Dans un court texte paru sur le site Vigile, intitulé « PKP dans tous ses états. La vision de Pierre Dubuc », Andrée Ferretti, avec sa verve habituelle, repousse du revers de la main – manifestement, sans l’avoir lu – mon livre PKP dans tous ses états et me qualifie « à l’égal de QS » d’être « un allié objectif des libéraux de Couillard ».
Mme Ferretti a affiché ses couleurs en faveur de Pierre Karl Péladeau. Dans un texte paru sur le site Indépendantes, elle écrivait : « Pierre Karl Péladeau est un emblème et une preuve des effets libérateurs de l’allégeance aux exigences de toute révolution ».
Elle saluait son « instinct politique, aucunement politicien, instinct personnel qui rejoint l’instinct populaire, dans la soif commune de libérer l’espace occupé par les rapaces en tous genres, nommément fédéralistes et capitalistes mondialistes » (14 novembre 2014).
Mais, à peine une semaine plus tard, sa confiance – dont on présume qu’elle se veut inébranlable – en l’« instinct politique » du pourfendeur des « fédéralistes et capitalistes mondialistes » est déjà mise à rude épreuve, avec les malencontreuses déclarations, suivies de rétractations, de PKP sur la non-pertinence du Bloc Québécois.
Au point où elle lui enjoint de se taire! « Taisez-vous quand vous n’avez rien à dire qui ne relève pas directement de votre propre engagement » (Indépendantes, 20 novembre 2014).
Comme si de connaître la position de PKP sur l’existence ou non du Bloc était une question marginale pour l’appréciation de son jugement politique!
Si le passé est garant de l’avenir, les virevoltes politiques de Mme Ferretti dans son appui à PKP seront à suivre. En témoignent un aperçu de ses prises de position publiques à l’endroit de Pauline Marois.
Pauline Marois, de la trempe des grandes bâtisseuses à la plus inconditionnelle capitaliste
Lors de la course à la chefferie du Parti Québécois de 2005, Andrée Ferretti apportera un appui dithyrambique à Pauline Marois. Dans un texte publié dans Le Devoir, sous le titre « Pauline Marois nous conduira à l’indépendance. C’est dans la logique de notre histoire », elle compare ses réalisations « à celles de nos grandes bâtisseuses, aux Marguerite Bourgeois, Marie de l’Incarnation, Jeanne-Mance, Marguerite d’Youville, Émilie Gamelin et autres Eulalie Durocher ».
Elle serait, selon elle, de la trempe des « Marie Rollet, Marie Gérin-Lajoie, Caroline Béique, Idola St-Jean, Laure Gaudreault, Thérèse Casgrain, Madeleine Parent, Léa Roback, Monik Sioui, Évelyn O’Bomsawin, Simonne Monet-Chartrand ».
Le 28 juin 2007, premier bémol à propos de son idole. « Elle est belle, intelligente, engagée, notre Pauline, et, peut-être, indépendantiste. Dommage qu’elle soit péquiste, c’est-à-dire congénitalement impuissante à faire du Québec un État indépendant libre et souverain » (Vigile, 28 juin 2007).
Le 15 mars 2010, virage à 180 degrés. Elle commente ainsi l’expulsion du SPQ Libre du Parti Québécois par Pauline Marois. « Seuls, donc, s’étonneront les naïfs, de la mise à la porte du SPQ Libre par Pauline Marois, la plus inconditionnelle capitaliste de tous les chefs du PQ, avec ce que cela signifie de désintérêt pour les intérêts fondamentaux de la nation québécoise, dans tous les domaines de l’activité humaine » (Vigile, 15 mars 2010). Rien de moins !
Le 22 novembre 2010, un mince espoir retrouvé. « Peut-être, finalement, serons-nous sauvés par Pauline Marois? Je ne le crois pas, mais c’est ma dernière espérance » (Vigile, 22 novembre 2010).
Le 9 février 2011, Andrée Ferretti prononce un discours enflammé pour saluer les 5 ans de Québec solidaire.
« J’appuie Québec solidaire, parce que je suis aujourd’hui comme hier pour la pleine mesure des choses (…) Considérant que l’indépendance sera l’aboutissement d’une lutte franche pour la liberté politique, la justice sociale et l’émancipation culturelle, à 76 ans, toujours convaincue de sa nécessité, je mets désormais mon espoir et ma confiance dans Québec solidaire » (Vigile, 9 février 2011).
