Un beau sapin

Laïcité: ce qui règne en maître, c'est la plus totale confusion.

Noël et Jour de l'An - 2010- 2011




Y a-t-il encore un seul citoyen pour croire qu'au Québec, le problème du statut de la laïcité est réglé? Et, au fait, est-ce qu'on comprend vraiment ce qu'est la laïcité des institutions et de l'espace public? Est-ce qu'on sait quels droits et quels devoirs cette laïcité - à bâtir - accorde et impose?
Réponse: non à toutes ces questions. Ce qui règne en maître, c'est la plus totale confusion. Les démonstrations et conséquences de ce désarroi pullulent.
- Il est fort déprimant d'avoir encore à expliquer que la laïcité n'a rien à voir avec l'athéisme. Il y a de la mauvaise foi chez ceux qui, délibérément, confondent l'une et l'autre.
- Depuis qu'ils ont été bricolés dans la foulée de la commission Bouchard-Taylor, les concepts d'«interculturalisme» et de «laïcité ouverte» demeurent mystérieux. On soupçonne qu'ils ne sont que de vieux concepts faillis, multiculturalisme et primauté des droits religieux, repartis sous d'autres noms.
- Justement ces jours-ci, deux essais sont proposés par des auteures québécoises qui ressentent un grand besoin de clarté. Dans Pour un Québec laïque, la juriste Caroline Beauchamp explore précisément la confusion ambiante. Dans La laïcité, ça s'impose!, la professeure et militante Louise Mailloux parle de l'urgence qu'il y a à mater le retour en force de la religion dans la sphère publique.
- Enfin, la «guéguerre» de Noël sévit encore cette année, deux incidents étant remarqués. La directive (par la suite annulée) d'un fonctionnaire interdisant toute décoration de Noël dans les 118 bureaux de Service Canada au Québec. Et la décision de Ville Mont-Royal de ne pas monter de crèche devant la mairie.
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Dans les deux cas, tout aurait dû être simple et tenir à un arbre: le sapin!
Celui-ci relève en effet d'une tradition d'abord païenne, puis chrétienne, aujourd'hui sociale, de sorte qu'il est tout usage. La crèche, c'est autre chose. L'objet est exclusivement religieux et n'a pas sa place devant un hôtel de ville... surtout qu'il existe à Montréal quelque 150 églises catholiques, et des dizaines d'autres chrétiennes, devant lesquelles la crèche trouve son habitat naturel. (Il y a aussi nombre de synagogues et de mosquées susceptibles d'être ornées au goût de leurs fidèles respectifs.)
Pourquoi alors est-ce si compliqué?
Parce que le Québécois de tradition chrétienne - et davantage encore le croyant - est en faveur de l'égalité des religions... à la condition que la sienne demeure plus égale que les autres! Or, ce n'est pas possible. La composition de notre société a changé. Il faudra comprendre ce que cela implique et considérer ce que doit être une véritable égalité en matière de laïcité.
Espérons que notre identité ne tient pas toute entière dans le souvenir d'une vieille étable du Proche-Orient.


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