C’est dans Le Devoir de ce matin : Amir Khadir, solitaire député de Québec solidaire (Mercier), est le politicien québécois le plus populaire, selon un sondage de Léger Marketing. C’est étonnant, sachant que Québec solidaire est un petit parti qui, à moins d’un revirement majeur dans le système de représentation parlementaire, ne sera jamais un joueur majeur à l’Assemblée nationale. C’est moins étonnant quand on s’attarde aux propos et prises de position du personnage. Quand on oublie, justement, le personnage…
Personnellement, c’est dans sa défense du dossier des mines qu’il m’a prouvé son « utilité ». Les mines, c’est loin de Mercier, loin du Plateau qui fait partie de sa circonscription. Y a pas de mines sur l’avenue du Mont-Royal. Mais les ressources naturelles, c’est l’affaire de tous les Québécois : quand des minières exploitent du minerai dans le Nord, et que grâce à toutes sortes de détours fiscaux parviennent à ne pas payer de redevances à l’État, à nous laisser payer collectivement les frais de décontamination, tous les Québécois paient. Ceux de Chibou et ceux du Plateau et ceux de Limoilou. Pourquoi a-t-il pu se saisir de ce dossier et l’éclairer d’une lumière différente, qui ne soit ni rouge ni bleu ? Parce que contrairement au PQ, Khadir n’a jamais été au pouvoir, son parti n’a jamais « géré » le dossier des ressources naturelles : il peut parler sans crainte de contredire ce que son gouvernement a fait, dans le passé.
Il s’attaque donc aux minières qui exploitent nos sous-sols à la faveur de deals fiscaux hyper-avantageux ; il critique sous son nez les échecs de l’ancien gestionnaire de la Caisse de dépôts, Henri-Paul Rousseau ; il débusque lui-même des crosses de financement politique en découvrant que du personnel de soutien de firmes de génie a contribué le maximum permis par la loi au PLQ ; il ne se livre pas à des facéties en Chambre, témoignant d’un certain respect pour les institutions ; il cite du Gaston Miron…
Bref, il détonne et il étonne. Amir Khadir, M. Populaire, c’est le thème de ma chronique de demain.