Voter PQ ou non ne sera pas déterminant

Lettre à Mme Andrée Ferretti et M. Jean René Marcel Sauvé

Tribune libre

Bonjour Mme Ferretti,
Dans son commentaire à votre dernier texte, Le désir de Québécoises d’être égales à des hommes libres, M. l'engagé exprime bien ce que je pense, il a raison de souligner la nette différence entre le discours du PQ et de Mme Marois, et celui de ses supporters qui, comme le disait M. Nic Payne, transposent quelque peu leurs propres volontés avec "des rationalisations bâties sur l’espoir d’actions qui ne sont nulle part dans le programme et le discours péquiste". Je pense que c'est clair. Je sais que vous n’êtes pas de ceux-là.
Vous dites :

"il [le PQ] est à brève échéance, le seul à pouvoir accomplir avec succès cette lamentable tâche [sauver les meubles]. Ne pas le comprendre est logique. Ne pas le sentir est la manifestation d’une mortelle inconscience nationale."


Permettez-moi de vous dire que les gens qui pensent comme moi, au contraire, sont bien conscients des enjeux. Nous sommes dans l'opposition, nous y sommes depuis des années, et c'est là qu'il faut se ressourcer, se refaire. Plusieurs sur Vigile disent qu'une fois au pouvoir il sera temps de se reprendre en main. C'est tellement naïf, voyons donc, au contraire, si le PQ est élu, pendant toute la durée de son règne, il sera impossible de changer quoi que ce soit à son comportement. Tout le monde comprend ça, vous aussi bien sûr, vous ne faites pas de telles affirmations.
Entre perdre encore 20 ans parce qu'en 2011 ou 2012 il fallait sauver les meubles, entre ça ou prendre le risque de ne pas gagner les prochaines élections, afin de faire évoluer substanciellement le mouvement d'émancipation et conséquemment, perdre moins de temps, réagir à l’urgence qui s’intensifie avec les années, je préfère cette seconde option. Dites-vous que la réélection du PLQ signifie la mort du mouvement indépendantiste ? Dites-vous plutôt que c'est la mort de la nation qu'il faut craindre étant donné le sabotage et la déconstruction systématique du PLQ ?
La conscience nationale s'apprécie de différents points de vue. C’est peut-être triste à dire étant donné les conséquences possibles mais le point de non retour n’est pas une question économique (je sais que la déconstruction en cours a des conséquences qui ne sont pas qu’économiques). Il est plus urgent de s’occuper des mentalités.
Vous devez savoir, pourtant, que le PQ a les mains attachées depuis longtemps avec les corporations dirigeantes, les oligarques. Au pouvoir le PQ est devenu un vassal comme le sont la plupart des partis nationaux en Occident. Jugez de cela en examinant le comportement passé du PQ. Tout de même j’ajoute que si le travail de sape qui a cours au Québec depuis des années était stoppé et que le PQ prenait le pouvoir, étant donné son absence du champ identaire, son anti-nationalisme et sa philosophie multiculturaliste, la course vers le point de non retour ne serait pas changée. Voilà pour ma conscience nationale.
Parlant de sentir les choses, je crois que les gens sentent cela et ils en ont assez, c'est pourquoi le PQ, s'il ne change pas, ne sera pas élu aux prochaines élections. Même si tous les militants souverainistes votaient pour le PQ, il ne serait pas élu, à cause du CAQ et des autres partis. Sans un changement fondamental du PQ il est futile de voter pour lui, ça n'empêchera pas le PLQ de peut-être conserver le pouvoir. Voter PQ ou non ne sera pas déterminant.
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Par ailleurs j'apprécie le discours de M. Jean René Marcel Sauvé mais dans son commentaire au texte de Mme Feretti, en tout respect, il se trompe en affirmant :
"Madame Marois était crédible devant le peuple du Québec et Me Cloutier a tué cette crédibilité pour la remplacer par une radicalité de propos dépourvue de crédibilité pour les gens ordinaires, soucieux d’ordre et d’harmonie. ".

