Virage à droite du PQ: l'individu plutôt que l'Etat

PQ et SPQ-Libre

Denis Lessard - (Lévis) Un gouvernement péquiste favorisera l'enrichissement des individus et prendra ses distances de l'Etat providence, a prévenu hier Pauline Marois, un virage qui, samedi laissait perplexe certains militants.
Devant les trois cent militants réunis en colloque sur la création de la richesse la chef péquiste a réhabilité l'individualisme dans un parti qui s'est constamment fait l'avocat des droits collectifs et du rôle de l'Etat.
Pour elle «le Québec doit franchir une nouvelle étape, ce n'est plus l'Etat qui doit être au coeur de notre enrichissement national. Les Québécois doivent en être les fers de lance».
Pas question de «faire table rase du passé, l'Etat continuera d'être un formidable outil de développement économique et de partage de la richesse. Mais pour l'avenir on doit crer les conditions pour permettre aux Québécois d'être maîtres de leur enrichissement. La richesse personnelle, la richesse des personnes est un moyen d'épanouissement des personnes, de toutes la nation québécoise», a-t-elle soutenu.
Le document soumis à la discussion des délégués en fin de semaine, souligne qu'à «la base de la création de la richesse, il y a le comportement individuel». On ajoute que «trop souvent l'individu doit s'adapter à l'Etat. L'Etat doit plutôt répondre aux besoins changeants des individus et les inciter à adopter des comportements créateurs de richesse».
L'orientation plus individualiste du plan de match du PQ tranche avec les positions traditionnelle du parti. Aussi le virage est accueilli avec un peu de circonspection chez les militants et les vétérans.
Pour Louise Beaudoin le PQ ne doit pas verser dans l'individualisme, «je reste de centre-gauche, il faut garder une notion plus collective, le document est plus individualiste» observe-t-elle. Le document de réflexion propose des choses étonnantes relève-t-elle. On se demande par exemple s'il ne faudrait pas payer les étudiants pour qu'ils restent en classe «cela a fonctionné semble-t-il en Grande Bretagne, mais cela me parait être le stade extrême de la «merchandisation» de l'éducation, cela me pose des problèmes de conscience» résume l'ex-ministre Beaudoin.
«De quel virage à droite parle-t-on, lance pour sa part Pierre Curzi. On ose poser une question et le débat sera clair et démocratique. Il faut faire attention à la rhétorique» prévient-il.
«La richesse collective reste à mon sens une valeur sociale démocrate fondamentale. Il vaut mieux selon moi distribuer de la richesse pour en créer qu'en créer pour la redistribuer. On a intérêt à avoir une intervention étatique qui redistribue la richesse collective» dira Pierre Curzi.
Pour Marc Laviolette du SPQ libre, la chef péquiste a «un problème de perspective» quand elle soutient que «pour dépasser les autres nations il faut se baser sur les individus. Pour nous cela prend tous les outils pour se développer, cela prend la souveraineté et ca c'est un projet collectif» insiste-t-il.
Le document se demande s'il faut plus taxer, ou opter pour les impôts pour augmenter les recettes de l'Etat. «On n'ira pas chercher la classe moyenne en les taxant plus, il y a 70 % de la population gagne 30,000 $ par année. Il y a 40 % du monde qui ne gagnent pas assez pour payer de l'impôt, ce n'est pas en les taxant qu'on va régler les choses» dira M. Laviolette.
«Le PQ se définit comme un parti social démocrate» insiste-t-il.
Pour Alexandre Cloutier, député de Lac Saint-Jean, on ne peut parler de «virage à droite» au PQ, «j'aime mieux parler de cas précis, je ne pense pas qu'il y ait de virage majeur vers la droite. Il n'y a pas d'opposition entre l'enrichissement des individus et l'Etat. Il y a-t-il quelqu'un au Québec qui soit contre l'enrichissement des Québécois!» lancera M. Cloutier.


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