Dans une certaine indifférence médiatique, l'Armé syrienne vient de couper la dernière route qui reliait les bases de la rébellion islamiste à Alep. Pour Hadrien Desuin, c'est une victoire stratégique pour le régime de Damas et pour Moscou.
Alep outragé, Alep brisé, Alep martyrisé, mais Alep bientôt libéré? C'est dans l'indifférence générale que l'armée syrienne vient de couper la dernière route qui reliait la rébellion islamiste de ses bases. Pour la première fois depuis le début de l'insurrection, les factions djihadistes qui ceinturent la seconde ville du pays sont prises à leur propre piège. Par un mouvement enveloppant venu du nord, les positions syriennes ont retourné le siège contre leurs assaillants. De geôliers en 2012, les rebelles islamistes se retrouvent aujourd'hui détenus dans leurs quartiers.
Malgré le silence de cathédrale et la clameur du stade qui ont couvert la nouvelle en Europe, c'est un nouveau tournant dans la guerre civile syrienne qui frappe le pays depuis cinq ans. Une victoire tactique mais aussi stratégique. Alep est la seconde ville de Syrie; elle domine tout le nord du pays et rivalisait autrefois avec Damas. Après Homs et Hama, c'est une nouvelle avancée symbolique pour les forces loyalistes. Désormais la Syrie utile, celle qui concentre les 80% de la population du pays est sous contrôle. Progressivement le pays se desserre de l'étau de ce que certains persistent encore à appeler «l'opposition syrienne» mais que même Amnesty international et Le Monde ont fini par appeler «rebelles islamistes». Le dernier rapport de l'association de défense des droits de l'Homme a reconnu un nouveau crime de guerre de cette opposition qui n'a de «modérée» que le nom.
Une victoire de l'armée syrienne qui intervient alors que la Turquie vient de se réconcilier spectaculairement avec la Russie et Israël. Profitant des fêtes de la fin du Ramadan et de l'euro de football, l'armée syrienne appuyée par les kurdes inflige une défaite lourde de conséquences pour les factions djihadistes alliées à Al Qaeda en Syrie (Jabbat Al Nosra) et aux Turcs. Ce revers ne peut qu'encourager, un peu plus, la reprise du dialogue entre Ankara et Damas. Pour la Turquie, il est temps de se rendre à l'évidence: attiser la guerre civile n'a fait qu'accentuer le risque djihadiste dans toute la région.
C'était la stratégie russe depuis le début de son intervention. Frapper symboliquement Daech à Palmyre mais surtout se débarrasser des factions djihadistes du nord appuyés par le Qatar, l'Arabie saoudite à la frontière turque. Il n'y a pas de libération possible de Rakka et Der Ez Zor avant de s'être débarrassé au préalable de la tenaille alépine. Pas de libération possible sans couper la rébellion islamiste de ses bases turques.
Certes la guerre civile syrienne est loin d'être terminée mais, clairement, l'espoir a changé de camp. Il suffit de constater l'absence de réaction occidentale qui, il y a un an à peine, vociférait contre une armée syrienne acculée. Le temps est loin où Laurent Fabius rapportait de ses amis pétromonarques que «le front Al Nosra faisait du bon boulot». Le maintien de Bachar El Assad au pouvoir est une réalité qu'il va falloir prendre en compte dans les années à venir. Après cinq ans d'aveuglement, il est temps de rouvrir notre ambassade à Damas et de renouer avec la politique arabe de la France.
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