Ces «fous» de Québécois

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Les Québécois ne veulent pas de la « laïcité », ils veulent conserver intacte leur identité nationale


On a toujours su que les Québécois sont d’une certaine façon de faux naïfs. Le dernier sondage Léger le confirme. Favorables à la laïcité, ils désirent à 63 % que la croix et les autres symboles religieux qui ornent les institutions publiques restent à leur place, car ils font partie du patrimoine.


Ils veulent la chose et son contraire. Pour citer notre génial Yvon Deschamps, ils voulaient « Un Québec indépendant dans un Canada fort ». Ils sont cohérents dans leur incohérence.


Le peuple est donc plus attaché à son patrimoine religieux que les sophistiqués des universités, des tribunes de toutes les diversités et des médias chics et pédants.


Une majorité de Québécois, y compris les jeunes de 18 à 34 ans (51 %), réclame la neutralité de l’État. Notre patrimoine religieux nous distingue des autres, des Anglais protestants, mais aussi de tous ceux dont la mémoire patrimoniale est enracinée ailleurs.








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Démolisseurs


Ce patrimoine religieux, personne n’a pu nous l’enlever à ce jour. Sauf nous-mêmes. Dans les années soixante, nous avons été les démolisseurs de nos mythes, croyances, rites et surtout des symboles religieux, qu’on a bradés aux brocanteurs qui vidaient nos églises de nos artefacts.


La « foi du charbonnier », celle du peuple, dont parlaient avec dédain les croyants plus intellectuels s’est peu à peu dissoute à cause du relativisme culturel introduit dans les tornades de la Révolution tranquille.


On croyait que la décléricalisation entraînerait la déchristianisation. Erreur de nos sens abusés. Une majorité de Québécois croit en Dieu. Son image a changé, son allure n’est plus celle du hippie à barbe blanche et aux cheveux sur les épaules. Ce n’est plus le Dieu vengeur qui punissait les péchés du sexe. C’est un Dieu consolateur, un Dieu compatissant et tolérant.


Compromis politique


La laïcité est un concept mal compris, à l’évidence. Parce que mal expliqué par les pédagogues et les médias. Le premier ministre Legault, qui s’apprête à retirer le crucifix de l’Assemblée nationale, sait, sondage en main, que la majorité des Québécois, qui l’appuient par ailleurs, ne sont pas d’accord avec cette décision, qu’ils considèrent comme une offense.


Mais il va persister, car l’homme de compromis politique comprend qu’il y a un prix à payer pour vivre hors du multiculturalisme nord-américain.


Contrairement à ce que pensent plusieurs, le débat actuel est tout aussi pertinent et essentiel pour l’avenir du Québec. Notre patrimoine religieux appartient à notre mémoire collective. Il s’inscrit au cœur de l’identité collective et personnelle. Les générations qui ignorent cette dimension culturelle inscrite dans notre architecture, dans la création artistique, dans la musique populaire, dans la littérature, dans la langue également, ne peuvent saisir le débat dramatique qui se déroule présentement.


Mais ces nouvelles générations sont aussi orphelines de leur propre histoire familiale. Comment peuvent-elles comprendre que la foi de leurs ancêtres soumis aux dogmes de l’Église explique aussi ce qu’elles sont elles-mêmes ?


Il est erroné de réduire la laïcité aux institutions. C’est une manière personnelle d’être au monde, de vivre la modernité, la vraie liberté, et d’assurer l’avenir.