Mon traditionnel "Vous avez dit..." - "Reine-Nègre"?, qui devait être, cette semaine, mon titre, ayant déjà été utilisé deux fois ((Vigile et Stéphane Baillargeon, Le Devoir), j'intitule cette chronique autrement, mais c'est le même sujet.
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LE CONTEXTE
1) Les Fêtes du 400e de Québec et ce qu'il faut bien appeler le détournement de sens qui en a été fait par le gouvernement fédéral d'Ottawa. Car qu'est-ce qu'on fête? La naissance et la survivance du fait français en Amérique, ou la fondation du Canada? L'intervention à la fois financière et politique d'Ottawa ternit depuis le début ces Fêtes, et envenime le climat qui devrait être festif. La querelle ne date donc pas du 21 mai, mais remonte bien plus loin, et si elle avait subi une accalmie, elle a été ravivée par la présence et certaines déclarations, contestables et contestées, de Michaëlle Jean, actuelle Gouverneure Générale du Canada, en France.
2) Le lancement de ces Fêtes en France, avec la présence centrale de la Gouverneure Générale du Canada, présence qui en a surpris et irrité plusieurs, avant d'exacerber VLB et de faire grincer sa plume pour nous ouvrir les oreilles et déclencher le débat: ce poste en est-il un de "roi-nègre", comme le soutient VLB? Etait-ce à la représentante de la reine d'y être, ou au Premier ministre du Québec? En plus, Mme Jean a laissé complètement dans l'ombre le représentant du Québec, Philippe Couillard: n'est-ce pas là une faute diplomatique sérieuse?
3) Enfin, n'oublions pas le "ni-ni" de Sarcozy touchant les relations France-Québec et France-Canada, un "ni-ni" qui date déjà de 3 mois et qui a subi une petite clarification devant Céline Dion: le Canada est un ami, et le Québec un frère...
Ces trois points ont fait l'objet de plusieurs critiques, dont celle de Denise Bombardier (17 mai), d'Yves Beauchemin (20 mai) et de Louis Dupont (21 mai), mais il a fallu celle de VLB pour vraiment brasser la cage et provoquer des réactions. Or, comme l'a souligné Murielle Chatelier (27 mai 08, Canoé Infos), "les réactions du public s'attardent plutôt sur le terme 'reine-nègre'", un terme dont, soit dit en passant, un grand nombre de personnes ne connaissaient pas le sens. Un pas de plus dans cette ignorance, et les accusations de racisme pointent encore leur nez: "Que M. Beaulieu soit raciste ou pas, c'est clair que le terme qu'il a choisi a une connotation raciste», clame Bernard André, un membre de la communauté haïtienne", rapporte encore M. Chatelier. - "Connotation raciste", avez-vous dit?
CESSONS DE RACIALISER LES MOTS ET D'ETHNICISER LES PRISES DE POSITION
"Roi-Nègre" est une expression consacrée, un concept socio-politique relié à la colonisation, par les empires européens, des continents africain, américain et asiatique. - Et ça n'a rien à voir avec la couleur de la peau des rois-nègres en question. Imaginez si la Gouverneure générale s'appelait, plutôt, Denise Bombardier? (hahaha!) - ou encore... Marie-France Bazzo??(hohoho!!) - VLB serait tombé de la même manière sur ces deux-là, si elles avaient agi comme Michaëlle Jean en France. D'où la preuve que l'expression "Reine-Nègre" n'a rien à voir avec la couleur de Mme Jean! VLB s'en est clairement expliqué, de même que l'éditeur de l'Aut'journal, Pierre Dubuc.
Il faut croire que Madame Jean elle-même a fort bien compris le message, car elle est restée majestueusement au-dessus de la mêlée, sans commenter, laissant dire et laissant braire, et continuant, jusqu'à Québec même, son travail de promotion du multiculturalisme et d'un beau grand Canada uni. Le couple Jean-Lafond connaît très bien le vrai sens du mot "négritude": Lafond a fait un film intitulé "La manière nègre" (1991), sur Aimé Césaire, et Jean, habituée aux critiques qu'elle subit depuis le jour même où il a été question de la nommer Gouverneure générale, connaît sûrement le sens réel de "roi-nègre" ou de "reine-nègre". Elle sait sans doute aussi fort bien que ce n'est pas la communauté haïtienne qui est attaquée (ah! cette continuelle ethnicisation des critiques!), mais elle-même en tant que Gouverneure générale et la manière dont elle exerce cette fonction.
