Le président Recep Tayyip Erdogan pourrait-il avoir lui-même orchestré la tentative de coup d'État avortée pour renforcer sa poigne sur la Turquie ? C'est une des théories favorites de ses opposants. Les experts la mettent en doute mais conviennent tout de même qu'en arrêtant 6000 militaires et fonctionnaires de l'appareil judiciaire depuis samedi et en parlant de rétablir la peine de mort, sous les clameurs de ses supporters dans la rue, Erdogan semble plus fort que jamais. Ses opposants, eux, n'osent pas se manifester.
6000 arrestations
La purge des opposants du président aurait mené à l'arrestation de 6000 personnes depuis samedi, dont 29 des principaux généraux de l'armée. Tous sont suspectés d'avoir orchestré ou appuyé la tentative de coup d'État qui s'est soldée par la mort de 290 Turcs, policiers, militaires et civils. « On vise à éliminer du système les esprits dissidents du gouvernement. Erdogan a déjà été soumis à des examens et à de la filature pour corruption. Il veut éliminer cette indépendance du système judiciaire », croit le professeur d'histoire à l'UQAM et spécialiste de la Turquie Stefan Winter.
Procès équitables ?
Les gouvernements étrangers demandent à la Turquie de ne pas profiter du coup raté pour sombrer dans la purge idéologique. « L'application régulière de la loi doit prévaloir contre ceux qui ont essayé de renverser la démocratie turque par les armes », a déclaré le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion. Mais Stefan Winter a des doutes. « Erdogan a apporté du bon en matière d'économie. Même un peu du côté de la démocratie. Mais le bilan en matière de droits humains et d'indépendance du système de justice s'est beaucoup dégradé. Je ne crois pas qu'on puisse attendre un procès très juste [pour ces 6000 accusés]. »
Retour de la peine de mort ?
« Un hashtag pour ramener la peine de mort est parmi les plus populaires sur les réseaux sociaux en Turquie », fait remarquer Stéfan Winter. Erdogan semble l'avoir noté. « En tant que gouvernement et en tant qu'État [...], nous ne pouvons pas ignorer votre demande », a déclaré le chef d'État hier, affirmant qu'il consulterait l'opposition sur le sujet. « La peine de mort a été suspendue autour de l'an 2000. Surtout pour pouvoir entrer dans les standards de l'Union européenne. Mais on ne cherche plus à impressionner les Européens, et la droite voudra certainement son retour », croit M. Winter.
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