Le 7 juin 2011, lors de la crise de l’amphithéâtre, créée par le dépôt du projet de loi 204 visant à mettre, à l’abri de toute poursuite judiciaire, l’entente entre Québecor et la ville de Québec, elle se félicite de la démission des députés Curzi, Beaudoin et Lapointe et de leur remise en question de la stratégie du « bon gouvernement » de Mme Marois.
« Trois députés se révoltent aujourd’hui contre cette démarche fondatrice de leur Parti. Tant mieux. Reste à espérer qu’ils uniront leur force individuelle à celle de nombreuses forces collectives souterraines en action, partout au Québec, dont les aspirations sont plus ou moins promues par Québec solidaire. »
Elle ajoute : « Tout s’annonce à nouveau possible avec ce rejet de mesdames Beaudoin et Lapointe et de monsieur Curzi, de la stratégie du pouvoir au détriment de l’avènement de l’indépendance du Québec ».
Elle a même trouvé son sauveur. « Je compte notamment sur Pierre Curzi, parce qu’il agit avec la sensibilité de l’artiste, celle qui bouleverse le monde » (Vigile, 7 juin 2011).
Le 16 juin 2011, soit même pas deux semaines plus tard, les sauveurs n’en sont plus. Mme Marois est peut-être, après tout, la solution. « Et moi qui désapprouve la stratégie du PQ sous sa direction, je me surprends à penser que sa détermination à tenir solidement en main, envers et contre les Gesca et Québecor, les brides de son parti, lui attirera peut-être l’admiration et le soutien de ce peuple indécis. »
Le 31 août 2011, deux mois plus tard, l’enthousiasme est revenu. Elle réitère son appui à Pauline. « Et qui mieux qu’une femme intelligente, déterminée, stratège, ayant l’expérience du pouvoir et désireuse de l’exercer peut, au Québec, réussir cet exploit » et, complétant un nouveau virage à 180 degrés, elle republie sur le site Vigile la lettre d’appui à Pauline parue dans Le Devoir lors de la course à la chefferie de 2005 (Vigile, 31 août 2011).
Le 31 octobre 2011, elle vient à la rescousse de Pauline Marois, l’enthousiasme en moins. « Oui, Madame Marois doit rester. Elle n’est pas plus indépendantiste que la presque totalité des chefs qui l’ont précédé, mais elle ne l’est pas moins » (Vigile, 31 octobre 2011).
Le 7 mai 2013, elle découvre, après tout le monde, le « vrai visage de Québec Solidaire ». Dans une lettre ouverte à Françoise David, elle met sur le compte d’un « moment d’aveuglement fondé sur l’espoir », son appui passé à QS, et accuse la co-porte-parole de QS d’attaquer le PQ « comme s’il était l’ennemi principal et en favorisant par ricochet le retour au pouvoir du Parti Libéral » (Indépendantes, 7 mai 2013).
Le 15 mai 2013, après avoir rappelé qu’elle n’avait joint les rangs du Parti Québécois que lors des deux référendums et de la campagne électorale de 2012, elle précise qu’à cette dernière occasion, elle l’a fait « non pour appuyer Pauline Marois, comme l’ont crut de manière insignifiante plusieurs vigiliens, mais parce qu’il était d’une urgente nécessité d’empêcher les libéraux de reprendre le pouvoir, pour Sauver les membres » (Vigile, 15 mai 2013).
Le 14 mars 2014, en pleine campagne électorale, elle écrit qu’il « ne faut pas être un grand analyste politique pour comprendre que Pauline Marois n’avait pas du tout prévu la tournure prise par la campagne électorale sous l’impulsion de Pierre Karl Péladeau ».
Bien qu’elle reconnaisse que la « campagne imprévue, et donc improvisée » a été menée « sans préparation adéquate », elle réaffirme son appui à Pauline Marois : « Je déclare ici que j’ai confiance en son intelligence politique ». (Indépendantes, 14 mars, 2014)
Ouf !
Et c’est elle qui m’accole cette citation d’Oscar Wilde : « Ce qu’il y a de pire chez le fanatique, c’est la sincérité »!
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