FAISONS LE VRAI DÉBAT, OBJECTIF AVOUÉ DE VLB ET DE L'AUT'JOURNAL
Michaëlle Jean est maintenant d'abord et avant tout une CANADIENNE, même si elle est d'origine haïtienne par sa naissance (11 ans de vie) et québécoise d'adoption (37 ans de vie). Elle a choisi le Canada et, de par son statut de GG, c'est son rôle d'en faire la promotion, rôle qu'on peut parfaitement critiquer, voire même dénoncer, puisqu'elle a décidé de le "politiser", de ne pas être une simple figurante ou un simple pion. Comme elle a réussi un coup de maître pour le Canada, surtout que Sarcozy flanche pour le Canada autant, sinon plus que pour le Québec, on est aussi en droit de critiquer son attitude et son "manque de délicatesse", voire de diplomatie, à l'égard de Phillippe Couillard, représentant officiel du Québec à Bordeaux et laissé pour compte dans l'assistance.
VLB voulait précisément provoquer un débat sur la fonction de gouverneur général, et c'est sur ce débat qu'il faut se concentrer. Posons donc les vraies questions:
La fonction de Gouverneur général du Canada est-elle réellement équivalente à celle d'un Roi-Nègre du temps de la colonisation des continents africain, américain et asiatique, par les puissances européennes?
Est-ce le symbole du fait que nous soyons une COLONIE? (certains vont maintenant jusqu'à parler, pour le Québec, de Réserve...)
La GG est-elle une "femme de paille", si on ne peut plus ou ne devrait plus utiliser l'expression "Reine-Nègre"? Ces deux expressions sont-elles vraiment synonymes, ou si "Roi-Nègre" est le seul qui convienne, dans ce cas-ci?
Est-ce une fonction vraiment apolitique, et doit-elle l'être?
Michaëlle Jean s'est-elle donné un rôle politique qui ne devrait pas être le sien?
Lors de son passage en France pour le lancement du 400e de Québec, y a-t-il eu faute diplomatique, ou non? Si oui, ne doit-elle pas s'en excuser au nom du Canada, voire de la reine Elisabeth II qu'elle représente?
Michaëlle Jean est-elle une TRAÎTRE au Québec pour avoir accepté cette haute fonction?
CHRONIQUE DE LA CROQUEUSE DE MOTS
Vous avez dit... "racialiser"?
VLB - Posons donc les vraies questions
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2008Aux États-Unis, beaucoup de nominations importantes ont planté sur des questions de nounous. Des gardiennes qui n'avaient pas de statut officiel et que le ou la nominée engageait sous la table, illégalement. Des secrétaires d'État et des juges ont perdu leur job sur des niaiseries comme ça.
Le couple Jean-Lafond embauchait une nounou berbère pour garder leur fille. J'ignore tout du statut de la gardienne mais il aurait été intéressant, lors du brouhaha autour de sa nomination, d'enquêter sur elle, son statut, ses revenus, etc. Je ne dis pas qu'elle était en statut illégal ou qu'elle était sur le Bs et travaillait au noir, mais je dis seulement que considérant ce qui est arrivé souvent aux États-Unis, et considérant sa trahison du Québec, ça aurait mérité une petite enquête.
Malheureusement ici le journalisme d'enquête c'est assez rare merci. A moins que la fille soit une pitoune à bycik...
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2008"...de libérer parmi Nous de leur handicap rédhibitoire les témoins du débats victimes de l`"impuissance apprise""(Georges Étienne Cartier)
Voilà la catastrophe. Si seulement c’était une question d’impuissance par ignorance, alors l’élite au pouvoir n’aurait qu’à utiliser ses moyens et sa position pour faire "l’éducation de la puissance" à ceux en bas. Mais malheureusement nous sommes dans la situation inverse, en ce que c’est notre élite en moyens et position qui éduque l’impuissance.
