’heure actuelle, il n’est pas possible de répondre à cette question autrement qu’en spéculant sur la capacité de PKP à transcender son image de patron intraitable, à incarner l’espoir, et à rallier autour de lui les indépendantistes de tous les horizons pour qui l’indépendance prime sur toute considération idéologique.
C’est un gros défi, mais il est à la mesure de l’homme, et je ne doute pas pour ma part un seul instant de sa capacité à le relever.
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