par Tristan Péloquin
Le bureau du premier ministre n'a pas attendu que la poussière retombe sur l'autoroute 19 pour déterminer qui présiderait la commission d'enquête sur l'effondrement du viaduc de la Concorde. Quelques heures après le drame, il avait déjà arrêté son choix sur Pierre Marc Johnson.
« Le chef de cabinet du premier ministre, Stéphane Bertrand, a communiqué avec moi dès samedi après-midi «, a affirmé hier M. Johnson, lors d'une conférence de presse durant laquelle il a expliqué comment il compte aborder la tâche qui lui a été confiée. « Il m'a demandé si je pouvais considérer la présidence d'une telle commission. «
M. Johnson, qui se trouvait à l'extérieur du pays au moment de l'appel, a aussitôt accepté l'offre. Dès le lendemain, il entrait en contact avec le secrétaire général du gouvernement, Gérard Bibeau.
«Je peux assurer que j'ai eu jusqu'à présent la pleine collaboration du gouvernement», a affirmé M. Johnson.
Les travaux de la commission d'enquête commenceront dès aujourd'hui. M. Johnson entend se rendre, en compagnie de ses assistants Roger Nicolet et Armand Couture ainsi que d'autres experts, sur les lieux du drame. «Le but de notre visite est double. Nous voulons dans un premier temps nous immerger et nous imbiber de la dimension de cette catastrophe», a-t-il expliqué.
«Le but est aussi de déterminer si tout ce qui devait être fait sur le plan de la conservation de la preuve a été fait. Dès que nous serons satisfaits, nous mettrons fin à l'embargo de démolition de l'ouvrage. On nous a indiqué que ce qui en restait est extrêmement instable et que cela constitue un danger.»
Le budget de la commission d'enquête, qui doit rendre son rapport au plus tard le 31 mars, n'a pas été déterminé avec précision. «Ce sera beaucoup, beaucoup moins que pour la commission Gomery», a indiqué M. Johnson, qui reste néanmoins persuadé qu'il jouira de toutes les ressources nécessaires pour mener à bien son investigation. Son propre salaire sera de 246$ l'heure, pour un maximum de huit heures par jour. «C'est le tarif habituel payé par le gouvernement pour des avocats seniors», a-t-il affirmé.
Le mandat précis de la commission est le suivant: «Enquêter sur les circonstances de l'effondrement, le 30 septembre 2006, d'une partie du viaduc du boulevard de la Concorde sur l'autoroute 19 à Laval; déterminer les causes qui ont entraîné cet effondrement; et faire des recommandations au gouvernement sur les mesures à prendre afin d'éviter que de tels événements ne se reproduisent.»
«Ce mandat n'est ni large ni restreint; il est précis, a commenté M. Johnson. Nous avons à déterminer la chaîne causale des événements. Il faudra de façon très précise déterminer ce qui s'est passé littéralement dans les heures qui ont précédé l'effondrement. Deuxièmement, nous remontrons, s'il le faut, jusqu'au moment de la conception de l'ouvrage, et nous regarderons les questions relatives à son entretien.»
«Notre mandat n'est pas non plus d'incriminer, ou même d'identifier des gens qui devraient subir des poursuites civiles», a-t-il ajouté.
Malgré de sérieuses lacunes identifiées par la vérificatrice générale quant aux procédures d'inspection des structures du réseau routier et les rapports de Transports Québec soulignant la dégradation de plus de 2000 ponts et viaducs, la commission n'entend pas élargir le cadre de son enquête. «Ce n'est pas le mandat de cette commission de passer des jugements sur les niveaux de ressources allouées de façon générale à l'entretien du réseau de transport au Québec (...). Nous n'avons pas la latitude de nous attarder au fonctionnement général des infrastructures au Québec et combien d'argent y est alloué», a-t-il insisté.
«C'est (plutôt) le rôle d'un élu de faire cela», croit-il.
La première phase de l'enquête débutera sous peu. La commission devra d'abord consulter de la documentation, rencontrer des experts, se faire une idée sur les causes possibles et élaborer ensuite des hypothèses qu'elle tentera de valider. La seconde étape, prévue pour le retour des Fêtes, sera celle des audiences publiques où témoigneront experts et témoins. Le lieu de ces audiences n'a pas été déterminé. «Il y a de fortes chance que ça se déroule à Montréal», a cependant indiqué M. Johnson.
Le mandat de la commission
1) Enquêter sur les circonstances de l'effondrement, le 30 septembre 2006, d'une partie du viaduc du boulevard de la Concorde sur l'autoroute 19 à Laval.
2) Déterminer les causes qui ont entraîné cet effondrement.
3) Faire des recommandations au gouvernement sur les mesures à prendre afin d'éviter que de tels événements ne se reproduisent.
Ce qui est exclu
«Nous n'avons pas la latitude de nous attarder au fonctionnement général des infrastructures au Québec et combien d'argent y est alloué.»
«Notre mandat n'est pas non plus d'incriminer, ou même d'identifier des gens qui devraient subir des poursuites civiles.»
Les phases de l'enquête
Dès aujourd'hui: visite des lieux et levée de l'embargo sur la démolition de la structure restante si les éléments de preuve conservés sont jugés satisfaisants.
Prochains jours: début de l'enquête. Rencontres d'experts, documentation et élaboration d'hypothèses.
Au retour des Fêtes: audiences publiques. Témoignages d'experts et de témoins.
31 mars 2007, au plus tard: remise du rapport d'enquête.
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