La demande de services sexuels est si forte pendant le Grand Prix du Canada que des proxénètes ont rapatrié vers Montréal des jeunes femmes exilées dans d’autres provinces et aux États-Unis au cours des derniers jours.
« Il y a des gens qui viennent des États-Unis et de l’extérieur spécifiquement pour ce week-end. C’est le cas pour tout événement majeur, mais on sait qu’il y a une claire corrélation entre le Grand Prix et l’affluence de jeunes femmes », explique Charles Poirier, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
C’est pourquoi des enquêteurs de la GRC ont été postés cette semaine à l’aéroport Montréal-Trudeau, afin de cibler les voyageurs aux comportements suspects.
Il y a également une surveillance accrue aux frontières, ajoute le gendarme Poirier.
« Depuis la semaine dernière, on porte une attention particulière aux indicateurs de traite de personnes. Lorsqu’il y a un afflux de gens qui viennent spécifiquement pour ça, malheureusement, ça vient avec une augmentation de jeunes femmes qui sont amenées », expose-t-il.
Liste d’attente
Ces filles proviennent des États-Unis, mais aussi d’ailleurs au Canada, selon la criminologue Maria Mourani.
« Si en temps normal elles peuvent faire entre 10 et 15 clients par jour, durant la F1, c’est non-stop. On les bourre de pilules pour qu’elles ne dorment pas et rapportent le plus d’argent possible. C’est la poule aux œufs d’or. »
Au plus fort des festivités du Grand Prix, qui a débuté jeudi à Montréal, il peut même y avoir des listes d’attente pour obtenir les services de filles, ajoute Mme Mourani.
Les déplacer d’une province ou d’une ville à l’autre est une pratique courante par les proxénètes.
« Ils font rouler les filles parce que c’est plus facile de les contrôler. Elles sont moins traçables, plus vulnérables », note la porte-parole du comité Un trop Grand Prix, Éliane Legault-Roy.
Si les proxénètes le font particulièrement durant la Formule 1, c’est parce que c’est avantageux vu la grande demande, mais aussi parce que c’est l’événement « qui a le plus d’argent », ajoute-t-elle.
Les annonces doublent
Par ailleurs, les offres de services sexuels pullulent sur le web, remarque l’ancien policier et président de la firme de sécurité Vigiteck, Paul Laurier.
Grâce à un logiciel qui répertorie les offres sexuelles sur deux sites québécois populaires, il note que les annonces d’escortes ont doublé de mars à la fin du mois de mai, passant de 926 à 2222.
Or, ce n’est que la pointe de l’iceberg, insiste-t-il. En effet, pour les fins de l’exercice, l’expert en sécurité n’a pris en compte qu’un service précis, soit celui d’escorte, alors qu’il en existe une panoplie. Et il n’a calculé que les annonces uniques, éliminant les doublons.
De façon générale, une même annonce sera publiée de multiples fois, ce qui crée un volume impressionnant. Il existe plus de 200 sites de ce genre.
« Si on prend l’offre sexuelle sur le web au complet, juste à Montréal, on retrouverait quatre fois plus d’annonces », explique M. Laurier.
Et ce grand volume d’annonces reste élevé tout l’été dans la métropole, mais aussi à Laval et à Québec, selon ses données.