Ce n’est certes pas la petite communauté ethnique haïtienne qui domine nos universités et nos commissions scolaires, ni notre fonction publique, ni nos institutions de placements d’économies, ni nos puissants syndicats qui assure la permanence en ces positions privilégiées. C’est toute cette "puissante" machine, qui domine l’éducation, le savoir, l’économie, la politique, qui n’est pas avec nous. Ce sont les nôtres. C’est l’élite que nous avons bâti par la Révolution Tranquille.
C’est un monde à part, une classe à part et un lieu fermé où reigne la véritable solidarité qui devait pourtant être cultivée pour l’ensemble du peuple mais qui ne sert plus qu’aux privilèges de cette bourgoisie. Ce qu’ils gagnent, ils l’investissent où le rendement est le meilleur, chez l’ennemi. C’est de ces institutions, les nôtres, que se préparent les commissions contre nous, les programmes de reniement, les manipulations sociales et économiques contre nous.
Ils n’ont aucune bonne raison de faire l’indépendance. Pourquoi risquer de perdre leurs privilèges ? Le PQ est là pour eux, il en est lui-même. L’indépendance, ils l’ont. C’est l’État qui le leur assure et donc ils entretiennent cet État là, interventioniste, dirigiste, en total contrôle du peuple.
Georges-Étienne Cartier Répondre
6 juin 2008Le chantage de Siméon...et des autres...
En somme "Bonhomme, tu n`est plus maître dans ta maison, car nous y sommes ! Et si tu n`accepte pas de nier ce que tu es, je ne serai plus ton ami et tu pourras toujours rêver à ta liberté tout seul !".
Abjecte . De qui que ça vienne , noir ou autre.
Et qui me tient sur ce ton ce langage me crache au visage et me déclare la guerre. Et ne peut décemment se plaindre ensuite des conséquence de son acte!
Mais, concrètement, le message mérite objectivement d`être assumé.
Car Nous, la Majorité de 80%, devons appprendre, et vite, que l`Indépendance du Québec c`est POUR, et donc par, NOUS SEULS ( ou presque...) D`ABORD qu`elle doit et peut être faite.
Pour peu que Nous ayons toujours assez de Fierté pour ne pas Nous mériter les crachats...
Qui NOUS aime NOUS suive, et tant pis pour les autres. Et pour leur pseudo "amitié" qui nous neutralise : mieux vaut pas d`amis, et s`il le faut des ennemis, que de tels "amis" !..
NOUS N`IRONS NULLE PART TANT QUE CETTE RÉALITÉ IMPLACABLE N`AURA PAS ÉTÉ ADMISE ET ASSUMÉE !
C`est pourquoi il est si impérieusement nécessaire que quiconque y voit clair ne se gêne surtout pas pour le dire et le clamer sans hésitation, sans ambigûité "respectueuse" (" Délicatesse, que de lâchetés on commet en ton nom! "), et surtout sans merci aucune.
Et "Honni soit qui mal y pense" comme ils disent, "Eux"...en français !
Car c`est là Notre seul moyen, en les bousculant , de libérer parmi Nous de leur handicap rédhibitoire les témoins du débats victimes de l`"impuissance apprise" : par l`exemple de l`éxercice, dépouvu de tout "pacifisme" niaisement suicidaire, d`une audace "sans peur et sans reproche".
PS : puisqu`on est dans une chronique de "mots", le ban imposé au mot "raciste" est bien ennuyeux car il nous interdit de l`être à l`encontre de la "race" des imbéciles, des lâches, des vendus, des hypocrites, etc...
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2008Mme Saulnier, une question à vous.
Après les propos de VLB, les réactions de certains haitiens et les contre-réactions de certains québécois, y compris votre article ici, est-ce que vous êtes ravie qu'après tout cela la communauté haitienne, une communauté francophone et laique par excellence (à lire: une communauté qui devrait être considérée comme une amie), est devenue un peu moins chaleureuse envers le Québec comme un projet de pays? C'est une question politique, pas linguistique. Produire des ennemis est facile sur le plan politique, la raison est pourquoi faire?
Bien sûre, vous pouvez nier l'existence du problème; rien ne c'est passé; les relations avec les haitiens sont chaleureuses; ils vont tous voter OUI à cause de VLB.