BAIE-COMEAU | Pourrait-il y avoir une vague Rambo Gauthier sur toute la Côte-Nord? Oui, selon des dizaines de citoyens rencontrés par Le Journal. Ses partisans le comparent même au syndicaliste bien connu Michel Chartrand.
Le mécontentement est palpable sur la Côte-Nord, que Le Journal a parcourue de Tadoussac à Havre-Saint-Pierre, et la proposition de Bernard Gauthier semble arriver à point pour les citoyens désabusés de la politique provinciale.
Dans la circonscription voisine de Duplessis, René-Lévesque, les gens sont également tannés de l’élite politique et désirent que les choses changent, que «ça brasse». Ils ont été nombreux à avouer qu’ils voteraient eux aussi pour un homme de la trempe de Rambo.
«Dans ma vie, je n’ai jamais sacré autant. J’ai versé des larmes. Quand je vois Couillard et Coderre ensemble, ça me met dans tous mes états», avoue Hélène Leblanc, col blanc à Baie-Comeau.
«Ça va m’embêter parce que [la candidature de Rambo] va diviser le vote. Quelqu’un qui vient me parler de cette manière-là, oui je voterais pour lui. Il n’a pas nécessairement le fini et le langage d’un premier ministre, mais il a de bonnes idées», souligne-t-elle.
« Écœurée »
Mme Leblanc, rencontrée dans son bureau de l’hôtel de ville, dit n’avoir jamais été à ce point écœurée d’un parti qui était au pouvoir à Québec.
Elle n’en peut plus de voir les grands centres toujours l’emporter sur les régions. Elle a perdu confiance et croit qu’une vague Rambo pourrait souffler sur la Côte-Nord.
«J’espère qu’il y en aura un gars comme Rambo qui va se présenter ici», lance-t-elle.
Chaque fois que Le Journal s’est arrêté dans un village et est entré dans un établissement, le nom de Rambo était sur toutes les lèvres. Les opinions sont tranchées, mais partout, il est comparé au célèbre syndicaliste Michel Chartrand.
«Il veut vraiment défendre les droits des travailleurs et les citoyens. Je le compare à Michel Chartrand, mentionne Marie-Ève Paquet, croisée au centre-ville. «Il n’a pas la même galanterie. Mais, il a une grande gueule et il veut défendre les gens. C’est un simple citoyen et son langage est le même que le mien», poursuit-elle.
Certains le trouvent ridicule, d’autres l’admirent
FORESTVILLE | Au Bar Le Blaquière, cinq gars sont attablés avec leur grosse Molson en plein jeudi après-midi.
L’arrivée de Rambo Gauthier en politique suscite de vifs débats depuis le début de la semaine dans la petite ville.
Dans le bar, la plupart sont retraités ou ont été victimes d’accidents de travail. Les carrières sont rudes en région, souligne Cyrille Tremblay dit «le Coq», un débroussailleur de carrière.
«Ce gars-là, il aurait mon vote. Il défend ses convictions. Il va dans la bonne direction», indique l’homme de 62 ans.
Tout juste devant lui, Bernard Foster, 70 ans, a été camionneur toute sa vie et a vu sa région dépérir avec les années en raison de la fermeture des silos à bois. Rambo, pour lui, c’est l’espoir pour «enlever la crasse qu’il y a au gouvernement à l’heure actuelle».
«Ça nous en prendrait un beau paquet comme lui. Ça en prendrait 125, dit-il. Même si son parti n’a pas d’avenir, je voterais pour Rambo. On veut des Rambo à l’Assemblée nationale. C’est un homme honnête, qui est vrai. Ce qu’il dit, il le pense».
Forestville se trouve dans la circonscription «bleue» de René-Lévesque, qui a voté pour le PQ depuis 20 ans. «Les gens disent ici que tu pourrais peindre un cochon en bleu et il serait élu», ricane un homme qui n’a pas voulu être identifié.
« Pas respecté »
Il a un discours différent sur Rambo. Il pense «qu’il n’est pas respecté, qu’il n’a pas de crédibilité, qu’il est ridicule».
La prestation de Bernard Rambo Gauthier lors de la commission Charbonneau a cependant plu énormément aux citoyens de la Côte-Nord. «Les gens ont parlé de lui comme un sauveur», relate l’homme. Ce n’est toutefois pas assez, selon plusieurs. «En réalité, il n’a pas de pouvoir à cause de la CCQ. Tout ce qu’il a, c’est sa façon de parler avec des «esti de caliss» et la commission Charbonneau, ajoute l’homme. Il n’a même pas d’équipe ni de programme.»
Cependant, tous les Forestvillois autour de cette table donnaient raison à Rambo en ce qui a trait aux problèmes que vit la région.
Ils se sentent abandonnés et les villes se vident
BAIE-COMEAU | Les propos de Bernard Gauthier résonnent fort sur la Côte-Nord, où la population se sent abandonnée au profit des grandes villes et finit par s’exiler.
«Il dit que la Côte-Nord est oubliée et il a raison», soutient Mona Brochu, rencontrée à l’hôtel de ville, mais qui hésiterait cependant à voter pour lui. Il n’est peut-être pas le bon véhicule pour passer le message, croit-elle cependant.
La Ville de Baie-Comeau a une économie diversifiée. Mais, après les grands projets des années 1970 qui ont fait croître la population de 7000 habitants à 27 000 habitants, la ville doit se battre chaque jour pour obtenir du gouvernement du Québec et des grandes sociétés d’État des contrats pour les entreprises locales.
«Ça prend des mois seulement pour faire venir deux ministres ici», relate le maire Claude Martel qui a vu sa population régresser sous les 22 000 résidents dans les dernières années.
«Aujourd’hui, les projets se font chez nous, mais on a de la difficulté à faire travailler nos gens», explique le maire. Partout sur la Côte-Nord, les gros entrepreneurs débarquent avec leurs propres employés. C’est contre ça que Rambo Gauthier s’est battu et se bat, disent ses partisans, mais aussi les élus.
Au sud aussi
Une préoccupation qui traverse la Côte-Nord. «Les régions, nous sommes abandonnés. Nous sommes un poids lourd pour les métropoles. Ça sort à vitesse, raconte André Tremblay de Tadoussac, un petit village vivant du tourisme saisonnier. Ils n’ont plus besoin des régions. Elles sont vouées à une mort certaine. On est sur un respirateur artificiel actuellement.»
«Toutes les politiques sont faites en fonction des grandes villes, souligne celui qui est serveur durant la haute saison. Même les gens qui ont des diplômes doivent cumuler trois emplois pour arriver ici».
L’adoption du projet de loi 110 sur le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal a laissé un goût très amer aux résidents de la Côte-Nord.
Selon les Baie-Comois, ce ne sont que Montréal et Québec qui gagnent.
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