Ne bronchez pas devant les dernières attaques contre le projet de loi 21. Les adversaires de la laïcité fourbissent leurs dernières armes devant l’imminence de la fin des débats. Des mots tels « odieux », « indécent », « atteinte aux droits fondamentaux » et « illégitimité » fusent de toutes parts. Et toujours ces accusations sournoises contre les pauvres Québécois, « maltraiteurs » historiques des libertés et sous-développés en matière de démocratie.
Même la clause dérogatoire inscrite dans la constitution que vous vous préparez à utiliser en cas d’obstruction des oppositions réunies du PLQ et de QS vous est reprochée. Des opposants ont déjà donné des mandats à des avocats, qui rêvent de contester l’usage de la clause nonobstant et la loi elle-même devant la Cour suprême. Ils veulent bloquer par la loi une décision politique prise par un gouvernement québécois élu selon les règles de l’art.
Si les tribunaux réussissent à casser la loi sur la laïcité, une approche philosophique plus française qu’anglo-saxonne sur la place de la religion dans l’espace public, il faudra en conclure que le Québec ne peut plus prétendre à s’imposer comme société distincte dans le Canada devenu ce rouleau compresseur multiculturel.
Promesses électorales
Monsieur le Premier Ministre, vous devez tenir en compte les opposants à vos politiques, mais vous devez avant tout rester fidèle à vos promesses électorales qui expliquent l’appui des électeurs qui vous permettent d’être un gouvernement majoritaire et non minoritaire.
Par dépit, vos adversaires minoritaires, mais relativement nombreux sur cette question de la laïcité, rappellent ad nauseam que vous gouvernez avec la plus faible majorité : 37 % des électeurs, et ce, afin de discréditer votre légitimité à gouverner. Ils oublient de mentionner cependant que le Québec n’est plus la société d’antan, divisée selon un bipartisme qui est remis en question, d’ailleurs, partout en Occident. En d’autres termes, un gouvernement ne risque plus de se retrouver au pouvoir avec une majorité de 51 % d’appuis comme ce fut le cas dans le passé.
Inquiétudes
Plusieurs s’inquiètent, Monsieur le Premier Ministre. On craint que vous ne cédiez aux tirs nourris pour vous décrédibiliser. On laisse même flotter l’idée que vos rêves passés de faire sécession sont en train de remonter à la surface de votre nationalisme toujours affirmé. Bref, vous êtes non seulement un fossoyeur de droits fondamentaux, mais aussi un séparatiste sorti du placard.
Des adversaires vous invitent à donner priorité à votre projet de loi sur l’immigration et à reporter à plus tard celui sur la laïcité, car le report de la loi sur l’immigration aurait des conséquences néfastes sur l’emploi et l’économie, selon l’éditorial de La Presse. Ces arguments défendus sur un ton de condescendance en disent long sur la panique qui s’est emparée des défenseurs du Canada de Justin Trudeau, le « bill of right’s friend ».
Monsieur le Premier Ministre, la majorité des Québécois qui vous appuient souhaitent l’adoption de la loi 21 avec ou sans bâillon parlementaire. Les débats sur la laïcité et l’immigration qui déterminent l’avenir du Québec exigent courage et volonté. Voilà pourquoi tant de Québécois espèrent en vous.