Dans sa [lettre ouverte, Trineesh Biswas->32910] affirme le plus sérieusement du monde qu'un Québec souverain serait moins indépendant, du point de vue fiscal, qu'un Québec province. Une fois l'étonnement passé face à une telle aberration, je me suis dit qu'il y avait là une belle occasion d'exposer aux Québécois nos vues sur la question monétaire.
Il est entendu depuis longtemps qu'au lendemain de la souveraineté, le Québec conservera le dollar canadien. M. Biswas affirme que si c'est le cas, le Canada imposera des limites fiscales au Québec. C'est absurde, d'abord parce que le Canada ne pourra imposer quelque limite que ce soit au Québec, qui sera totalement libre d'utiliser ou non la monnaie canadienne. Ensuite, parce que le Canada va prier tous les dieux pour que le Québec conserve la monnaie canadienne et ainsi éviter de perdre d'un coup 20 à 25% de sa masse monétaire. Et finalement, parce que si le Canada voulait imposer des limites fiscales au Québec, il serait dans l'obligation de se les imposer à lui-même.
Actuellement, le Québec n'a aucun contrôle sur la politique monétaire canadienne. Aucun. Un Québec souverain n'aura pas plus de contrôle sur la Banque du Canada, mais au moins, il aura le choix. Le Bloc québécois propose depuis longtemps la création d'un institut monétaire des Amériques. Quelques années après la souveraineté, s'il s'avère, après une analyse rigoureuse, qu'un Québec souverain aurait avantage soit à adopter sa propre monnaie, la monnaie américaine ou une éventuelle monnaie commune, il pourra le faire selon ses intérêts.
Nous savons que le dollar canadien est dopé par le pétrole albertain et si dans l'avenir, le prix du brut devait atteindre 150$ ou même 200$ le baril, comme le prédisent beaucoup d'analystes, le dollar canadien deviendra une grosse épine au pied des exportateurs québécois. Comme province, nous devrons subir. Un Québec souverain pourra réagir en fonction de ses intérêts. Il aura cette indépendance.
De plus, M. Biswas ne peut s'empêcher d'établir une comparaison caricaturale entre le Québec et la Grèce pour asseoir ses arguments. Il mentionne que la dette brute du Québec, à 94% du PIB, se rapproche des 103% de la Grèce. Utiliser ainsi la dette brute donne une idée faussée de la réalité.
Prenons l'exemple de la Norvège, dont la dette brute correspond à 56% de son PIB. Si on regarde plutôt la dette nette de ce pays, on réalise que la Norvège n'a aucune dette! En réalité, si les Norvégiens remboursaient demain matin toute leur dette publique, il y aurait encore des milliards dans les coffres, équivalant à 124,6% du PIB. C'est comme si le Québec, après avoir payé toutes ses dettes, avait encore une cagnotte de 400 milliards de dollars en caisse. Il faut dire que la Norvège s'est séparée de la Suède en 1905...
En 2010, la dette nette du Québec se situe à 49,5% du PIB, ce qui est moins que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, le Japon ou l'Italie. Et très loin de la dette nette de la Grèce, à 95% du PIB.
De même, parmi l'ensemble des pays riches, le Québec est de ceux qui ont le mieux réussi à contrôler leurs déficits en 2010. À 4,8% du PIB, le déficit du Québec arrive au 23e rang des pays de l'OCDE, très loin de la moyenne de 8,3% et très loin du déficit américain qui s'élève à 10,5% du PIB.
N'en déplaise aux marchands de peur, la souveraineté constituera une formidable avancée pour le Québec à tous points de vue, y compris monétaires et fiscaux.
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Daniel Paillé
L'auteur est porte-parole du Bloc québécois en matière de finances.
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Chef du Bloc Québécois et député d’Hochelaga
L'auteur est professeur de Finance et Éthique à HEC Montréal. Il a été ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec, de 1994 à 1996. Il occupa aussi les fonctions de chef de la direction financière de pl...
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Chef du Bloc Québécois et député d’Hochelaga
L'auteur est professeur de Finance et Éthique à HEC Montréal. Il a été ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec, de 1994 à 1996. Il occupa aussi les fonctions de chef de la direction financière de plusieurs entreprises.
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