Les premiers ministres de huit provinces et territoires canadiens étaient à Washington cette semaine pour une série de rencontres avec des élus, des hauts fonctionnaires et des gens d’affaires en prévision de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Les leaders canadiens ont surtout exprimé le souhait que ces négociations se déroulent rapidement et sans trop de douleurs, en évitant le « bar ouvert » et les interminables listes d’épicerie.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, n’était pas du voyage, tout comme son homologue de la Colombie-Britannique, où un nouveau gouvernement n’est pas encore officiellement formé.
Ces rencontres survenaient par ailleurs au moment où la capitale américaine était secouée par un scandale politique majeur : jeudi matin, les yeux des Américains étaient rivés sur la diffusion en direct du témoignage du directeur de la police fédérale américaine (FBI), limogé par le président Donald Trump.
Je crois que tout le monde à qui j’ai parlé s’entend pour ne pas retourner chaque pierre
Kathleen Wynne, première ministre de l’Ontario
La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, se disait encouragée, jeudi, par les entretiens tenus à Washington cette semaine. Elle dit avoir entendu plusieurs intervenants voulant adopter une approche plus légère, en mettant l’accent sur la modernisation de l’ALENA dans des secteurs nouveaux comme les services de données, plutôt qu’une réforme en profondeur de l’accord.
Certains de ces ajustements ont d’ailleurs déjà été négociés pour le défunt Partenariat transpacifique, par exemple dans des chapitres consacrés à l’infonuagique ou aux « médicaments biologiques », qui n’existaient pas en 1993 lors de la conclusion de l’ALENA. Les Américains voudraient maintenant « recycler » certains de ces chapitres dans d’autres traités commerciaux.
« Je dirais qu’en général les gens souhaitent des modifications rapides plutôt que radicales, ce qui ne veut pas dire que les détails ne seront pas nombreux — ils le sont toujours en pareilles négociations », a indiqué Mme Wynne.
Gagnant-gagnant
La stratégie américaine sera plus claire lorsque Washington aura dévoilé ses priorités de négociations, cet été. Un document préliminaire devrait être publié à la mi-juillet et les négociations proprement dites entre les trois parties devraient débuter à la fin août.
Le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a estimé jeudi que les Américains devront choisir entre la conclusion rapide d’un accord sur certains points, ou alors de longues négociations s’ils veulent obtenir gain de cause sur tout. Or, selon lui, les législateurs américains rencontrés cette semaine semblent plutôt adhérer au principe voulant que toutes les parties doivent sortir gagnantes d’une négociation.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, espère quant à lui des négociations rapides, mais quand même exhaustives, sans se faire trop d’illusions. Et s’il devait choisir entre de longues négociations et le statu quo, il opterait pour ce dernier scénario.
Laura Dawson, une experte du commerce canadien au centre Wilson, à Washington, est plutôt sceptique face à la conclusion rapide et aisée d’un accord : trop de clientélisme, trop de procédures politiques, trop de priorités individuelles, selon elle. Mme Dawson ne croit pas qu’un accord puisse être conclu d’ici la fin de l’année : elle pense plutôt que les négociations vont se poursuivre derrière des portes closes pendant plusieurs mois, probablement même après les élections mexicaines de juillet 2018.
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