Mme Marois n'a jamais eu de crédibilité, jamais, M. Cloutier n’y est pour rien.
M. Sauvé, pour rétorquer à votre "Tombez les pieds par terre, de grâce", je vous dis respectueusement qu’avec ce genre de commentaire dans le précédent paragraphe, avec cet appui presqu’inconditionnel à Mme Marois, vous risquez votre crédibilité à vous. C’est ce que je crois bien humblement. Tout le monde est d’accord avec les principes géopolitiques, avec la réalité des rapports de force, avec la dynamique des populations et de l’environnement. Nous voulons que le Québec devienne un pays et le PQ, par ses actes et ses non actes, par son comportement depuis des années, promet de ne pas le faire. Je vous réitère mon appréciation de votre pensée et de votre action, le peuple a besoin d’hommes comme vous, mais j’ose quand même vous dire que dans vos derniers textes et commentaires concernant Pauline Marois, vous y allez de rationalisations bâties sur l’espoir d’actions qui ne sont nulle part dans le programme et le discours péquiste (dixit Nic Payne).
Les hommes et les femmes sont égaux, ils devraient l'être en tout cas, il faut tendre à cette égalité. Fleur de lys a dit dans un commentaire qu'on devrait juger Mme Marois à ses propositions, j'ajoute qu'il faut la juger à ses actes passés et présents. Alors je vous dis : examinez sa carrière, ses réalisations, et observez son comportement, ses prises de positions politiques depuis le début de sa carrière. C'est là-dessus qu'il faut juger Mme Marois et c'est ce que font les québécois. Mme Marois n'a jamais eu la crédibilité suffisante pour être Premier Ministre. Les québécois ne l'ont jamais voulu.
Je dis depuis le 2 mai que cette crise a été créée au Congrès du PQ, lorsqu'ils ont consacré Mme Marois à 93%. La population ne l'a pas pris, on venait de lui imposer quelqu'un dont elle ne voulait pas. Alors à la première occasion, 2 semaines plus tard, ils ont voté massivement pour autre chose que les professionnels de la souveraineté. Pour moi c’est clair comme de l’eau de roche. C’est pour ça que le PQ n’a plus le choix, il doit changer fondamentalement. À un moment donné il faut allumer, il faut voir les signes. On ne peut pas avoir un message plus clair que celui du 2 mai dernier.
Le plan Marois n'est pas différent des précédents quant à l'atteinte de l'objectif de l'indépendance du Québec, objectif qu'on ne nomme jamais "aussi crûment". Il n'est pas différent. À terme, si on est parvenu à créer les conditions favorables, le PQ fera un 3e référendum de la même manière que les 2 précédents. C’est dit clairement, ce n’est pas une cachette. La façon de procéder est exactement la même. Avec le plan Marois, la seule différence, c'est qu'on promet de ne pas attendre les conditions gagnantes, on va plutôt chercher à les favoriser. Or si on examine le passé de Mme Marois il est impossible de l'imaginer se démener dans des confrontations politiques longues et lancinantes avec le fédéral. Je ne la crois pas. La majorité de la population ne la croit pas quand elle affirme ceci et cela.
Contrairement à ce qu'en disent les gens, comme M. Cloutier, le problème n'est pas le Plan Marois, je crois que la population pourrait élire le PQ avec un tel plan s’il y avait un chef inspirant. Malgré ce qu’il est devenu, mettez Lucien Bouchard à la place de Mme Marois et même avec le plan Marois, le PQ serait élu, il l’aurait été aux dernières élections. Le problème c'est Mme Marois elle-même, les gens qui l'entourent et de façon générale les autorités du PQ, à tous les niveaux. M. Aussant, qui vient de l'intérieur, confirme que non seulement Mme Marois devrait quitter mais qu'il faudrait aussi changer la mentalité du PQ, ce qui n'est pas une mince affaire.
En terminant il faut tout de même dire que Mme Marois pourrait théoriquement faire mieux que ses prédécesseurs, qu'on devrait lui donner la chance de prouver ce qu'elle peut faire. Je réponds à cela qu'elle a eu d'innombrables occasions de montrer ce dont elle est capable depuis qu'elle est chef, et systématiquement son comportement a démontré son incapacité, sa cécité quant à ce qui se passe au Québec.


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2 commentaires

  • L'engagé Répondre

    18 août 2011

    Vous arrivez à dire ce qui me trote dans la tête et que je n'arrive pas à formuler.
    Le Québec a un problème de mentalité, un problème de culture, il faut faire un énorme effort de décervelage. Et qu'avons-nous pour le faire?
    Celle qui est responsable d'un fiasco en éducation. Comment penser qu'elle puisse comprendre la situation pour savoir la réparer. Pire, elle s'enfonce de crise en crise. Et il faudrait l'appuyer inconditionnellement?
    Nous devons devenir indépendants, devenir des loups. Et on nous demande d'agir en moutons? Ça n'a aucun sens.
    LE PQ N'A PAS VOULU DE MAROIS COMME CHEF À 3 REPRISES, faudra-il que les Québécois le disent au PQ une deuxième fois? Voyez-vous à quel point il faut être entêté? Comment quelqu'un d'aussi obtus et d'aveugle pourrait bien nous sortir du noir?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 août 2011

    ¨Malgré ce qu’il est devenu, mettez Lucien Bouchard à la place de Mme Marois et même avec le plan Marois, le PQ serait élu¨
    En rejetant le Bloc le 2 mai,nous avons aussi rejeté son créateur qui ne passais plus,et ne passe toujours plus,mais plus dutout dans l'opinion public, depuis qu'il s'est mis du coté des gazières en février.