Près de sept ans après son retour en politique, François Legault réalise son rêve de devenir premier ministre et chasse les libéraux du pouvoir. «Ce soir, les Québécois ont fait l’histoire. Ils ont fait confiance à un nouveau parti pour relancer le Québec», s’est réjoui le chef caquiste, qui dirigera un gouvernement majoritaire.
«Aujourd’hui, il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous divisé depuis 50 ans», a déclaré M. Legault, en prononçant son discours de la victoire devant des centaines de militants euphoriques rassemblés à Québec.
«Aujourd’hui, il y a beaucoup de Québécois qui ont fait la démonstration que c’est possible de faire travailler ensemble des adversaires d’hier, pour le Québec demain», a-t-il continué.
Le chef de la Coalition avenir Québec s’est engagé à diriger «un gouvernement efficace, un gouvernement humain qui a le cœur à la bonne place, mais les deux pieds sur terre».
Main tendue
Le premier ministre élu a affirmé sa volonté de gouverner dans un «esprit de rassemblement», notamment pour les familles et les aînés.
Il a aussi tendu la main aux Québécois anglophones, un électorat que les libéraux ont su conserver dans leur giron. «Travaillons ensemble pour faire un Québec plus fort à l’intérieur du Canada et je veux vous assurer que mon gouvernement sera votre gouvernement», a dit le chef de la CAQ, fort de son éclatante victoire.
Le suspense aura été de courte durée. À 20h14, TVA Nouvelles annonçait que le prochain gouvernement serait caquiste. Vers minuit, les troupes de François Legault bénéficiaient de 38% des votes, loin devant les libéraux, à 25%.
Vague caquiste
La vague caquiste a déferlé partout au Québec, du Saguenay-Lac-Saint-Jean à l’Outaouais, en passant par l’Abitibi. Toutes les vedettes caquistes comme Sonia Lebel ou Ian Lafrenière ont été élues. La CAQ a même réussi à faire élire deux députés sur l’île de Montréal, dans Pointe-aux-Trembles et Bourget.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS
Il s’agit d’une élection historique: c'est la première fois depuis 1966 que le gouvernement ne sera pas formé par le PLQ ou le Parti québécois.
Gouvernement majoritaire de la CAQ
Gifle pour Couillard
L’élection d’un gouvernement caquiste majoritaire est une gifle pour le premier ministre sortant Philippe Couillard, qui réclamait un second mandat pour redistribuer les fruits des années d’austérité qu’il a imposées aux Québécois.
Le chef libéral s’est donné quelques jours seulement pour réfléchir à son avenir. Ce revers pave probablement la voie à une course à la direction au PLQ.
Plusieurs ministres libéraux sont également tombés au combat. C'est le cas notamment de François Blais, Véronyque Tremblay, Lucie Charlebois, Luc Fortin et Pierre Moreau, que plusieurs voyaient comme un potentiel successeur de Philippe Couillard.
Lisée battu dans son comté
C’est la débâcle pour les péquistes, qui ont même perdu leur chef, éjecté de son propre comté de Rosemont. Jean-François Lisée a été battu par son adversaire solidaire Vincent Marissal. Mince consolation, la vice-cheffe Véronique Hivon réussi à conserver son siège de députée de Joliette.
À 22h, le PQ était en voie de remporter seulement dix sièges. Avec aussi peu d’élus, le PQ pourrait même de ne pas être reconnu officiellement comme un parti politique à l’Assemblée nationale.
Jean-François Lisée, qui avait amorcé la campagne en lion, aura payé cher son attaque ratée à l’endroit de Manon Massé lors du dernier débat télévisé. Cette raclée ouvre toute grande la porte non seulement à une course à la chefferie au PQ, mais également une importante remise en question du mouvement indépendantiste au Québec.
Québec solidaire perce à Québec
Pour Québec solidaire, qui passe de trois à dix députés, c’est une victoire éclatante. C’est surtout un succès pour Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, qui auront réussi à reprendre le flambeau solidaire de belle façon après les départs de Françoise David et Amir Khadir, figures emblématiques des premières années de la jeune formation politique.
Accusé d’être un parti uniquement montréalais par ses rivaux, Québec solidaire réussi une percée à Sherbrooke, mais aussi dans la Capitale nationale. Catherine Dorion remporte haut la main la circonscription de Taschereau dans le centre-ville de Québec, représentée actuellement par la péquiste Agnès Maltais. Dans Jean-Lesage, la candidate libérale vedette Gertrude Bourdon mord la poussière devant le solidaire Sol Zanetti.
À 16 h lundi, le taux de participation était de 41,2 %, indiquait le Directeur général des élections. Il s’agit d’un taux assez faible, puisqu’en 2014, à 15 h, il était déjà de 41,7 %.
- Avec la collaboration de Camille Garnier
SES PROMESSES
- La maternelle 4 ans pour tous les enfants du Québec. 622 M$
- Trente maisons pour les aînés d’ici 2038. 319 M$
- Une «allocation familiale» de 1200 $ pour le 2e et 3e enfant.1,9 G$
- Abolir la modulation des tarifs de garde et rétablir un tarif unique à 8,05 $ par jour. 400 M$
- Rénover et agrandir les écoles du Québec. 4,8 G$
- Abaisser le nombre d’immigrants de 50 000 à 40 000 par année dès 2019.
*montants tirés du cadre financier de la CAQ
LA CAQ LARGEMENT MAJORITAIRE
Loin des sondages qui prédisaient un résultat serré, la CAQ de François Legault a fait élire 74 députés, soit 11 de plus que ce dont il avait besoin pour obtenir la majorité.