Le projet de loi 96 reprend sa place dans l’actualité. La Commission scolaire English-Montréal vient de lancer une salve qui a déjà des échos dans la campagne électorale fédérale. Cela s’est fait sur un ton qui contraste avec celui qu'a employé le Collège Dawson, qui a choisi la manière douce mais a néanmoins laissé poindre un certain triomphalisme contenu.
La directrice du plus gros cégep du Québec y est allée d’une intervention médiatique pour continuer de faire pression sur le gouvernement du Québec en affirmant que le dossier de l’agrandissement suivait son cours. C’est un bon vieux truc: montrer de l’assurance, affirmer que les choses se déroulent normalement. Ainsi, l’octroi de 100 millions de dollars pour donner au plus gros cégep du Québec les moyens de rester le plus gros cégep serait une chose pour ainsi dire acquise.
Des instruments d’anglicisation
Se montrant magnanime devant la valse-hésitation de la ministre McCann, la direction de Dawson s’efforce de présenter son indécente demande sous le jour de la compassion. Le cégep ne veut pas grossir, il ne veut pas accroître sa position dominante: il veut 100 millions pour améliorer le confort de ses étudiants. Il est victime de son succès, au fond. Il attire. Mais il attire des gens qui ne devraient pas s’y trouver. Comme les autres cégeps anglophones, il est fréquenté en majorité par des allophones et des francophones qui s’y bousculent pour s’affranchir d’un parcours de formation en français. Ces cégeps ne sont plus – et depuis longtemps – des institutions pour desservir la minorité. Ce sont des instruments d’anglicisation que les fonds publics soutiennent pour permettre à des individus de passer plus aisément à l’anglosphère. Qu’ils le fassent s’ils veulent tourner le dos au Québec français, c’est une chose, mais qu’ils le fassent aux frais des contribuables, cela tient de la bêtise.
Étendre la loi au réseau collégial
Il faut étendre au réseau collégial l’application de la loi 96. Le cégep en anglais ne doit être réservé qu’aux ayants droit tels que la loi les définit. Les autres, il faut les obliger à assumer à leurs frais le choix de poursuivre des études collégiales en anglais. Et ce choix ne saurait être soutenu en aucune manière par un accroissement des places disponibles, financées ou pas par le gouvernement du Québec. Le cégep, ce n’est pas le commerce de l’anglicisation. Et surtout pas au prix du déclassement de la formation en français.
Dans l’état actuel des choses, le réseau collégial est déjà dualisé, il fonctionne d’ores et déjà à deux vitesses. Cent millions pour Dawson alors que les cégeps régionaux crient famine? Et François Legault leur consacrera le privilège de crier en français? Peut-être aura-t-il la magnanimité de lancer quelques millions à Matane, Baie-Comeau ou Alma, histoire de mettre un peu de baume sur la résignation.
Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à étudier le projet de loi 96, il est important de faire valoir que la promotion du français passe d’abord et avant tout par des infrastructures fortes. Sans une modification de l’architecture institutionnelle, il n’y aura pas d’avenir pour un français fort. Les gestes symboliques ne serviront qu’à faire du français une langue de provinciaux bavant d’envie devant les splendeurs anglaises financées par leurs impôts.
Dawson ne pourra se pavaner que parce que le gouvernement lui déroulera le tapis rouge.
– Robert Laplante, directeur, L’Action nationale
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