S'il veut être au service de la souveraineté, le Bloc québécois doit-il toujours choisir la gauche?
: CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES REUTERS
On en a mangé toute une! Une claque, une volée, une dégelée, peu importe le qualificatif, la correction est sévère. Extrême ou fatale, selon certains.
Nous avons le devoir d'en prendre acte, complètement avec humilité, intelligence et vision. Faire comme si cela faisait partie du cycle démocratique ordinaire, comme si c'était un passage obligé pour l'atteinte de l'objectif, serait une grave erreur. Ce coup de poing a été asséné à tout le mouvement souverainiste; le jovialisme de la victoire morale est donc à proscrire.
Qu'est-il arrivé? Étant moi-même passé dans le tordeur, je n'ai aucune réponse globale à donner maintenant. Trop d'éléments demeurent obscurs ou s'enchevêtrent. Le message n'est pas si simple à décoder, trop concentré pour répondre simplement que le monde voulait du changement! Ou trop profond pour n'être que cosmétique (un chef sourit plus que l'autre!). Aussi massivement rejetés, nous avons le devoir de réfléchir ensemble. Réfléchir jusqu'où? Jusqu'au bout.
Il ne faut surtout pas «faire semblant» que la question de la pertinence d'un parti souverainiste à Ottawa n'a pas été posée. Le Bloc aurait-il fait son temps? Vingt ans, c'est long. Assez en tout cas pour les avoir célébrés, ce qui a fait penser à bien du monde qu'une génération était passée!
Bon an mal an, les sondages indiquent un noyau plus ou moins ferme de souverainistes à 40%, ou pour les optimistes à 45%. Or, le Bloc n'a obtenu que 23,4% des voix. Il en manque pas mal. Au lieu d'élargir la base, on l'a rapetissée. Plus fondamentalement, le Bloc n'a pas su cette fois attirer vers lui toutes les tendances.
Voulait-on remplacer le Bloc par un «vrai» parti de gauche? A-t-on lu le programme du NPD? Pas certain, d'autant plus que le Québec a voté massivement pour une ADQ de droite il y a quelques années.
S'il veut être au service de la souveraineté, le Bloc doit-il aussi résolument toujours choisir la gauche? Avec la droite au pouvoir et la gauche dans l'opposition officielle, la réponse se trouve peut-être davantage au centre. C'est aussi une question à laquelle il faudra répondre.
Pour les souverainistes, la prochaine échéance n'est pas l'élection fédérale d'octobre 2015, mais celle du Québec. Qui en seront les grands acteurs? Qui gagnera?
Le Québec a parlé au Bloc et il faut d'urgence en saisir tous les mots, toutes les subtilités. En faisant le tour des régions, je me propose d'aller à la rencontre des militants, des exécutifs et des candidats pour écouter, décanter, approfondir, apporter un regard nouveau, différent sur ce qui est arrivé et sur ce qui est à faire.
Puis, sans détour, sans artifice, sans faux-fuyant, il faudra accepter les constats, prendre les décisions qui s'imposeront pour la cause souverainiste. Étonner? Faire autrement? Pourquoi pas!
Tout est sur la table ou devrait l'être! Car, comme l'a dit Albert Einstein: «La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent.»
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Daniel Paillé
L'auteur est un ex-député du Bloc québécois et un ex-ministre du Parti québécois.
Bloc québécois: tout est sur la table
Recomposition politique au Québec - 2011
Daniel Paillé8 articles
Chef du Bloc Québécois et député d’Hochelaga
L'auteur est professeur de Finance et Éthique à HEC Montréal. Il a été ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec, de 1994 à 1996. Il occupa aussi les fonctions de chef de la direction financière de pl...
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Chef du Bloc Québécois et député d’Hochelaga
L'auteur est professeur de Finance et Éthique à HEC Montréal. Il a été ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec, de 1994 à 1996. Il occupa aussi les fonctions de chef de la direction financière de plusieurs entreprises.
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