Triage à la frontière: l’Ontario s’estime déjà débordé

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Toronto aussi débordée : personne ne veut accueillir ces migrants illégaux

Le gouvernement fédéral assure qu’il a toujours l’intention d’instaurer un processus de « triage » à Lacolle, afin d’envoyer directement les migrants qui le souhaitent vers l’Ontario. Mais le plan, qui devait commencer à prendre forme ces jours-ci, se fait toujours attendre. Et ce, alors que la Ville de Toronto prévient à son tour que ses propres centres d’hébergement sont déjà presque au maximum de leur capacité.


« On ne peut pas trier les gens pour les faire quitter le Québec sans s’assurer que Toronto est prête et que l’Ontario est prêt », faisait valoir le ministre fédéral de l’Immigration, Ahmed Hussen, vendredi.


Pourtant, des hauts fonctionnaires de son gouvernement avaient prédit, il y a une semaine, que « les éléments de base » d’un système de « triage » à Lacolle seraient « mis en place » ces jours-ci.


« L’objectif est de le faire correctement », a tranché le ministre Hussen vendredi.


À la demande du gouvernement québécois, le fédéral a accepté de mettre en place un processus qui permettra de rediriger aussitôt les migrants qui entrent de façon irrégulière au Canada vers l’Ontario, si c’est dans cette province qu’ils souhaitent refaire leur vie. D’autres se verraient offrir de prendre la route vers des régions du Québec en manque de main-d’oeuvre.


Mais avant même que le gouvernement fédéral ne se mette à rediriger certains migrants, la Ville de Toronto prévenait jeudi qu’elle ne parviendra pas à en accepter davantage elle non plus.


Toronto ne fournit plus


Le maire de la Ville reine, John Tory, réclame un financement supplémentaire du fédéral et du gouvernement ontarien, car le taux d’occupation de ses centres d’hébergement temporaires atteint les 96 %.


« La Ville a pris d’importantes mesures pour augmenter la capacité de notre système d’hébergement au cours des 18 derniers mois, mais nous avons atteint la limite quant à notre capacité de gérer les effets de la réinstallation de migrants », a prévenu le maire Tory.


En 2016, les refuges de Toronto accueillaient en moyenne 459 demandeurs d’asile par nuit (soit environ 11 % de la capacité d’accueil du réseau). Au cours du dernier mois, ce chiffre atteignait 2351 migrants (37,6 % du réseau). Le maire Tory prévoit que, si la tendance se maintient, la facture de cet accueil — qui a quintuplé — atteindra 64,5 millions pour les années 2017 et 2018.


Le fédéral reconnaissait la semaine dernière que l’arrivée irrégulière de migrants — qui entrent au pays en évitant un poste frontalier officiel en traversant par exemple au chemin Roxham au Québec — a plus que doublé au cours des quatre premiers mois de 2018 (6373 entrées) par rapport à la même période en 2017 (2784 arrivées).


Ottawa accusé d’inaction


L’opposition fédérale a reproché de façon unanime au gouvernement de ne pas avoir de solution. Le conservateur Erin O’Toole a déploré un « échec colossal de politique publique ».


Le ministre Hussen cherche maintenant à déménager les migrants en banlieue de Toronto ou ailleurs en Ontario. « C’est un aveu de capitulation. Ça démontre qu’ils n’ont aucune idée de la façon dont ils vont gérer le problème », a accusé M. O’Toole.


Le néodémocrate Matthew Dubé juge « inacceptable » que les libéraux n’aient « pas de plan » et seulement de « belles paroles ». Le député Gabriel Ste-Marie, du Groupe parlementaire québécois, a quant à lui reproché une « nonchalance » au ministre Hussen face à « une crise majeure ».


> La suite sur Le Devoir.



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