Mercredi dernier, la présidente et directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, était invitée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à prononcer une conférence. Celle, qui est à la tête de la société d’État depuis juillet 2018, en a profité pour vanter une ambition chère à Radio-Canada : « rassembler dans un monde polarisé ».
Ce discours emprunte certains traits à l’absurde. C’est que depuis quelques années, Radio-Canada semble échouer lamentablement dans cette mission.
Racisme systémique
Prenons l’exemple de la théorie du racisme systémique. Au nom de la diversité et de la réconciliation, cette théorie est présentée par Radio-Canada – à sa télévision, mais aussi à sa radio ou en ligne – à la manière d’un phénomène observable à l’œil nu, un peu comme l’ébullition de l’eau ou la foudre.
Cette ligne éditoriale est pourtant étrangère à l’ambition de vouloir « rassembler » puisque non seulement la théorie est hautement contestable, mais ce ne sont pas tous les Canadiens qui y adhèrent.
Des universitaires, mais aussi des membres de la classe politique et même des artistes ont réfléchi à cette question et aimeraient être entendus depuis des années. À la place, Radio-Canada orchestre une sorte de consensus et développe un discours extrêmement rigide qui refuse toute forme de dialogue.
Ce refus du dialogue, on l’observe notamment sur une base régulière à Tout le monde en parle qui constituait pourtant dans le passé un lieu chaleureux permettant les rencontres fécondes, les échanges riches et même parfois des débats. Aujourd’hui, la messe du dimanche soir s’apparente plutôt à un carrousel de la vertu, un territoire froid et miné où les vedettes du jour se pavanent et se retiennent surtout d’exprimer une opinion qui puisse ébranler le catéchisme progressiste [...]
Gardez-vous une petite gêne
Si on cherche des preuves encore plus concluantes qu’au nom de l’ambition de « rassembler », Radio-Canada pratique en fait l’exclusion, on n’a qu’à relire la lettre incendiaire publiée par l’ex-journaliste Tara Hanley en tout début d’année.
Afin de justifier sa démission, elle avait notamment révélé que « travailler à la CBC maintenant, c’est accepter l’idée que la race est la chose la plus importante chez une personne et que certaines races sont plus pertinentes que d’autres pour la conversation publique. »
La présidente et directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, est-elle vraiment d’avis que la racialisation des affaires publiques est au service de l’ambition de « rassembler » les Canadiens ?
En compartimentant les individus selon la couleur de leur peau et en refusant que les idées progressistes soient remises en question, comment Radio-Canada se positionne-t-elle au juste dans le jeu d’équilibre de la polarisation ?
Si elle tient à poursuivre dans cette voie, la société Radio-Canada devrait se garder une petite gêne. Pour l’instant, elle fait tout sauf « rassembler » les Canadiens.
Rémi Villemure, Étudiant à la maîtrise en histoire