Si Justin Trudeau veut que le Québec hausse ses seuils d’immigration, il doit d’abord s’assurer que près de 100 % des nouveaux arrivants qu’il sélectionne soient francophones, prévient François Legault.
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Une rencontre est prévue vendredi entre les deux premiers ministres. François Legault a fait connaître aujourd'hui la liste de sujets qu’il compte aborder avec son homologue fédéral.
Les transferts en santé et la hausse des migrants irréguliers qui traversent le chemin Roxham seront à l’ordre du jour. Pas moins de 36 000 demandeurs d’asile ont emprunté ce passage depuis le début de l’année.
Le déclin du français est aussi une priorité du premier ministre québécois, qui invite Justin Trudeau à passer de la parole aux actes et de démontrer qu’il est lui aussi sensible à cet enjeu.
« En privé et même en public, il dit que ça l’inquiète et que ça le préoccupe, le déclin du français. Maintenant, il va falloir que les bottines suivent les babines », a lancé François Legault, en point de presse à l’Assemblée nationale.
Le premier ministre canadien a déclaré en entrevue à La Presse Canadienne que le Québec a la capacité d’accueillir 112 000 immigrants par an.
La recette ne marche pas
M. Legault réplique qu’à 50 000 nouveaux arrivants annuellement, le français décline au Québec, plus particulièrement à Montréal. Il faut donc renverser cette tendance avant de penser à hausser les seuils d’immigration, juge-t-il. Pour y arriver, Justin Trudeau doit s’assurer que la part des immigrants que le fédéral sélectionne soit presque toute francophone.
« À court terme, on a un déclin du français, donc à court terme, la recette ne marche pas. Si on corrige la recette à l’intérieur du 50 000 pour se rapprocher du 100 % de francophones, on pourra, et je l’ai déjà dit, regarder pour augmenter [les seuils d’immigration] avec d’autres francophones », a insisté le premier ministre québécois.
Selon François Legault, c’est encore là une preuve que Justin Trudeau pratique un fédéralisme « très centralisateur ».
Entreprises récalcitrantes
Le premier ministre canadien doit aussi s’assurer que la loi 101 s’applique aux grandes entreprises à charte fédérale, comme le commande la loi 96. Seulement 370 des 400 compagnies visées ont accepté de s’inscrire à l’Office québécois de la langue française, déplore François Legault.
« Je vois pas pourquoi une compagnie comme Air Canada n’aurait pas les mêmes exigences qu’une compagnie comme Bombardier parce qu’il y en a une qui est à charte fédérale », a-t-il renchéri.