La Ville de Beaconsfield refuse de modifier le nom de ses rues pour leur donner un caractère distinctement français, comme l'exigent l'Office de la langue française et la Commission de la toponymie.
Lundi, la Ville a voté à l'unanimité une résolution rejetant 200 changements proposés par la Commission de la toponymie du Québec. Ces modifications visaient à rendre la municipalité conforme à la Charte de la langue française.
Le maire de Beaconsfield, Bob Benedetti, affirme que la municipalité ne cherche pas à braver la loi, mais bien à prendre une décision éclairée. "Pour nous, ce n'est pas une question de guerre de langues. C'est une question d'argent et de gaspillage."
Il en coûterait plusieurs dizaines de milliers de dollars pour modifier les affichettes des rues de la ville. Et les subtilités liées à la loi sont telles que même les avocats s'y perdent, soutient-il.
"Certains avocats affirment qu'il suffit de marquer "rue" devant le nom et "street" après le nom pour être conforme, alors que d'autres disent que ça n'est pas assez. Nous, on ne sait pas, et on ne veut pas devoir changer nos pancartes chaque fois qu'un nouveau fonctionnaire étudie le dossier", explique le maire de Beaconsfield, ville défusionnée de Montréal depuis le 1er janvier 2006.
Actuellement, certaines affiches à Beaconsfield sont uniquement en anglais, alors que d'autres sont bilingues, mais sans donner de prédominance au français, comme l'exige la loi.
La directrice de la Commission de la toponymie du Québec, Danielle Turcotte, est d'avis que la municipalité a reçu tous les conseils nécessaires afin de faire un choix éclairé. "Nous avons offert tout notre support, toute notre collaboration. Ils n'ont pas répondu."
En début d'année, la Commission de la toponymie du Québec a fait parvenir une liste de 200 changements que la Ville doit effectuer pour se conformer à la charte. Les changements proposés n'affectent pas le nom des rues à proprement parler, mais les mots "street, avenue ou court", qui peuvent rester présents sur l'affiche, mais qui doivent être plus petits que leur équivalent français, placé avant le nom. Cette initiative est restée lettre morte.
Le porte-parole de l'Office de la langue française, Gérald Paquette, indique que son organisme a lui aussi de la difficulté à se faire entendre par la municipalité. Une plainte formulée par un résidant de Beaconsfield en 1997 n'est toujours pas réglée, malgré les avis répétés de l'OLF.
"Ça fait des années que Beaconsfield traîne les pieds dans ce dossier. Le français doit être prédominant sur les affiches des noms de rues, mais la municipalité refuse de bouger. La prochaine étape est de leur envoyer une mise en demeure."
M. Paquette note que la Ville de Mont-Royal a décidé la semaine dernière de se conformer à la Charte de la langue française en biffant "street" et "avenue" des panneaux. "C'est une mesure radicale, et qui a bien sûr choqué la population anglophone. Ce n'est pas ce que nous demandions. Il y a des façons de faire qui respectent les sensibilités de chacun", dit-il.
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