Le suicide du policier qui a découvert les corps ensanglantés des enfants de Guy Turcotte est « tragique », estime la ministre de la Sécurité publique, qui relance le débat pour l’aide aux premiers répondants.
Patrick Bigras a été trouvé sans vie à Mirabel vendredi soir, a-t-on appris. Selon nos informations, il était depuis peu en congé de maladie pour des raisons personnelles.
« Le décès du policier Patrick Bigras est une terrible tragédie », a commenté la ministre Geneviève Guilbault.
« Les policiers, tout comme plusieurs autres professionnels qui interviennent dans des contextes d’urgence, sont des êtres humains qui vivent des situations éprouvantes dans le cadre de leurs fonctions », a ajouté celle qui est aussi vice-première ministre.
C’est Patrick Bigras qui, il y a 10 ans, avait trouvé les corps mutilés des enfants de Guy Turcotte dans une résidence de Piedmont, dans les Laurentides.
« C’est bouleversant, très bouleversant », avait-il témoigné lors du deuxième procès de l’ex-cardiologue, en septembre 2015, en référence aux images qu’il garde des enfants de trois et cinq ans poignardés à mort. Il n’avait d’ailleurs pas pu travailler pendant deux mois et demi après cette affaire, avait-il confié.
Une enquête policière et un coroner tenteront de faire la lumière sur ce qui a pu pousser le policier à commettre son geste.
« Les gens qui l’ont côtoyé de près font évidemment l’amalgame avec [son intervention chez] Turcotte. Est-ce la seule raison ? L’enquête sert à déterminer pourquoi il est tombé en maladie, pourquoi ç’a dégénéré par la suite », a pour sa part commenté le président de l’Association des policiers provinciaux du Québec, Pierre Veilleux.
Événement troublant
« On ne peut pas nier qu’il a été troublé par ce qu’il a vécu. On l’aurait tous été », a dit un ex-collègue, qui préfère taire son identité par respect pour la famille.
D’ailleurs, un policier qui vit un important traumatisme doit aller chercher de l’aide, insiste le psychologue Pierre Faubert.
« Les séquelles peuvent parfois surgir même après des années », a-t-il dit, ajoutant qu’un déclencheur peut faire rechuter.
« On peut revivre le trauma comme si cela venait de se passer », a-t-elle ajouté.
Mais exprimer sa détresse n’est pas toujours facile pour un policier, admet Geneviève Arguin, de la Vigile, qui appuie les intervenants en situation d’urgence.
Éliminer le tabou
« Ce sont les policiers qu’on appelle quand on a besoin d’aide. Donc souvent, pour eux, c’est difficile de demander de l’aide », lance-t-elle.
Il est urgent d’éliminer le tabou que les policiers sont invincibles, croit la présidente de l’Ordre des psychologues.
« Autant ils peuvent se faire une entorse, autant ils peuvent développer un syndrome de stress aigu ou de stress post-traumatique », dit la Dre Christine Grou.
– Avec la collaboration d’Axel Lamothe-Marchand, Michaël Nguyen et Marc-André Gagnon
Si vous avez besoin d’aide:
Ligne québécoise de prévention du suicide
www.aqps.info
1-866-APPELLE (277-3553)
Jeunesse, J’écoute
www.jeunessejecoute.ca
1-800-668-6868
Tel-Jeunes
www.teljeunes.com
1-800-263-2266