OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau condamne le fait que ses homologues de cinq provinces et un territoire l’accusent de miner l’unité nationale avec son projet de loi de réforme des évaluations environnementales.
«Le fait que des premiers ministres conservateurs soient en train de faire des menaces à l’unité nationale si on ne leur donne pas ce qu’ils veulent est complètement irresponsable», a dit M. Trudeau mardi avant de s’engouffrer dans la Chambre des communes.
Le premier ministre fédéral répondait à une lettre envoyée lundi par ses homologues conservateurs de cinq provinces, soit ceux de l’Alberta, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick.
Ceux-ci, appuyés du premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, somment le gouvernement Trudeau d’accepter les quelque 200 amendements que propose le Sénat au projet de loi C-69, qui réforme le processus d’évaluation environnementale des projets énergétiques.
«Si [ces] amendements ne sont pas respectés, le projet de loi devrait être rejeté puisqu’il représentera des obstacles insurmontables à des projets d’infrastructure majeurs au pays et va miner la création d’emplois et la confiance des investisseurs», écrivent-ils dans leur missive.
Ils demandent aussi au gouvernement de cesser de tenter d’adopter le projet de loi C-48 visant à restreindre la circulation de pétroliers au large du nord de la Colombie-Britannique.
«[Ce dernier] aura des effets néfastes sur l’unité nationale et sur l’économie canadienne dans son ensemble», fait-on valoir.
M. Trudeau a indiqué que son gouvernement avait l’intention de regarder avec attention les amendements proposés par le Sénat à C-69 et allait donner son aval à ceux qui contribuent à l’améliorer.
La ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, a toutefois laissé entendre que plusieurs des changements demandés par les sénateurs font tout le contraire.
«J’ai vu que le parti conservateur d’Andrew Scheer a dit qu’il voulait tuer le projet de loi C-69, que les sénateurs conservateurs ont pris tous leurs amendements de lobbyistes du secteur pétrolier [...] Alors des amendements comme ça, on ne va pas en faire, parce que ça n’améliore pas le projet de loi », a-t-elle lancé.
Parmi les modifications proposées par le Sénat à C-69, certaines limiteraient les possibilités de contester en justice des projets qui ont déjà obtenu le feu vert du fédéral. D’autres feraient en sorte qu’il soit optionnel de considérer les connaissances traditionnelles des peuples autochtones durant l’évaluation d’un projet.
«Nous allons chercher à ce que le gouvernement accepte tous les amendements du Sénat à [C-69 et à C-48]», a signalé la députée conservatrice Lisa Raitt.
Les néodémocrates estiment pour leur part qu’il vaudrait mieux revenir au projet de loi C-69 dans sa forme initiale.