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Un groupe anglophone lance le Parti canadien du Québec

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La division du vote rouge, une bonne nouvelle pour les patriotes du Québec


(Québec et Montréal) Après l’ex-candidat à la mairie de Montréal Balarama Holness, qui a créé plus tôt ce mois-ci le parti Mouvement Québec, une nouvelle formation politique pourrait s’ajouter à la ligne de départ des élections québécoises du 3 octobre prochain : le « Parti canadien du Québec ».


La création du Parti canadien du Québec, qui s’ajoute à celui de Mouvement Québec, est une mauvaise nouvelle pour le Parti libéral du Québec et sa cheffe, Dominique Anglade. Le leader parlementaire de la formation, André Fortin, a appelé mardi les Québécois « qui considèrent » ces deux nouvelles propositions politiques à se ranger derrière les troupes libérales pour éviter de diviser le vote.







« Je dirais à ces électeurs-là que le Parti libéral du Québec a voté contre la loi 21 [sur le port de signes religieux], contre la loi 40 [sur l’abolition des commissions scolaires] et qu’on va voter contre le projet de loi 96 [sur la protection de la langue française]. Si on veut bloquer des projets de loi comme ceux-là, si on ne pense pas que ça reflète nos idées, nos valeurs, dans ce cas-là, il faut se coaliser autour d’un parti et ce parti-là, c’est le Parti libéral du Québec », a plaidé le député de Pontiac.


M. Fortin a dit craindre que l’apparition de ces nouvelles formations vienne nuire au PLQ et provoque finalement l’effet inverse en donnant plus de sièges à la Coalition avenir Québec. « Ça peut avoir une incidence sur la division du vote, ce sera aux Québécois de décider », a-t-il admis.


Colin Standish, juriste dans un cabinet d’avocats à Sherbrooke et porte-parole du Comité exploratoire des options politiques, a fait l’annonce de la création du nouveau parti dans un communiqué dans la nuit de lundi à mardi. En entrevue avec La Presse, il a précisé que le lancement officiel du parti se ferait à la mi-mai, une fois le parti officiellement reconnu par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ).


Le parti, qui dit que son sigle est « PaCQ », plutôt que PCQ (car il serait sinon le même que le Parti conservateur du Québec), est née de l’insatisfaction exprimée par des membres de la communauté québécoise anglophone envers les libéraux, notamment en lien avec ses positions dans la réforme de la loi 101. Ce nouveau parti élabore une stratégie pour présenter des candidats dans les 125 circonscriptions du Québec cet automne, mais concentrera d’abord ses efforts de recrutement à Montréal, dans les Cantons de l’Est et dans l’ouest du Québec, nous a dit M. Standish.


Dans un communiqué, le Parti canadien du Québec affirme avoir six principes fondateurs, soit le respect des droits fondamentaux, de « l’intégrité de la Constitution canadienne », le bilinguisme, le libre choix en matière d’éducation, la prospérité économique et le « rapprochement [et la] réconciliation ».


« Le temps est venu d’offrir une voix aux marginalisés, notamment aux Québécois qui se sentent trahis et abandonnés par la Coalition avenir Québec et le Parti libéral du Québec », a déclaré M. Standish, porte-parole de ce nouveau parti politique provincial, selon qui il y a « un vide béant dans la politique québécoise […] nonobstant les cinq partis actuellement représentés à l’Assemblée nationale ».


Ce dernier précise également que des informations supplémentaires sur le leadership du parti, comme le choix du chef, seront communiquées plus tard ce printemps.


Un vote divisé


Dans une lettre envoyée récemment aux médias, cette Dominique Anglade écrivait que l’opposition officielle a « toujours eu à cœur de protéger et de promouvoir notre langue commune tout en respectant les droits de la minorité d’expression anglaise ».


« La présence de cette communauté anglophone enracinée et attachée au Québec fait partie intégrante de notre force et de notre vivre-ensemble. Nous, au Parti libéral du Québec, reconnaissons que cette diversité est une force et non une faiblesse », ajoutait-elle, alors que les libéraux comptent historiquement sur l’appui électoral des Québécois anglophones.


Joint au téléphone, Balarama Holness, qui a aussi annoncé la semaine dernière son nouveau parti Mouvement Québec, n’a pas manqué de décocher des flèches bien senties à Colin Standish.


« Peut-être bien qu’ils iront chercher un certain pourcentage du vote qu’on aurait eu en octobre, mais honnêtement, je pense que ça va être marginal, parce que le peuple n’est pas avec eux. Les gens ne le connaissent pas et ne seront pas inspirés parce qu’il a fait par le passé », a aussi dit à La Presse l’ancien candidat à la mairie de Montréal.


La semaine dernière, en lançant sa nouvelle formation politique — une antenne provinciale de Mouvement Montréal, le parti avec lequel il a récolté un peu plus de 7 % aux dernières élections municipales montréalaises —, Balarama Holness avait invité Colin Standish à se joindre à son parti. Il semble maintenant qu’aucune union ne sera possible entre les deux hommes, qui partagent pourtant une vision très similaire en matière des droits des minorités linguistiques et culturelles, notamment par leur ferme opposition au projet de loi 96 ou à la loi 21 sur la laïcité du gouvernement Legault. Selon nos informations, MM. Standish et Holness avaient d’ailleurs eu des discussions durant l’élection municipale, cet automne.


« N’importe qui peut aller mettre son nom et partir un parti politique, mais la réalité, c’est que quand il va se promener à Montréal, les gens vont dire : tu es qui, toi ? Tu viens de nulle part, tu ne nous as pas montré aucun sacrifice, aucune vulnérabilité », a dit M. Holness.




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