Singh demande un peu de patience

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Difficile pour un fondamentaliste sikh de représenter le Québec

Piètres résultats aux récentes élections partielles, sondages favorables à Justin Trudeau au Québec, popularité des mouvements sceptiques face à l’immigration... Les défis du nouveau chef du NPD, Jagmeet Singh, ont été nombreux en 2017. Par contre, l’élection de la mairesse de Montréal Valérie Plante reste pour lui un signe que sa vision, encore inconnue du public de son propre aveu, est aussi celle du Québec.


Dans quel état était le NPD quand vous l’avez repris, cet automne ?


C’était très clair qu’après 2015, ce n’était pas le bon esprit pour le NPD, parce qu’on a perdu beaucoup de députés. Aussi, après le congrès en Alberta [où les délégués ont montré la porte à Thomas Mulcair, NDLR], la situation était encore pire parce qu’on a perdu notre chef. Les collectes de fonds, les dons politiques, devenaient plus difficiles à obtenir. Comme j’ai dit pendant la course à la direction, il fallait rebâtir le parti. En même temps, nous avons tout de même 44 députés et beaucoup de bénévoles.


Quelle est la « nouvelle direction » du NPD sous Jagmeet Singh ?


Je veux inspirer les gens avec les idées. Je veux montrer que je suis quelqu’un qui comprend la réalité de beaucoup de Canadiens et Canadiennes. Je suis quelqu’un qui a fait face à des discriminations, qui a fait face à des difficultés économiques dans ma vie. Quand je parle des problèmes qui existent dans notre société, c’est avec une vraie empathie, parce que j’ai vécu un peu les mêmes choses. Je comprends la réalité des Canadiens de manière plus réelle que le premier ministre. On va continuer de mettre de la pression sur des dossiers comme les paradis fiscaux, les échappatoires fiscales ou les inégalités auxquelles le gouvernement n’est pas prêt à s’attaquer.


En ce moment, la Coalition avenir Québec semble mener les sondages au Québec. Redoutez-vous une montée de la droite ?


Oui, il y a une augmentation des politiques conservatrices et qui divisent. Il faut comprendre que c’est une réalité qui existe à travers le monde. On a vu ça aux États-Unis, on a vu ça en Angleterre avec Brexit. En même temps, je sais qu’il y a un sentiment d’aider nos voisins, un sentiment progressiste, dans le cœur des Canadiens et Canadiennes, et encore plus dans l’esprit québécois. On a vu avec l’élection de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, que le Québec est une nation progressiste.


Craignez-vous que Justin Trudeau se fasse plutôt déloger par la droite, par les conservateurs ?


Oui, ça me préoccupe, c’est une des raisons pour lesquelles je me suis présenté, pour donner une option. Quand quelqu’un me voit, il peut penser que je divise avec mon identité. Mais chaque chose que je propose, c’est sur la base de valeurs qui vont unifier les gens. Pour bâtir un meilleur pays, une meilleure société, il faut comprendre qu’on est tous ensemble. Nous avons des différences, et oui, on peut célébrer le fait qu’on soit tous uniques, mais en même temps il y a une expérience connectée.


Sentez-vous qu’il existe un discours sceptique face à l’immigration, notamment avec l’afflux de réfugiés de cette année ?


Sans doute, mais on a besoin d’immigration. Pas seulement pour la richesse de notre culture canadienne, mais pour notre économie. On ne peut pas faire avancer l’économie sans immigration. Quand on propose des politiques d’accueil des nouveaux Canadiens, immigrants ou réfugiés, ce n’est pas qu’une question de justice sociale. C’est aussi une décision économique. Il faut promouvoir les deux, pour répondre une fois pour de bon à cette question : c’est une bonne chose l’immigration.


Que pensez-vous de la gauche québécoise de Québec solidaire, qui parle plus d’indépendance depuis sa fusion avec Option nationale ?


Moi, je veux que le Canada reste ensemble. Mais aussi, je respecte les droits de la personne, comme celui de demander la souveraineté. Québec solidaire est un parti progressiste, et je préférerais que la souveraineté soit mise de côté pour cibler plus d’autres enjeux comme stratégie pour être élu. Il y a beaucoup de gens qui sont progressistes et pas souverainistes, et c’est important de retenir ces gens. Mais ce n’est pas à moi de choisir, c’est leur décision. Moi je suis fédéraliste et j’aimerais voir un gouvernement progressiste au Québec.


Qu’advient-il du NPD-Québec ?


Pour les fédéralistes, il n’y a pas qu’une option — et c’est la droite, ou le centre droit : le PLQ [de son point de vue, la CAQ est trop ambiguë sur la question, NDLR]. Ils ne sont pas progressistes. Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ? Je ne sais pas. Je pense que maintenant, la seule option qu’ont les progressistes, c’est Québec solidaire. C’est la réalité. Je ne peux pas dire maintenant s’il y aura un NPD-Québec.