Les problèmes de gestion décelés au CHUM par le vérificateur général (VG) nécessitent des correctifs. Toutefois, la tutelle évoquée par le ministre de la Santé n'est pas une solution, mais une réponse disproportionnée, qui risque de causer plus de tort qu'autre chose.
Le ministre Réjean Hébert a donné une semaine au conseil d'administration du CHUM pour décider des suites à donner aux recommandations du vérificateur. Le conseil doit indiquer comment il entend corriger ses propres lacunes, et ce qu'il prévoit faire au sujet des membres de la haute direction cités dans le rapport. Le ministre décidera alors s'il met le CHUM en tutelle, ou si un accompagnateur suffit.
Les problèmes signalés au CHUM n'ont aucune commune mesure avec ceux vécus à l'autre hôpital universitaire montréalais, le CUSM, où l'ancien directeur général (DG) et son ex-bras droit sont accusés de fraude et autres crimes. La plupart des gestes reprochés à la direction du CHUM sont plutôt des écarts par rapport aux barèmes imposés dans le secteur public.
Oui, il y a des décisions qui laissent perplexes. Un cadre du CHUM a touché 104 000$ en quatre ans de la fondation de l'hôpital en vertu d'un contrat de services professionnels. Le VG dit que cela contrevient à la loi. Même si le CHUM a présenté un avis juridique contraire, ce n'est pas idéal pour l'image de la Fondation. On aimerait aussi savoir pourquoi la prime de rendement du DG Christian Paire était versée sur sa paie avant même qu'il ait été évalué. S'est-on contenté de plaquer le terme «prime» sur une portion de sa rémunération, sans la lier à des objectifs?
Par contre, l'existence même de cette prime, de même que le paiement de rémunérations excédentaires à des cadres, ne nous paraît pas aussi scandaleuse que les chiffres le suggèrent.
Le VG considère que M. Paire a touché 70 000$ de trop car malgré la loi 100, qui interdit les primes aux cadres depuis le printemps 2010, il a continué à recevoir la sienne. Le CHUM aurait-il dû la lui enlever, bafouant un contrat signé bien avant cette mesure? C'est l'avis de Québec, qui veut récupérer la somme. Nous ne sommes pas convaincus. L'hôpital se serait exposé à des frais juridiques importants pour défendre une décision pour le moins cavalière.
Le VG dit aussi que le non-respect des normes de rémunération des cadres a entraîné des versements excédentaires de 750 000$ en trois ans. C'est son rôle. Celui du ministre est de mettre les choses en perspective. L'argent a-t-il vraiment été versé en trop, c'est-à-dire sans justification? Ou, comme on l'entend au CHUM, pour du travail réel excédant largement les définitions de tâches disponibles? Est-ce le seul hôpital à faire de tels aménagements?
Avant de faire rouler des têtes et de déstabiliser cet établissement, il faudrait savoir de quoi on parle. Le CHUM vient de prouver, avec son centre de recherche, qu'il est capable de livrer un projet d'envergure. Ne l'empêchons pas de faire la même chose avec son futur hôpital.
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