Le premier ministre «manque de cœur» en matière d’immigration, plaide la libérale Dominique Anglade. Comme Québec Solidaire, elle croit que le gouvernement de la CAQ cherche à diviser le Québec.
Lors du Conseil général de la CAQ le week-end dernier, le premier ministre, François Legault, a affirmé que le Québec deviendrait «une Louisiane» si le gouvernement fédéral ne lui cède pas tous les pouvoirs en immigration.
Dominique Anglade qualifie cette déclaration «d’exagération éhontée». Elle a mentionné que le premier ministre n’a pas de cœur, surtout lorsqu’il critique la trop grande proportion des immigrants issus du programme de réunification familiale qui ne parle pas le français.
«Il n’y a aucun doute dans ma tête que François Legault manque de cœur quand il parle de ça», a-t-elle déclaré.
Son porte-parole en matière d’immigration, Saul Polo, qui est issu de l’immigration non francophone et qui parle l’espagnol à la maison avec son fils, affirme que le premier ministre cherche à créer un faux débat sur la question de l’immigration.
«Il cherche à mettre en opposition l’immigration contre le fait français, contre la majorité francophone, alors que l’immigration d’aujourd’hui le démontre, qu’elle adopte le français dans l’espace public. Elle participe dans ces institutions en français, elle contribue à l’essor du Québec», a-t-il déclaré. «Au contraire, aujourd’hui, les personnes d’origine immigrante refusent d’accepter de se faire étiqueter comme étant une menace pour le Québec et une menace pour l’avenir du français à l’intérieur du Québec.»
Ghazal Fâchée
La députée solidaire Ruba Ghazal a dit avoir été vraiment fâchée par les propos du premier ministre.
«Je suis vraiment fâchée que le premier ministre François Legault divise les Québécois sur les immigrants. Moi, j’ai immigré ici, au Québec, avec ma famille il y a plus de 30 ans. Et j’ai des petites nouvelles pour François Legault: ma famille et moi, on n’est pas une menace pour la survie du Québec. Et c’est important, pour moi, aujourd’hui, de prendre la parole pour que les jeunes immigrants, les immigrants, leurs enfants entendent un autre discours que celui qui est proféré partout par le premier ministre et qui divise les Québécois», a-t-elle affirmé.
Sa collègue Manon Massé a mentionné «que 90% des Québécois et Québécoises maîtrisent le français» au Québec contrairement à cette région des États-Unis.
«En Louisiane, ils sont rendus une poignée de main. Pourquoi on fait ça? Pourquoi le premier ministre fait ça, sinon que de faire planer une menace qui n’existe pas? Il n’y a pas de crise ici, au Québec. Quand il dit aux immigrants et aux immigrants qu’ils sont une menace, il n’y a pas de crise d’immigration», a-t-elle signalé.
PQ d’accord
Le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a admis du bout de lèvre que la situation au Québec pourrait un jour ressembler à celle de la Louisiane.
«Oui, on est toujours à risque de voir le français reculer de manière irréversible, notamment dans certaines portions de notre territoire. Ça a toujours été la raison d’être du Parti québécois, d’ailleurs, trouver les politiques publiques qui permettent une pérennité de la langue française et de notre culture», a-t-il dit. «Le français recule. Est-ce qu’on est au stade de la Louisiane? Non. Mais le français recule, et c’est lié aux décisions actuelles de la CAQ. Mais ce que François Legault essaie de faire, je le réitère, c’est d’utiliser des superlatifs pour convaincre les gens de l’idée farfelue que quelques députés de plus changeraient quoi que ce soit à Ottawa, et c’est faux.»