À peine parti et déjà sur le chemin du retour. Dimanche prochain, Donald Trump doit annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024, lors de sa première apparition publique depuis son départ de la Maison-Blanche. Selon des sources proches du milliardaire américain, citées par le site Axios, l’ex-président se prépare à se présenter comme le « candidat désigné » du Parti républicain pour 2024, dans une nouvelle « démonstration de force » visant à rappeler à ses détracteurs, y compris au sein de sa formation politique, qu’il a toujours le contrôle du parti.
L’annonce, prévue lors d’une allocution à la Conservative Political Action Conference (CPAC) qui se tiendra à Orlando dimanche, arrive plus de deux semaines après l’acquittement de l’ex-président lors de son deuxième procès en destitution et à un moment où le parti reste profondément divisé sur son avenir, après l’échec électoral de novembre et l’insurrection du Capitole, par des fidèles de Donald Trump, le 6 janvier dernier.
Le retour de l’ex-président s’annonce toutefois compliqué, en raison des affaires judiciaires qui risquent de le rattraper. Lundi, la Cour suprême des États-Unis a rejeté sa demande visant à éviter de remettre ses archives fiscales à un juge de New York dans le cadre de plusieurs enquêtes en cours. L’une sur des prêts accordés à la Trump Organization et l’autre sur des versements d’argent à deux maîtresses présumées du milliardaire. Ces documents fiscaux pourraient confirmer des soupçons de fraude et de malversation et entraîner une inculpation de l’ex-président.
Par voie de communiqué, Donald Trump a promis lundi qu’il allait « continuer à se battre » contre la justice tout en dénonçant la décision du plus haut tribunal au pays, pourtant sous influence ultra-conservatrice depuis les dernières nominations qu’il y a faites. « Tout cela est d’inspiration démocrate, dans une juridiction, New York et l’État de New York, totalement démocrate, contrôlée et dominée par un de mes plus grands ennemis, le gouverneur Andrew Cuomo », a-t-il dit. Soulignons que la décision de la Cour suprême a été appuyée par deux juges nommés par Donald Trump, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh.
C’est dans ce climat de mise en échec que l’ex-président doit rencontrer ses conseillers à Mar-a-Lago cette semaine pour orchestrer son premier discours public lors de la CPAC. Il se prépare à y affirmer qu’il n’est peut-être « plus sur Twitter ni au Bureau ovale », mais « qu’il contrôle toujours pleinement la situation », selon un conseiller de longue date, cité par Axios.
« Trump, c’est le Parti républicain », a commenté Jason Miller, conseiller principal de Trump dans les pages de la publication en ligne. « Le seul clivage qui existe est entre l’establishment de Washington et les républicains de la base à travers le pays . » Or, « lorsque vous attaquez le président Trump, vous attaquez la base républicaine », a-t-il dit.
Tout comme il l’a fait en 2016, Donald Trump devrait chercher une fois de plus à se poser en politicien non conventionnel repartant en guerre contre le pouvoir de Washington qui, selon lui, a causé sa perte en lui volant les élections de novembre. Aucune preuve ne permet toutefois d’appuyer cette affirmation de fraude.
Hasard du calendrier, l’annonce de la candidature de Donald Trump doit être faite au terme de la semaine qui marque l’atteinte du demi-million de décès liés à la COVID-19 aux États-Unis. L’inertie du républicain, tout comme sa négation de la pandémie et des mesures pour s’en protéger, durant sa dernière année au pouvoir, explique en partie l’ampleur des dégâts.
Un parti divisé
Les divisions au sein du Parti républicain s’accentuent entre ceux qui rêvent de tourner la page sur les années Trump et ceux qui comptent toujours sur le milliardaire autoproclamé pour retrouver le pouvoir au Congrès en 2022 et à la Maison-Blanche en 2024. Les élus républicains qui ont osé défier le chef en votant pour ou en appelant à sa destitution sont, depuis plusieurs jours, blâmés par les instances régionales du parti.
Plusieurs dizaines de milliers de membres du parti ont par ailleurs décidé de le quitter dans la foulée de l’insurrection du Capitole, le 6 janvier. À l’appel du président, les partisans de Donald Trump s’étaient alors lancés contre le pouvoir exécutif pour faire dérailler la certification du vote confirmant l’élection de Joe Biden.
Mais l’ex-vedette de la téléréalité reste encore bien en selle à la tête du parti, avec 59 % des républicains qui affirment vouloir Donald Trump comme chef de leur parti en 2024, selon un sondage publié la semaine dernière. Dimanche, un coup de sonde mené par l’Université Suffolk et USA Today a établi que 46 % de ces mêmes républicains seraient prêts à le suivre s’il décidait de lancer un nouveau parti politique. Ce scénario est une hantise pour les dirigeants du Parti républicain, puisqu’il risque de les éloigner définitivement du pouvoir, et ce, pour les décennies à venir.
Par ailleurs, Donald Trump a promis de s’opposer aux élus républicains qui se sont publiquement prononcés contre lui dans les dernières semaines, en leur opposant des candidats de son choix lors des primaires à venir dans plusieurs États en vue des élections de mi-mandat de 2022.