Le fils du milliardaire Paul Desmarais Sr a cru à un coup monté quand son oncle a réclamé une somme colossale à la succession de son père, compte tenu de la générosité du défunt, qui glissait des chèques d’un million de dollars sous les assiettes lors de repas de famille.

«Mon oncle m’excusera, mais j’ai pensé qu’il radotait; ma première pensée a été qu’il s’agissait d’un coup monté avec mes cousins», a expliqué à la cour Paul Desmarais Jr, vendredi.

Le témoin, qui est à la tête de Power Corporation avec son frère André, a expliqué n’avoir jamais entendu parler de l’accord verbal que son oncle Louis Desmarais Sr jure avoir passé avec Paul Desmarais Sr il y a 37 ans.

Photo Martin Alarie

Louis Desmarais Sr

«J’avais 60 000 actions de Power Corporation, mon frère est venu me voir et m’a demandé de lui vendre mes parts», avait expliqué Louis Desmarais Sr, qui est maintenant âgé de 93 ans.

Il dit avoir accepté à condition de récupérer les actions, sauf que son frère est décédé en octobre 2013. Il réclame maintenant 75 millions de dollars.

Famille

Selon Paul Desmarais Jr, aucune trace de cet accord allégué n’a été trouvée. Et l’allégation est d’autant plus surprenante que Paul Desmarais Sr faisait tout pour faire plaisir à ses frères et sœurs, selon son fils, qui a donné en exemple un dîner familial où chaque invité a reçu un chèque d’un million de dollars, caché sous les assiettes à table.

«Il était tellement heureux qu’il l’a refait l’année d’après», a expliqué le fils du défunt.

Le frère de Paul Desmarais Jr, André, a de son côté affirmé que son père avait pris soin de penser à tous les détails de sa succession, afin d’éviter tout problème.

Sollicitations

André Desmarais a lui aussi affirmé n’avoir jamais entendu parler de l’accord allégué de 1979, et ce, même s’il était bien au fait des affaires familiales. Et tout comme son frère, il a d’abord cru que ses cousins avaient besoin d’argent. Il n’a pas pu questionner leur père, qui était trop malade.

Photo Ben Pelosse

André Desmarais

On a d’ailleurs appris qu’à cette époque, Paul Desmarais Sr était énormément sollicité pour des dons, au point qu’il avait dû demander de restreindre l’accès à sa personne.

«Les gens venaient de partout, on n’était pas de très bonne humeur, a expliqué Paul Desmarais Jr. Je ne donnerais pas de noms, mais des gens s’essayaient. Il y avait des hôpitaux, des universités. Ils sentaient que mon père allait mourir et voulaient leur part d’argent.»

Le procès, devant la juge Francine Nantel, se poursuit lundi avec les plaidoiries des avocats.

Ce que Paul Desmarais Jr a dit

«Si c’est une promesse, je n’ai aucun problème à l’honorer, mais il faut que ça tienne debout. Nous avons honoré toutes les dettes autour de mon père, après sa mort.»

«60 000 actions [de Power Corporation], c’est comme un seau d’eau dans le lac Memphrémagog.»

«J’ai eu un réflexe de me demander si mes cousins voulaient de l’argent, j’avais entendu dire que des cousins avaient des manquements financiers.»

Ce qu’André Desmarais a dit

«Je me suis dit que Louis Jr [Le fils de Louis Desmarais Sr] devait encore être dans le trouble. Il avait des problèmes d’argent, et mon père l’avait aidé.»

«[Toute la succession] était bien définie, mon père voulait qu’on soit au courant de tout, il ne voulait pas de surprises qui puissent créer des problèmes.»

«[Paul Desmarais Sr] voulait une famille unie, égale et heureuse.»